Puces:les fabricants critiquent le prix de l’électricité en Allemagne

Alors qu’une pénurie mondiale de puces électroniques affecte la production automobile, mettant parallèlement en avant la grande dépendance de l’Europe à l’Asie dans le domaine, plusieurs fabricants de puces électroniques et de semi-conducteurs ont vivement critiqué les taxes et les prélèvements élevés sur l’électricité pratiqués par Berlin. Estimant même que cela constitue un désavantage pour l’Allemagne en tant que site industriel face à la concurrence mondiale.

L’Allemagne peu attrayante pour les producteurs de puces électroniques ?

Le prix élevé de l’électricité pratiqué outre-Rhin rend l’Allemagne peu attrayante a ainsi déclaré au quotidien économique Handelsblatt, Christoph von Plotho, responsable du fabricant de puces Siltronic.

Autre raison principale invoquée : les coûts de personnel élevés observés outre-Rhin.

Une alimentation électrique « sûre et sans fluctuations » gage du maintien de la production

Dans le même temps, un porte-parole du plus grand producteur allemand de semi-conducteurs Infineon a déclaré à Handelsblatt qu’une alimentation électrique sûre et sans fluctuations était également un élément majeur pour maintenir la production en Allemagne et en Europe.

Les coûts élevés de l’énergie se ressentent aussi au niveau des secteurs de haute technologie

La question des coûts élevés de l’énergie s’étend désormais au-delà des entreprises industrielles traditionnelles comme les usines chimiques, mais également aux secteurs de haute technologie, indique par ailleurs Handelsblatt.

Les prix élevés de l’électricité s’expliquent par les taxes et les prélèvements sur l’électricité, comme le prélèvement sur les énergies renouvelables pour financer l’expansion de l’énergie éolienne et solaire. De nombreuses entreprises sont partiellement ou totalement exonérées de certains prélèvements.

En outre, le gouvernement allemand a commencé à utiliser des fonds du budget de l’État, tels que les recettes provenant du nouveau prix du CO2 pour les transports et les combustibles de chauffage, pour aider à plafonner la taxe et prévoit de la réduire davantage au cours des prochaines années.

La production high tech pourrait être essentielle pour le secteur de la mobilité du futur

Le maintien ou l’établissement d’une production de haute technologie en Europe pourrait être essentiel pour des secteurs clés de la transition énergétique tels que la mobilité future, indique par ailleurs le media allemand.

Le media public allemand Dlf indique quant à lui que le goulot d’étranglement observé actuellement sur les micropuces en provenance d’Asie nuisait à l’industrie automobile dans le monde entier, en raison du resserrement de l’offre de matières premières pour des raisons notamment géopolitiques, compte-tenu des tensions entre la Chine et les États-Unis.

L’Europe se voit ainsi menacée de devenir dépendante de la production asiatique … à moins que cela ne soit déjà le cas. Un problème d’autant plus crucial, que la transition vers la mobilité électrique ou la conduite autonome accentuent les besoins.

Des véhicules dépendant de puissants micro-contrôleurs

« Les puces qui nous manquent actuellement sont principalement des puces complexes pour contrôler les systèmes de freinage, les unités de contrôle du moteur et d’autres choses. Cela signifie en particulier des microcontrôleurs puissants », explique Joachim Damasky, directeur technique de l’Association de l’industrie automobile allemande.

Sans ces microcontrôleurs et autres puces à semi-conducteurs, rien ne fonctionne dans les voitures modernes.

« Il faut imaginer qu’une voiture a aujourd’hui plus de code logiciel qu’un avion », ajoute l’analyste automobile Arndt Ellinghorst de Bernstein Research à Londres. «Les exigences sont extrêmement élevées, car tout ce qui se passe dans la voiture est bien entendu très important pour la sécurité. Si quelque chose ne fonctionne pas, les gens peuvent mourir. Et à cet égard, bien sûr, tout ce qui a à voir avec les semi-conducteurs, avec des informations dans le véhicule, est extrêmement pertinent. Et si les pièces manquent à un endroit ou à un autre, les voitures ne peuvent pas être produites. « 

Prix de l’électricité : l’un des aspects les plus controversés de la transition énergétique allemande

Les prix de l’électricité payés par l’industrie sont l’un des aspects les plus controversés de la transition énergétique allemande. Si les prix de gros ont baissé dans le cadre de la politique de transition énergétique, les taxes et les prélèvements ont considérablement augmenté. Au final, le prix de l’électricité pour les consommateurs industriels en Allemagne peut varier énormément.

Les groupes de pression des entreprises considèrent régulièrement le prix de l’électricité comme une menace centrale pour la compétitivité de l’industrie.

Mais le problème majeur réside dans le fait qu’il n’existe pas de prix de l’électricité unique pour les consommateurs industriels, mais plutôt une gamme de prix exceptionnellement large.

Notre avis, par leblogauto.com

Si les gouvernements semblent enfin réaliser qu’il y a urgence à ne pas dépendre de la Chine pour des composants aussi importants que batteries pour VE et semi-conducteurs, reste que la route est encore longue pour pouvoir établir sur le territoire européen des usines capables d’associer production, technicité et rentabilité.

Mais il pourrait y avoir urgence … les experts s’accordent déjà pour dire que deux à quatre millions de voitures ne pourront pas être produites au premier semestre 2021 par manque de puces électroniques. Un formidable argument pour faire pression sur les pouvoirs publics pour réguler le prix de l’électricité outre Rhin. Voire en Europe ?

Sources : Handelsblatt, Deutschlandfunk

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(26 commentaires)

    1. ARG ….. not so easy :
      Infineon est un groupe de semi-conducteurs, spin-off de Siemens AG, créé en 1999 et introduit en Bourse début 2000. C’est le leader mondial du marché des composants pour cartes à puce. Infineon figure parmi les plus grands fabricants de puces électroniques.
      PDG : Reinhard Ploss (1 oct. 2012–)
      Siège social : Neubiberg, Allemagne

      1. on est mal patron, on est mal ….. :
        Siltronic AG est une société basée à Munich et l’un des principaux fournisseurs mondiaux de plaquettes de silicium. Wacker Chemie AG est la plus grande partie prenante unique avec 31% et est le seul fournisseur européen de plaquettes.

          1. @SGL : Pas si simple. Non seulement ce type de production a besoin d’énormément d’électricité, mais aussi d’un approvisionnement constant et important d’une eau extrêmement pure. Je te laisse imaginer la tronche des maires écolos du coin (Grenoble, Lyon,…) si une telle industrie venait à ouvrir dans le paysage de Rhône-Alpes…

            Et ce n’est que la partie politique, et encore, pas entière. Niveau technique, la fabrication de wafers est extrêmement pointue.

      2. On s’en fout d’Infineon, il y a ST-Micro qui est en partie Français donc si il y a vraiment pénurie on sait faire des puces en France.

  1. Bon ben….ou ils finissent North Stream 2 et on une centrale a gaz tout pret ou il tire un cable entre l´EPR de Flammanville (pas fini ) 🙂

    1. De toute façon il n’y a pas forcément besoin d’EPR, même sans la France dispose du plus gros parc nucléaire en Europe et un des tarifs de l’électricité le plus bas!

      1. et avec un peu de chance, ils n’auraient pas encore commencé à démolir Fessenheim, et possibilité de d’appuyer sur le bouton « marche »

        1. Il y a toujours moyens d’y mettre 1 ou 2 EPR sur les terrains à côté pour compenser, sauf que ça ne plait pas aux Allemands et comme nos dirigeants n’ont pas trop de courage ils ont baissé les armes.

  2. La Tunisie aurait dû être le plus grand fabricant d’électronique de notre zone mais le printemps arabe est passé par là.

  3. enorme la on va plus trop entendre les chantres khmer vert avec leur energie renouvelables… On voit bien ce que ca donne avec les plans sur la comete

    1. Ben voyons, toutes les excuses sont bonnes pour taper… en attendant si l’électricité est aussi chère en Allemagne, c’est la conséquence de choix pour le moins hasardeux et qui n’ont rien à voir avec les « khmers verts », bouh méchants, caca !
      C’est surtout que Merkel, qui n’a rien d’une « khmer verte » (?) a fait un peu n’importe quoi après Fukushima, sous la pression il faut aussi le reconnaître de son opinion publique (sans doute quelques millions de « khmers verts » là aussi hein…). Et le prix de leur électricité n’a pas été le seul souci, on passera aussi sur les millions de tonnes de Co2 que leur merde de charbon a déversé, et les particules qui vont avec, y compris chez nous…
      Mais tout ça c’est la faute des « khmers verts » et des énergies renouvelables hein…
      Et quand t’as mal au c.. en te levant le matin, ou qu’il pleut toute la journée dans ton bled, c’est aussi les « khmers verts » ?

    2. pourtant c est la verite ils ont pousse a mort pour de l eolien et du solaire les prix ont monte en fleche et le rendement oscille entre 10% et 20% donc oui ils payent leur choix ideologique pousse par les vert et merkel est une presidente molle qui a voulu leur faire plaisir.

      tu n as meme pas l honnete de le reconnaitre ca montre bien ton biais ^^

      1. Ouiii…. et ils n’auraient pas fermé leurs centrales nucléaires en catastrophe des fois pour les remplacer en urgence par tout ce qui traine, renouvelable ou pas, et surtout par du charbon, ce qui a eu 5 fois plus d’impact que l’augmentation de leur part de renouvelable, d’ailleurs déjà assez élevée avant ça…?

    3. sauf que le cout de électricité en France est totalement faussé, le cout du démantèlement des centrales nucléaires en fin de vie, qu’elles aient 30 ou 60 ans n’a pas été provisionné à la bonne valeur.
      Il faudra 4 fois plus que ce qui est provisionné, c’est une des raisons du kw à 15 cents au lieu de 25 prix moyen européen… (ne pas confondre avec le prix de production de l’ordre de 34€ le terra chez nous et plus de 40 ailleurs).
      Le démantèlement est compté à 8 cents environ dans le prix de revient, alors qu’il devrait être de 15… malgré les dénégations des producteurs. En comparant avec le démantèlement en Allemagne on est clairement en décalage…
      Bien sur il y aura des ENARQUES pour nous expliquez que c’est tout faux…

  4. Je travaille dans le secteur électronique en Suisse et ce sont les mêmes désavantages que nous entendons à longueur de journée :

    Prix des terrains extremement chers
    Salaires très élevés (salaire brut moyen de plus de 6K EUR dans mon entreprise)
    Services annexes (télécom, entretient etc …) élevés

    Néanmoins et heureusement, il y a les avantages :

    Personnel qualifié en abondance
    Stabilité législative
    Fiscalité modérée
    Paix du travail (très peu de grèves)
    40h-42h de travail hebdomadaire
    Qualité des services (si vous avez déjà bossé avec des Suisses-allemands, vous savez de quoi je parle)
    Monnaie stable comme un roc (ça peut être un désavantage pour l’export …)

    Donc, oui ça coute plus cher, mais dans le temps tu auras un avantage là où faut produire vite et bien pour des produits très complexes et à forte valeur ajoutée.

    1. Bon résumé… malheureusement les investisseurs sont tellement court-termistes de nos jours que les avantages sont moins regardés, ils voient l’argent facile et rapide. Heureusement ça se voit pas encore autant dans le domaine des fondeurs, les investissements dans une fab étant considérables, ils ont tendance encore à voir à 10 ans minimum.

  5. Avec des subventions aux ENRi croissantes années après années (30 milliards en 2020, dont 20 issus des taxes sur l’électricité) et la fermeture des centrales nucléaires restantes d’ici fin 2022, ce n’est pas vraiment gagné en Allemagne (prix élevés + risques accrus de coupure d’électricité.
    On aurait un coup à jouer en France, mais, pour cela, il faudrait accepter de prolonger la durée de vie de la totalité de nos centrales nucléaires (l’option la moins chère, de très très loin + électricité pilotable & à la bonne fréquence), et arrêter de lancer des parcs éoliens offshore hors de prix (3 à 5 fois plus cher que le nucléaire historique, pour de l’électricité non pilotable et dont la fréquence doit être redressée).

    1. La durée de vie d’un humain, en moyenne, c’est un peu plus de 80 ans

      Mais pour les centrales nucléaires, on ne connait pas leur durée de vie. Tout ce qu’on sait, c’est qu’on avait exigé une durée de vie minimale de 40 ans, lors du début du programme nucléaire français. Par exemple, si les ingés disaient ne pas pouvoir faire des réacteurs tenant plus de 10 ans, alors jamais la France n’aurait dépensé des centaines de milliards pour si peu de retour d’investissement. Donc on avait calculé, extrapolé par rapport au peu d’expérience de l’époque, pris de très gros coef de sécurité (la cuve fait plus de 20cm d’épaisseur!), mis des échantillons de l’acier de la cuve à l’intérieur pour pouvoir les analyser leur évolution année après année. Etc…. On avait fait cela en France, et les autres pays en ont fait tout autant. On est en mode « est ce que ça peut encore tenir 10 ans? », et à chaque fois, c’était oui.

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