Histoire incroyable que celle d’un journaliste de Motorsport.com : on lui a remis la transcription d’un dialogue à Mexico entre Montoya, Ganassi (son patron) et Sabates (son chef-mécano.) Le manuscrit était caché dans un pot de mayonnaise vide (sachez que les pots US font un bon kilo)!
Rappel des fairs: dans la cadre d’une course de Busch Series (D2 du Nascar), Montoya envoie valser le leader Scott Pruett (qui est pourtant son équipier) et remporte sa première victoire.
Chip Ganassi, patron du team: « Juan, t’avais quoi dans le citron quand tu as viré Scott (Pruett) au virage N°1? »
Juan-Pablo Montoya: « Chip, je pensais que j’étais plus rapide que lui, donc Scott devrait faire gaffe pour que je le double. »
Ganassi: « OK, t’avais peut-être une voiture plus rapide, mais c’est ton équipier! »
Montoya: « Ecoute Chip, tous les gars de la Nextel Cup doivent savoir que j’enverrais dehors n’importe qui pour gagner une course. C’est le meilleur façon d’les mettre au courant. J’veux dire, ces gars connaissent rien à la F1. Alors comment ils sauraient que j’ai viré Nico Rosberg à Montreal, puis mon équipier, Kimi Raikkonen, à Indianapolis, durant mes deux dernières courses chez McLaren? »
Ganassi: « Envoyer valser ton équipier, pour passer devant, à 8 tours de la fin, quand tu as des pneus neufs ne va faire peur à personne de la Nextel Cup. De plus, ils doublaient Pruett presque tous les week-ends, du temps où il roulait pour Cal Wells, alors comment est-ce que c’est censer impressionner un pilote de la Nextel Cup? »
Felix Sabates, chef-mécanicien (en espagnol): « Ils vont penser que t’es un fils de chien au cerveau plat qui court après les voitures pour mordre leurs pneus. »
Montoya (en espagnol): « Ecoute, Felix, tu sais qu’un Latino dingue, bouffeur de tortillas, va partir en live au milieu de ces bons vieux blanc-becs. Ils ne savent pas ce qui les attend. J’ai gagné mes premières 24 heures de Daytona, j’ai envoyé valser mon équipier pour gagner ma première course « routière » de Nascar. Ils vont être impressionnés. Demande à Michael Andretti. »
Ganassi: « Michael Andretti? J’ai entendu que vous parliez de lui. Peut-être qu’Andretti méritait d’être envoyé dans le mur aux essais libres de Motegi, lorsque t’étais débutant en CART, surtout que vous n’étiez pas équipier. Mais vous étiez à 300 à l’heure! Vous étiez des dingues! »
Montoya: « Ouais, et bien ça va impressionner les gars de la Nascar quand cette histoire va se répandre après ce qu’il s’est passé aujourd’hui. Peut-être aussi qu’ils entendront celles où t’as pris le cigare que Carl Haas (NDLA: alors co-patron d’Andretti en Cart) avait dans la bouche et l’a jeté par terre quand vous vous êtes expliqué. »
Sabates: « Chip, t’as vraiment fait ça? Elle est bien bonne. »
Ganassi: « Juan, qu’est-ce que je dis à Scott? »
Montoya (en espagnol): « Dis lui de regarder dans ses rétros. »
Sabates (en espagnol): « Elle est bien bonne. »
Ganassi: « Juan, en guise d’amende, je donne ta prime à Pruett et ses mécanos. Peut-être qu’ensuite tu vas prendre ça au sérieux. »
Montoya: « C’est une blague? T’as vu la recette de mes produits derivés pendant ce week-end? Y’en avait pour deux fois la prime du vainqueur. Pourquoi tu crois qu’ils vont changer de sponsor pour cette petite Busch series de radins? »
Sabates: « Ouais, ces gars de la Nascar ont toujours été radins. »
Ganassi: « Felix, t’es dans quel camp là? »
Sabates: « Hé Chip. je viens d’avoir une super idée de marketing. On devrait peut-être rebaptiser l’équipe « Felix Sabates Racing with Juan Pablo Montoya ». On vendrait des tonnes de produits derivés en Amerique Latine et aux USA aussi. On fera notre pub sur ESPN Deportes. »
Ganassi: « Felix, je te préviens. Déconne pas avec ces histoires de noms. Haas avait 30 ans de plus et ça ne m’a pas retenu. »
Sabates (en espagnol): « Il a réellement jeté le cigare de Carl par terre? »
Montoya (en espagnol): « Et il a sauté dessus à pieds joints. »
Sabates: « Elle est bien bonne, Chip. »
Ganassi: « Les gars, on en a parlé ad infinitum avant la course. Y’a qu’une rêgle: ne bousillez pas votre équipier! »
Montoya: « Chip, ça veut dire quoi « ade infinitoume »? »
Ganassi: « C’est ce que je vais rajouter à ton amende pour avoir gagné la course, si tu ne t’excuses pour être rentré dans Pruett. »
Montoya: « Ok, ok. Je suis désolé d’être plus rapide que mon équipier. »
Sabates: « Elle est bien bonne. »
Ganassi: « Faites moi une réécriture au centre de relations public. Dites leurs que Montoya s’est entièrement excusé. N’oubliez pas d’ajouter que Felix Sabates a fêté sa victoire avec un cigare, que je le lui ai pris de sa bouche et l’ai jeté par terre. »
Sabates: « Et marché dessus à pieds joints. »
Ganassi: « Ouais. Et n’oubliez pas de rajouter que Juan roulait à plus de 300 quand il a heurté Pruett. Bon, quelqu’un peut aller me chercher un cigare? »
Voici un beau morceau de « off ». On voit que Montoya s’aime toujours autant.
Conclusion: le prochain manuscrit que j’envoie à Gallimard, je l’envoie dans un grand pot de mayonnaise (vide), peut-être que du coup, ils le liront avant de le refuser…
Source (et texte en V.O.):