BMW Russia

Des employés BMW ont fait passer en contrebande des voitures vers la Russie

Malgré les sanctions internationales imposées après le déclenchement du conflit russo-ukrainien, des employés de BMW ont orchestré l’acheminement clandestin de plus de 100 voitures vers la Russie, révélant des failles dans les contrôles internes des grandes multinationales.

Selon l’édition allemande de Business Insider, le groupe BMW a confirmé que quelques employés d’une filiale de Hanovre a vendu plus de 100 voitures haut de gamme à des acheteurs russes, malgré les sanctions de l’UE visant à stopper l’exportation de véhicules vers la Russie. Ces ventes pourraient être considérées comme une violation des sanctions en vigueur de l’UE contre l’exportation de produits de luxe vers la Russie, instaurées après le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par Moscou.

L’embargo et ses limites

Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine en 2022, les gouvernements occidentaux ont imposé une série de sanctions visant à isoler économiquement la Russie. Ces mesures incluaient notamment une interdiction stricte de vendre des voitures de luxe à la Russie (on peut se demander en quoi cela aurait affecté l’effort de guerre russe, mais c’est un autre débat…), touchant directement des entreprises comme BMW. Les chinois n’en demandaient pas tant…

Les sanctions, conçues pour affaiblir l’économie russe, ont également eu des répercussions sur les entreprises européennes, exigeant d’elles une vigilance accrue dans leurs transactions internationales. Pour BMW, cela signifiait un arrêt brusque des ventes vers un marché important, avec une demande constante pour les modèles les plus prestigieux, essentiellement dans les milieux d’affaires. Cependant, l’application de ces sanctions a contraint BMW à cesser ses opérations de vente directe en Russie. Les conséquences étaient aussi industrielles pour le constructeur automobile bavarois qui venait d’investir plus de 300 millions de dollars dans une nouvelle usine. BMW avait noué un partenariat avec Avtotor, un constructeur automobile situé à Kaliningrad. BMW envoyait ses kits semi-démontés à l’usine de production de Kaliningrad, où tout est assemblé au cours d’un long processus manuel. Les berlines BMW Série 3 et Série 5 et les crossovers comme les X3 , X4, X5 et X6 étaient fabriqués chez Avtotor jusqu’au revirement post-guerre.

BMW a qualifié ces ventes d' »irrégularités » et a confirmé que des employés de sa filiale de Hanovre étaient à l’origine de ce trafic illégal. En conséquence, BMW Group a déclaré avoir licencié tous les employés impliqués dans les transactions et avoir également suspendu un certain nombre de livraisons futures, dans une tentative de se conformer aux sanctions actuelles. Cette affaire, révélée après une enquête interne menée par le constructeur allemand, met en lumière les défis que rencontrent les entreprises globales dans un contexte géopolitique complexe. Alors que les sanctions économiques visent à exercer une pression politique, des individus au sein de BMW ont trouvé des moyens créatifs, bien que illégaux, pour contourner ces restrictions.

En dépit des restrictions, la persistance de la demande russe pour des voitures de luxe a stimulé l’activité sur le marché gris, où des tiers non autorisés se chargent d’introduire ces véhicules dans le pays. Ce phénomène n’est pas nouveau, mais il s’est intensifié avec les récentes sanctions.

Les mécanismes de contournement : une opération clandestine

Le processus par lequel les voitures BMW ont été introduites en Russie malgré les sanctions est complexe et bien orchestré. Les employés impliqués ont utilisé la filiale de Hanovre comme point de départ pour acheminer les véhicules vers la Russie. Ces voitures, officiellement vendues à des tiers dans des pays sans sanctions, ont ensuite été transférées en Russie par des mécanismes de marché gris.

L’idée derrière cette méthode est simple mais efficace : vendre les voitures à des entités dans des pays non soumis aux mêmes restrictions, qui les revendent ensuite à des acheteurs russes. Cela nécessite une coordination minutieuse et une connaissance approfondie des réglementations douanières et des failles potentielles dans leur application.

L’implication de certains employés dans ces opérations a été le fait de quelques individus agissant de leur propre chef, sans l’approbation de la direction. Cependant, la complexité de ce système met en lumière les défis auxquels sont confrontées les entreprises internationales pour surveiller et contrôler les actions de leurs employés. Plus largement, cet incident met en lumière également la difficulté d’appliquer correctement des sanctions (sans parler de leur réelle efficacité) dans une économique globalisée, de plus en plus complexe et rapide. Le traçage des véhicules est compliqué à suivre, en prenant en compte les frontières et les nombreuses ramifications politiques, administratives, juridiques, fiscales qui sont autant de filtres supplémentaires. Et dans notre monde numérisé, il n’a jamais été aussi facile de falsifier des documents…ou même de copier, comme Citroën a pu le constater, la Russie pouvant s’appuyer sur son partenaire chinois pour trouver des parades.

BMW a réagi rapidement en licenciant les employés impliqués et en renforçant ses politiques internes pour empêcher de futures violations. L’entreprise a également initié une enquête approfondie pour comprendre comment ces activités ont pu se dérouler à son insu. Cette réponse rapide est bien entendu une question d’image, mais aussi un enjeu juridique car la marque se retrouve, de par les agissements de quelques employés, en situation de violation des procédures européennes. Un problème dont le marque se serait bien passé, alors que les bénéfices ont fondu, que le marché EV se contracte et que 2025 s’annonce compliqué avec les amendes très salées qui planent, telle une épée de Damoclès, sur les constructeurs européens.

(7 commentaires)

    1. L’ action BMW a perdu – 21,75% depuis le 1er Janvier 2024, VW -20,94 % …..
      à comparer avec ceux qui gagnent en 2024 Toyota +19,39 % , GM +51,11 % , Mahindra +76,30 %
      Stupéfiant ….. , l’Allemagne automobile tente de se refaire dans le trafic ….

      1. L’Allemagne accumule les mauvaises nouvelles en ce moment… Leurs sources de gains faciles se sont fermées durant ces 3 dernières années.
        Ce n’est pas bon pour nous les Français, car nous sommes souvent leurs sous-traitants.
        .

      2. On parle des enseignes françaises qui entretiennent toujours leur réseau local ? Les donneurs de leçons universels ne sont que rarement plus blancs que leurs cibles favorites…

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