Le film du samedi : Race 2

Amours, trahisons et braquages (avec course-poursuites) en Audi, à la sauce Bollywood. C’est le cocktail détonnant de Race 2.

En 2008, Abbas Alibhai Burmawalla et Mastan Alibhai Burmawalla tournent Race. En 2011, ils ont l’idée d’une suite. Au fil des mois, l’idée prend corps et les principaux acteurs sont d’accord pour replonger. Il est décidé de tourner en Turquie (pour faire « occidental ».) Les deux frères ont une enveloppe de 7,2 millions d’euros (un beau budget à l’échelle de Bollywood.) Le seul souci, c’est qu’ils ont juste un titre, sans scénario ! Shiraz Ahmed, habitué de l’écriture au kilomètre, est chargé de remédier à cela. Au final, le tournage, reporté plusieurs fois, ne débute que fin 2012. Ahmed aurait eu le temps de davantage fignoler le boulot…

Petite parenthèse : le mot « Bollywood » est souvent utilisé à mauvais escient ; le cinéma indien possède de nombreuses variante régionales, bien au-delà des faubourgs de Bombay. Néanmoins, ici, c’est bien un film tourné en Hindi. Donc le terme « Bollywood » est approprié.

En fait, le lien avec Race est ténu ; l’histoire n’a rien à voir. D’ailleurs, il n’est plus questions de courses hippiques (la « race » du premier opus.) Ranveer Singh (Saif Ali Kahn) est un homme d’affaire sans pitié, qui veut venger sa femme (morte dans le « 1 ».) Son plan consiste à utiliser ses rivaux pour qu’ils se ruinent mutuellement. Il les appâte avec des braquages d’objets inestimables (des plaques d’impression de billets, le saint suaire…) Mais on complote contre lui. Il emprunte une Lamborghini qui manque de lui exploser à la figure. La fin vire au n’importe quoi avec une succession de trahisons, de retournements de situations et de manipulations de manipulateurs…

Au premier degré, le spectateur occidental ne peut qu’hurler. Comme souvent dans le sous-continent indien, le film s’étire en longueur, même s’il ne fait « que » 146 minutes. Les Italiens pleureront lorsque la réalisation veut nous faire passer Ankara pour Turin. L’action démarre lentement. Il y a des sous-intrigues et des sous-sous-intrigues qui polluent l’action principale. Sans oublier le meublage tout azimut, avec des scènes qui n’apportent rien, comme lorsque Ranveer fait du tir à l’arc avec la copine d’un rival pour la séduire (alors qu’ensuite, il séduira la propriétaire de la Lamborghini.)

La seule vraie nouveauté, c’est que le héros est loin des canons bollywoodien. Ranveer n’est pas le gentil au cœur pur ; c’est un manipulateur égoïste et sans aucun scrupule.

Au second degré, c’est hilarant! Il faut avoir vu au moins un film indien dans sa vie ! Les acteurs surjouent (à nous faire passer notre Louis de Funès national pour un timide.) La réalisation en fait des tonnes. Au début du film, Ranveer est tellement en colère qu’il brise des vitres à distances ! Dés qu’un personnage masculin entre dans un endroit, sa chemise s’ouvre et vole au vent (même en intérieur.)  Et lorsqu’une femme se retourne, ses longs cheveux flottent au vent, au ralenti. Quant aux figurants turcs et chypriotes, ils ont l’air un peu perdus. La continuité ? Certaines scènes ont été tournées à Chypre et d’un seul coup, les voitures roulent à gauche ! Une 206 percute un obstacle (à l’avant) et un feu se déclare à l’arrière ! Plus généralement, le budget est misérable… Et la production nous fait des effets spéciaux dignes de Ed Wood, telle cette « Lamborghini » explosant :

A propos de voitures, on remarque que tous les protagonistes roulent en Audi (A8L, A4, TT, Q7, R8 Spyder…) Ce n’est pas un hasard : Audi India sponsorise « discrètement » le film. Cela faisait parti de sa campagne « Bollywood loves Audi » de placement-produit tout azimut. D’ailleurs, on retrouvera le casting de Race 2 pour la présentation indienne de la R8 :

A l’arrivée, c’est un carton dans le sous-continent indien. Il fait même mieux que Race.

Notez qu’à la fin, les personnages principaux sous-entendent qu’ils se reverront. D’ici à ce qu’il y ait un Race 3

Bonus : le film a eu droit à un jeu vidéo, sous Android. Une fois passé les écrans d’accueil, point d’Audi ou de Turquie : c’est un simili-jeu de Nascar !

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