Si le blog auto avait un grand père spirituel, ce ne pourrait être que « Mémoire des Stands« . Un site au parfum bien particulier…
Une partie d’entre vous connaît déjà cet incontournable, alors je madresserai aux autres lecteurs, car défendre les nombreuses qualités de ce sanctuaire est inutile devant un public déjà conquis. Vos commentaires en attesteront, du moins je l’espère.
« Mémoire des Stands »
Voilà un blog qui prend le temps de nous ramener plusieurs années en arrière, à une époque où la légende du sport automobile s’écrivait encore. Tous les grands noms (Hill, Cevert, Arnoux, Ickx pour les pilotes – Dijon-Prenois, BrandsHatch ou Zolder pour les circuits) sont présents sur cette piste réservée pour l’histoire.
En ces temps-là, le sport auto c’était bien plus qu’un partage entre 2 catégories. Les pilotes (des héros) étaient aussi intrépides qu’inconscients (du moins le croit-on). Ils tournaient en endurance, en monoplace et passaient de 2 à 4 roues d’une semaine à l’autre. Les voitures (là encore, il en fallait) alliaient brutalité, puissance et artisanat.
Et les courses, rien à voir avec ce l’on nous montre aujourd’hui à la télé. Des bagarres mémorables entre pilotes que l’on se repasse encore aujourd’hui. Et une ambiance, une vraie, qui mêlait acteurs et spectateurs dans une grande fête. La médiatisation et largent navaient pas encore corrompu ce milieu si particulier. Aujourd’hui, tout cela peut sembler loin.
Mais grâce à Mémoire des Stands, Patrice Vatan nous fait vivre (ou revivre) ces moments oubliés de tous. Souvenirs de bords de pistes, souvenirs de pilotes ou mémoire de stands, les points de vue varient en fonction du narrateur. Les textes sont clairs et agréables à lire, et les photos d’époque nous déconnectent quelques minutes du temps présent. Une belle expérience.
Discussion avec le maître des lieux:
Patrice Vatan, bonjour. On a l’impression que vous avez grandi dans un camion atelier entre 2 piles de pneus. D’où vous viennent votre passion et vos connaissances?
Je prends comme un compliment votre vision de mes origines Si cest le sentiment qui se dégage à la lecture du blog, on peut dire que le pari est gagné. La naissance de ma passion est plus prosaïque.
Elle est liée à une voiture que mon beau-père a possédée dans les années 60, une Jaguar MK 10, grosse berline qui a donné naissance ensuite à la XJ 6. Merveilleuse machine toute de bois des îles et de cuir rare avec deux gros compteurs qui sanimaient quand mon beau-père appuyait sur le champignon. Lun des deux sappelait compte-tours et jai cru longtemps quil servait à compter les tours sur un circuit.
Ma passion est née de ça. Ensuite jai acheté Sport Auto et cette passion est devenue réelle, elle sest construite sur des hommes, des lieux, des moments, des exploits.
Votre passion a-t-elle suivie l’évolution du sport auto? Aimez-vous les courses modernes autant que vous aimez celles du passé?
Non. Mon intérêt sest tari à partir du jour où jai arrêté daller voir des courses, cest à dire au début des années 80. Je sortais dune période très intense de 10 ans de crapahutage autour du monde, allant de course en course, plutôt de Grand Prix en Grand Prix (on men fait dailleurs souvent le reproche, car je néglige les Sport, GT et tourisme sur MdS), avec une bande de copains qui sest constituée au gré des événements. Une vingtaine de déplacements annuels.
Puis une certaine lassitude est venue, née en partie de la difficulté toujours plus grande, au début des années 80, dentrer sur les circuits, non seulement sans payer premier élément de confort mais aussi et surtout, dentrer au paddock et de passer sur la piste, chose que nous faisions à 95% des cas. Sensuivit alors un long tunnel de 20 ans avant larrivée du Net.
Passons à « Mémoire des Stands ». Est-ce d’abord un projet uniquement né pour le net? Y a-t-il un club, un forum ou une association derrière tout cela? Des projets en cours peut-être pour transposer « Mémoire des Stands » dans la vraie vie?
Oui, comme je lesquissais à la fin de la question précédente, le Net a réveillé en moi tous ces souvenirs lorsque jai pris conscience de la puissance de cet outil, tous ces sites où lautomobile soffrait à moi, nuit et jour, 24 H sur 24 H, sans quil faille attendre un mois votre magazine préféré. La passion sest lentement réveillée, comme une seconde naissance.
Après un essai avec un blog généraliste où je parlais de temps en temps dauto, jai franchi le pas dun blog spécialisé en février 2005, un soir à Rétromobile dans la brasserie Dupont, celle-là même où Amédée Gordini tapait le carton. Avec le Pr. Reimsparing, la caution historique de MdS, nous nous amusâmes à combiner le mieux possible les termes « mémoire » et stands » que je voulais comme éléments de titre du blog.
Puis, comme vous lavez peut-être noté, une communauté sest formée autour de ça, une communauté dauteurs et une de lecteurs, des communautés impliquées à divers niveaux, qui senrichissent de jour en jour. Ceci est laspect le plus rémunérateur, le plus riche socialement. Pour un blogueur, voir arriver un commentaire est son salaire.
D’où provient cette base de connaissances qui alimente « Mémoire des Stands »? Vous, des amis, des lecteurs???
La connaissance exprimée sur Mémoire des Stands est le fait de lensemble de la communauté. Cest une sorte de culture collective, comme sur Wikipédia, même si je parais présomptueux en citant cette référence. Vous dites une connerie, elle sera rectifiée dans la demi-journée, parfois moins sil sagit dun numéro de châssis (rires).
Aura-t-on un jour la chance de voir reproduit en librairie l’ensemble de vos articles?
Javoue que ce nest pas une chose à laquelle je pense puisque ces textes existent déjà librement. Par contre pourquoi pas un projet éditorial nouveau ?
Patrice Vatan, merci de vous être prêté au jeu et bonne chance pour le futur du passé du sport auto.