On a lu : Citroën C4/C6 de mon père

Premier constructeur européen dans les années 1920, André Citroën lance au Salon de l’Automobile 1928 deux modèles radicalement nouveaux, les C4 et les C6. En ces temps d’années folles, alors que les ravages de la Grande Dépression sont encore loin, Citroën impressionne et illumine les regards des curieux, à l’image de son nom, qui s’éclaire en très grand sur la Tour Eiffel, que e constructeur du Quai de Javel a en quelque sorte « privatisé » depuis 1925 afin d’y faire une opération publicitaire incroyable !

Citroën l’ambitieuse

D’abord connues sous le nom de AC4 et AC, ces voitures tranchent totalement avec les Citroën antérieures B12/B14 axuquelles elles succèdent : modernisées dans leur silhouette, sûres, rapides, élégantes, plus grandes, plus confortables et plus basses, avec une meilleure tenue de route. La puissance du moteur est accrue de 40 % à 3 000 tr/min, pour une vitesse maximum de plus de 90 km/h. La version Citroën C6 est motorisée par un 6 cylindres Citroën de 2,4 litres pour 45 chevaux, donnant plus de 100 km/h de vitesse de pointe, pour concurrencer le marché haut de gamme de l’époque, notamment des Delage, Delahaye, Talbot, Hotchkiss, et la concurrence américaine .Ce sont les premières automobiles Citroën résolument modernes.

Régulièrement améliorées, les C4 et C6 se maintiendront cinq années durant à la tête de la construction française grâce à leurs qualités intrinsèques. Une publicité appuyée, un réseau sûr, fidèle et motivé, de gros efforts « coup de poing », une percée à l’exportation, de superbes victoires à Montlhéry, feront des C4 et C6 des mythes à leur époque. Aujourd’hui, les collectionneurs les recherchent activement et les préservent avec amour. Elles sont les bien-aimées « caisses carrées » à propulsion de la marque. La C4 fut aussi déclinée et fabriquée en version militaire Citroën Kégresse et Citroen-Kégresse P14, P17 et P19 pour le raid motorisé d’André Citroën de la Croisière jaune (entre avril 1931 et mars 1932), et pour la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) comme tracteur d’artillerie, .

A travers l’évocation de ces C4 et C6 à la carrière courte, nous replongeons dans une époque. En 1931, André Citroën est présent à l’inauguration de l’exposition coloniale de Paris, où se trouve le pavillon des Expéditions de la marque. La marque inaugure aussi son immense Palais des expositions Citroën situé place de l’Europe à Paris (300 voitures dans la concession !), où l’on pourra admirer la CGL, la Citroën Grand Luxe, qui est une C6F avec un moteur spécifique un peu plus performant et une finition très luxueuse. Ce sera un échec commercial, mais un révélateur des ambitions des chevrons.

A travers les nombreuses images d’archives, photographies d’époque des concessions, des salons, les affiches et autres encart publicitaires, ce livre nous replonge donc dans une époque incroyable de la France et de l’automobile française, et bien entendu de Citroën qui rêvait encore de défier les géants américains. Alors que beaucoup s’interrogent aujourd’hui sur le positionnement de la marque, son avenir, sa perte d’identité, ces documents d’archives regorgent de pépites, comme les jouets C4/C6, la C6F unique au monde réalisée pour le Pape Pie XI avec tous les éléments nickelés remplacés par du vermeil, ou encore des photos de prototypes testant des suspensions avant indépendantes calquées sur le modèle Lancia.

Les Auteurs :

Grand passionné de 2 CV et plus généralement de la marque Citroën, Fabien Sabatès a été rédacteur en chef des magazines Citropolis et Planète 2 CV, deux revues consacrées aux Citroën anciennes.

Wouter Jansen est l’un des meilleurs spécialistes internationaux de Citroën. Il a publié seul ou avec Fabien Sabatès des dizaines d’ouvrages sur leur marque favorite, traduits dans plusieurs langues.

 

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