24 Heures du Mans 2016 : Interview de Tristan Gommendy, en pointe au sein d’EurasiaMotorsport

Après son engagement un peu surprise dans cette écurie lointaine l’Eurasia Racing, nous avons plaisir à retrouver notre compatriote tourangeau sur le circuit du Mans lors de la journée test.

LBA : Alors Tristan on te retrouve au Mans mais tu ne disputes plus le WEC, comment  cette saison s’est-elle lancée pour toi ?

Tristan Gommendy : « Le team Eurasia m’avait demandé en 2015 de faire Fuji avec eux en Asian Le MansSeries. La course et la collaboration se sont bien passées et l’on a décidé de poursuivre ensemble. Ensuite ils ont choisi de faire l’European Le Mans Series et m’ont demandé si je voulais rouler avec eux. Il n’y a pas eu de souci avec ça. Techniquement, je me suis assuré qu’ils avaient les compétences pour régler l’auto grâce à l’ingénieur qui était chez KCMG l’an dernier. Le tandem de pilotes déjà retenu, Kevin Jun Jin et Nick de Bruijn me convenait également alors j’ai dit oui.

Après il y a eu la livraison tardive et pas mal de choses somme toute banales mais pénalisantes sportivement. On ne roule pas au prologue. On arrive à Silverstone avec seulement une quarantaine de tours  sur le circuit avant la course.  En performance pure on était dans le match. Après en course on prend un débris  qui coupe l’alimentation générale de la voiture.

Ensuite nous sommes à Imola sur ce circuit particulier, assez bosselé, et nous avons eu beaucoup de travail à faire sur la voiture, car nous étions en retard sur la compréhension du fonctionnement des pneus Dunlop. La qualification fut extrêmement serrée, nous étions en position de pouvoir jouer la pole. Après, pour la course on avait besoin que tout se mette en place notamment avec mon coéquipier chinois qui découvre l’auto. Nous avons obtenu une belle cinquième place très prometteuse ».

LBA : Au Mans, les choses ne vont pas trop mal ?

Tristan Gommendy : « On a un set-up de base. On était  un peu anxieux, comme tout le monde, mais ça à l’air d’aller. C’est une nouvelle équipe très cosmopolite : des mécanos philippins, un manager anglais, un directeur technique sud-africain, moi français, les autres pilotes hollandais et chinois. Pour faire fonctionner un tel team cela demande beaucoup de travail d’organisation en amont.  En plus avec une implantation du team aux Philippines il a fallu trouver une base européenne et tout cela s’est fait en même temps que la préparation au Mans.

Dans ces conditions, la priorité est de faire que tout le monde sente bien dans la voiture  Pour autant, j’ai roulé quelques tours ce matin (NDLR: la journée test) et tout de suite on a vu que nous étions dans le coup. Nous étions dans le haut du tableau sans forcer et mes deux coéquipiers rookies de l’épreuve vont faire leurs dix tours obligatoires. En tout cas notre plan se déroule selon nos prévisions, en espérant que le sec va persister pour aller au bout de nos réglages ».

LBA : Tu assures un rôle de capitaine de route pour le team, tu constitues une sorte de référence ?

Tristan Gommendy : « Oui c’est clairement l’objectif. Quand ils m’ont enrôlé dans l’équipe cela faisait partie des critères.Le directeur technique qui a fait pratiquement 20 ans de F1 fut sensible au fait que j’aie roulé 14 ans de monoplace de plus avec déjà 6 participations au Mans c’est sûr que je correspondais à tous les critères recherchés.

Lors de notre premier briefing de la saison il fut clairement établi que je puisse diriger les opérations et que je puisse donner le ton un peu dans tous les domaines. C’est une charge qui me plait énormément et touche à tous les aspects de l’activité du team. Par exemple pour l’organisation du Mans mon rôle n’est pas uniquement  centré sur la voiture. J’ai tout aussi bien recherché des logements, facilité la compréhension par le team des spécificités du règlement de l’ACO et insufflé, avec Greg le directeur, un niveau de professionnalisme nécessaire pour une équipe asiatique qui débarque dans notre système sportif européen.

Il faut hausser le niveau et mettre en place les recettes que tout le monde connait dans l’absolu, mais ça n’est pas aussi évident à réaliser parce qu’au milieu de tout cela il y a de l’humain. Il faut savoir emmener les gens là où l’on sait que tout fonctionne mais il faut aussi faire très attention à ménager les susceptibilités à ce que l’on avance en douceur. C’est un vrai boulot, c’est passionnant  et cela correspond bien à mon expérience et aux qualités humaines que je peux avoir. Tout se passe bien. On croise les doigts puis on verra. On va prendre les choses étape par étape ».

Une fois cet entretien enregistré Tristan Gommendy est reparti dans le stand jouant ce rôle de grand frère pour ses coéquipiers et de référence technique pour les ingénieurs. Sur l’Oreca N° 33, régulièrement le matin de la journée test il se montrait à son avantage en faisant quasiment jeu égal avec l’Alpine (autre châssis Oreca 05). Dans la séance de l’après-midi, notre ami tourangeau ne laissa le soin à personne d’autre de descendre en dessous de 3’37’’. Ce temps de référence démontrait effectivement que l’auto était très bien préparée et qu’il resterait à  huiler tous les rouages d’un team afin qu’il ne soit pas  à la peine à un moment ou un autre lors des ravitaillements ou des avatars techniques, qui peuvent toujours survenir au Mans.

Le team EurasiaMotorsport a réalisé le 20ème temps des qualifications, au milieu du peloton LMP2.

Crédit photographique : Gilles Vitry, Thierry Coulibaly et team

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