Surprenant ! L’UE refuse le report des tarifs douaniers avec l’UK de 2024 à 2027

Pour rappel, dans le cadre du Brexit, le Royaume-Uni et l’UE ont convenu qu’à partir de 2024, seules les voitures électriques dont au moins 45 % des composants (en valeur) proviennent de l’UE ou du Royaume-Uni pourront être vendues en franchise de droits à travers la Manche; pour la batterie, ce taux atteint 60 %. En deçà de ces seuils, des droits de douane de 10 % devront être perçus.

La Commission européenne refuse le report des règles à 2027

La Commission européenne veut se tenir aux éléments de l’accord et refuse le report de l’entrée en vigueur des règles d’origine à 2027, réclamé par le gouvernement britannique et les constructeurs automobiles européens.

C’est en effet ce qu’indique le Financial Times, faisant référence aux propos de Richard Szostak, un haut fonctionnaire de la Commission.

Selon Szostak, « en plus du facteur d’attraction » de l’IRA américain, « nous ajouterions un facteur d’incitation à acheter des batteries en Chine ou aux États-Unis en n’introduisant pas de tarifs douaniers Transmanche ».

En guise d’arguments, l’UE fait ainsi valoir que les règles d’origine fourniront une incitation à la production de batteries au sein de l’Union européenne. Comprenez : en restant ferme sur la date négociée – 2024 – Bruxelles espère que sa position incitera les constructeurs et leurs fournisseurs à mettre les bouchées doubles pour bâtir un secteur des batteries ad hoc, capable de répondre à la demande et aux exigences européennes.

Méthode coué ? « Douce rêverie » des autorités européennes, trouvant là un moyen détourné pour inciter financièrement la filière à réagir  ?

La part de l’UE dans les investissements mondiaux dans les batteries en nette régression

Il n’en demeure pas moins que la part de l’UE dans les investissements mondiaux dans la production de batteries est passée de 41 % en 2021 à seulement 2 % en 2022 après que les États-Unis ont introduit d’importantes subventions dans le cadre de leur loi sur la réduction de l’inflation (IRA) souligne le rapport lui-même. Démontrant là l’énorme effort devant être accompli par le secteur automobile européen.

Des coûts supplémentaires pour les consommateurs

Reste qu’un côté du dossier n’a pas abordé : les coûts supplémentaires signifieront des prix plus élevés pour les consommateurs. Le ministre britannique du Commerce, Lord Dominic Johnson, aurait déclaré aux députés que le Royaume-Uni et l’UE ne devraient pas essayer de profiter l’un de l’autre en mettant en place des chaînes d’approvisionnement distinctes. Il a appelé à « un accès transfrontalier approprié aux chaînes d’approvisionnement de chacun qui les rend plus efficaces ».

La plupart des VE produites en Europe ne respecteront pas les règles d’origine

La lenteur avec laquelle s’ouvrent les usines de batteries en Europe, ainsi que la domination chinoise dans ce secteur clé, signifient que la plupart des voitures électriques fabriquées en Europe ne respecteront pas les nouvelles règles d’origine. Selon le Financial Times, le problème est plus aigü pour les constructeurs automobiles d’Europe continentale qui vendent de nombreuses voitures au Royaume-Uni, notamment Volkswagen, Mercedes et Ford.

Le Royaume-Uni : un marché attractif

Le Royaume-Uni est un marché attractif. Les statistiques du gouvernement montrent que le pays occupe la 2eme place en terme de ventes de voitures 100 % électriques en Europe en 2022.

Il y a plus d’un million de véhicules rechargeables en stock, dont environ 60 % sont des BEV. Le nombre de chargeurs publics devrait avoir triplé en parallèle d’ici quatre ans, passant de 10 300 appareils en janvier 2019 à plus de 38 700 en mars 2023.

Le gouvernement britannique souhaite accélérer ce développement en mettant en vigueur des quotas pour les véhicules électriques l’année prochaine. Plus précisément, à partir de 2024 , au moins 22 % des voitures particulières neuves vendues au Royaume-Uni devront être zéro émission.

Ce quota de ZEV doit passer à 80 % d’ici 2030, la cible de 100 % étant définie d’ici 2035. Cette année-là, le Royaume-Uni prévoit d’éliminer progressivement les véhicules à combustion interne pour les voitures neuves.

Japonaises et sud-coréennes importées en franchise de droits

Cerise – noire – sur le gâteau : selon les termes de leurs accords commerciaux post-Brexit, la plupart des voitures électriques produites au Japon et en Corée du Sud peuvent être importées en franchise de droits au Royaume-Uni.

Cela signifierait que les constructeurs automobiles de l’UE perdraient d’importantes parts du marché britannique si des droits de douane leur étaient appliqués. Les voitures électriques fabriquées en Chine sont déjà soumises aux tarifs douaniers. Néanmoins, les équipementiers chinois peuvent toujours concurrencer les voitures électriques construites dans l’UE compte tenu de leurs prix plus bas.

Notre avis, par leblogauto.com

Etonnante stratégie de la Commission européenne, pour ne pas dire plus, qui tente de rattraper le retard pris par les constructeurs et leurs fournisseurs pour produire des batteries sur le territoire européen en brandissant le spectre de l’importante baisse de marché qu’engendrerait la mise en place de droits de douane à l’encontre de la production européenne.

Le consommateur de l’UE ayant toutes les « chances » d’en être la victime par ricochet. A moins que les groupes automobiles ne rognent leurs marges pour s’aligner au niveau tarif. Au détriment de leurs résultats financiers et de leurs actionnaires. Reste une solution : produire en masse ? Avec tous les impacts qualité que cela pourrait engendrer …

Sources : Financial Times

(3 commentaires)

  1. Pour clarifier un peu, l’Europe veut que dès l’année prochaine, les exportations européennes vers le Royaume-Uni soient taxées de 10% s’il y a trop de composants étrangers dedans ? Ou alors ça marche dans les deux sens ? Des VE britanniques construites avec trop de composants chinois seront taxés de 10% pour être vendues en Europe ?

  2. pourquoi écrire des réglements pour les amender ensuite? Si la date est 2024, cela reste 2024, point. Les importations depuis le UK sont quand même faible par rapport aux exportations. donc c’est logique pour moi de valider cet taxe d’importation/exportation.
    PS, c’est pas l’Europe qui l’a voulu, mais le UK qui pensait être plus malin. le but n’est pas de punir le UK, mais de les mettre devant leurs responsabilités.

  3. Ça vaux dans les deux sens. En fait c’est juste bien l’essence même de mesures protectionnistes : favoriser le local (ici l’Europe) au détriment de l’extérieur (ici UK). Mais toute mesure protectionnistes a sa contrepartie de limiter ses ventes a l’extérieur.

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