Le film du samedi : Fast Girl

Des films évoquant des pilotes, il y en a plein. Mais quid des films mettant en scène des femmes pilotes ? L’originalité de Fast Girl, c’est d’avoir un personnage central féminin. Malheureusement, ensuite, il enfile les clichés.

Popart Film Factory

Une « bonne » série B, c’est d’abord un producteur peu scrupuleux. Daniel Zirilli est l’homme de la situation. Il est l’homme-orchestre de la Popart Film Factory. Sous ce sigle warholien se cache une usine à direct-to-video. Zirilli se vante d’avoir lui-même dirigé 250 clips (!) Avec une grosse proportion de travaux pour le hip-hop avec artistes torse-nu et guns. Sa vidéo la plus connue fut néanmoins Short dick men de Gillette/20 fingers. Apparemment, les clips servent à financer ses long-métrages, avec un goût certains pour les films de bastons. Entre deux projets virilistes, il réaliste, scénarise et produit Fast Girl, en 2008.

La 2ème étape de la série B, c’est un casting plaqué or. En l’occurrence Mircea Monroe et Justin Guarini. Le principal rôle de Monroe, ce sera Tatiana, la femme-enceinte nymphomane d’Echange standard (1 minute à l’écran), en 2010. Quant à Guarini, il est le fils du cousin germain de l’épouse de Samuel L. Jackson (NDLA : ça ne s’invente pas.) On peut soupçonner qu’avec son titre en « fast », il voulait le fourguer comme un clone de Fast&Furious au marché du cinéma de Cannes.

Fast scénario

Le but de Zirilli, c’est de faire vite et pas cher. Donc, il ne cherche pas à fignoler ses scenarii.

Alex Johnstone (Monroe) est la fifille de Bill Johnstone, un pilote super connu. Alors qu’elle l’accompagne à Willow Springs, Johnstone père se tue en course. Les années passent et Alex est devenue une modeste serveuse dans un village perdu. Suite à la mort de son père, elle a une phobie des voitures. Pour vaincre sa phobie, elle se rend à Willow Springs et y conduit des voitures. Une fois sa phobie vaincue, elle doit ensuite convaincre son oncle. Patron du circuit, il juge les femmes inaptes au pilotage. Elle rencontre Darryl (Guarini), un jeune pilote. Il n’est pas là par hasard : l’écurie Flying Lizard vient à Willow Springs, où il va organiser un « volant »…

Bref, une fable gentiment féministe, sans gros mots, ni nudité. Au moins, ça plaira aux enfants qui s’intéressent à la course. Les adultes, eux, s’ennuieront, car c’est un enchainement de clichés. Les temps-morts portent bien leurs noms. On sent que Zirilli n’est pas à l’aise avec les dialogues et les personnages. Le seul point qu’il effleure, c’est qu’Alex veut avant tout quitter son village. Lorsqu’elle voit arriver une nouvelle tête, qui plus est en 911, elle lui saute au cou avant de lui demander qu’il fait dans la vie… La spécialité du producteur/réalisateur, c’est plutôt les séquences clipées. Hélas, avec un budget de 2 millions de dollars (1,5 millions d’euros), pas de miracles. Ni côté technique, ni côté figurants. La scène de « course » au début avec 3 voitures (1 pseudo-935 encadrée par 2 pseudos-Mustang Shelby) ou le « volant » et ses 3 candidats sont dignes de Zola.

Notez que la blonde Monroe s’est exceptionnellement teint en rousse. Ce qui lui donne de faux-airs d’Alice Powell (qui débutera sa carrière bien après le film.)

Willow Springs

C’est un peu le troisième personnage du film. Willow Springs est un circuit californien ouvert dans les années 50. C’est donc l’un des plus anciens « routiers » encore en activité. Qui plus est, il a peu évolué depuis. C’était là qu’au début des années 80, Renault F1 avait testé « discrètement » des Goodyear (en lieu et place de ses Michelin.) C’est aussi là que les animateurs de Top Gear se sont fait pourchasser par des avions. Ce que Zirilli en a vu, c’est qu’il n’est pas trop loin des bureaux de Popart Film Factory, peu utilisé (donc facile à réserver pour une journée) et pas trop cher. D’où un grands nombre de plans où l’héroïne lime le bitume de Willow Springs.

Par contre, pour les scènes avec le Flying Lizard, il déménage à Sonoma (fief de l’équipe.) Les monoplaces sont des Star Mazda (devenues depuis Pro Mazda.)

Pour info, Maryeve Dufault (vue plus tard en Nascar) double Monroe pour les scènes de pilotage. La Québecoise effacera ensuite cette participation de son CV (ainsi qu’un titre de miss Hawaïan Tropic 2000.) Même amnésie chez Flying Lizard…

Fast Girl sort en janvier 2008, en DVD. Ce n’est pas un gros succès. Zirilli retourna ensuite aux films de baston. Notez qu’il a actuellement trois (!) films en post-production.

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