Carlos Tavarès n’ira pas au terme de son mandat chez Stellantis. Sa démission est actée dès aujourd’hui, à l’issue d’une année 2024 mouvementée.
Un départ anticipé
Depuis plusieurs mois déjà, la fin du règne de Carlos Tavarès était dans les cartons, mais l’on pensait que sa sortie se ferait d’ici la fin de l’année prochaine, au terme de son mandat initial. Le constructeur franco-italo-américain avait indiqué fin septembre avoir lancé un processus de succession pour son directeur général, dont le mandat était prévu pour s’achever début 2026. C’est donc de manière anticipée que le départ du patron de plus en plus controversé est acté.
Carlos Tavares vient d’annoncer en effet ce dimanche 1er décembre 2024 sa démission. Le conseil d’administration a validé cette décision dans la foulée, actant du départ « avec effet immédiat » du patron, âgé de 66 ans.
« Le conseil d’administration de la société, réuni ce jour sous la présidence de John Elkann, a accepté la démission de Carlos Tavares », indique le groupe dans un communiqué. Henri de Castries, administrateur indépendant senior, a expliqué que cette démission était la conséquence de divergences entre le CEO et le Conseil d’administration :
« Le succès de Stellantis repose sur un alignement parfait entre les actionnaires, le Conseil et la direction. Cependant, des points de vue différents ont émergé ces dernières semaines, conduisant à cette décision. »
John Elkann, Chairman de Stellantis indique :
« Nos remerciements vont à Carlos Tavares pour ses années de service dévoué et le rôle qu’il a joué dans la création de Stellantis, en complément des redressements de PSA et d’Opel, nous mettant sur la voie de devenir un leader mondial dans notre industrie. J’ai hâte de travailler avec notre nouveau comité exécutif par intérim avec le soutien de tous nos collègues de Stellantis, alors que nous poursuivons le processus de nomination de notre nouveau CEO. Ensemble, nous veillerons à poursuivre le déploiement de la stratégie de l’entreprise dans l’intérêt à long terme de Stellantis et de l’ensemble de ses parties prenantes. »
Le successeur de Carlos Tavares sera nommé au premier semestre 2025. « Dans l’intervalle, un nouveau comité exécutif temporaire, présidé par John Elkann, sera mis en place », indique le groupe automobile.
Une saison en enfer
Carlos Tavarès paye évidemment une année 2024 cataclysmique pour le groupe Stellantis. La stratégie de court-termisme et la chasse effrénée aux coûts a montré ses limites et s’est même retournée contre le groupe. Entre l’affaire des moteurs Puretech et l’affaire des airbags Takata, qui ont entaché sérieusement la réputation du groupe, les retards et les bugs qui contrarient le début de carrière de la Citroën E-C3 et de la Panda, le conflit ouvert avec le gouvernement italien, la chute des ventes de Fiat et de Maserati avec des usines quasiment à l’arrêt, la grogne syndicale et des concessionnaires aux USA – la liste n’est pas exhaustive – sans oublier évidemment l’effondrement en bourse et la baisse des profits, Carlos Tavarès, arrivé chez Stallantis auréolé de ses performances avec PSA, s’en va sur un bilan bien tourmenté.
Evidemment, tout ne lui est pas imputable, car l’industrie automobile européenne traverse dans sa globalité une passe difficile et le retournement du marché électrique a accentué la tendance. Mais son mirobolant salaire, bien plus élevé que certains de ses homologues comme Toyota, faisait tâche face à un tel bilan… L’année 2025 sera évidemment un moment crucial pour bon nombre des 14 marques qui composent le groupe.