Prix pétrole/carburant : la hausse répercutée comment ?

Alors que le conflit entre la Russie et l’Ukraine provoque des tensions sans précédents depuis plus de cinquante ans et fait – notamment … – s’envoler le cours du pétrole, une grande partie de la population française tente de savoir quelles pourraient être les conséquences d’une telle situation sur leur vie de tous les jours, et sur leur pouvoir d’achat. La notion clé : le délai et le mode de répercussion du cours du brut sur le prix du carburant.

Un ajustement prix du pétrole / prix du carburant progressif mais rapide

Une étude menée en octobre dernier indiquait qu’une hausse de 1% du prix du gazole raffiné importé se traduisait in fine par une hausse de 0,75% du prix HT et de 0,3% du prix TTC du gazole à la pompe en France. Ajoutant que l’ajustement était certes progressif mais rapide : après une semaine, la hausse du prix HT était de 0,45% selon les observations, soit plus de 50% de la hausse globale du prix carburant généré par la progression du cours du brut. Le rapport indiquant que les prix réagissaient de la même manière à un choc à la hausse ou à la baisse.

Le prix du carburant : un prix hors taxe auquel s’ajoute la TICPE et la TVA

Afin de comprendre comment les variations du coût de la matière première (le pétrole brut) se transmettent aux variations de prix des carburants, il convient de rappeler de quoi sont composés ces derniers.

Le prix à la pompe (toutes taxes comprises) peut se décomposer en deux parties distinctes : le prix hors taxe (HT) et les taxes – elles-mêmes décomposées en deux parties : la TICPE – Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Énergétiques – dont le montant est fixé par hectolitre, et la TVA – Taxe sur la valeur Ajoutée – calculée via un taux s’appliquant au prix HT + la TICPE. A noter que les taxes représentent environ 60% du prix TTC.

Prix hors taxe (HT) : une variation quotidienne

Si le montant de la TICPE et la valeur du taux de TVA sont des données non directement liées aux cours du marché, le prix HT peut quant à lui varier à une fréquence quotidienne.

Il intègre en effet le coût d’achat de la matière première (le carburant issu du brut raffiné), les coûts de distribution (main d’œuvre, transport…) et la marge des distributeurs.

Or, le prix de la matière première fluctue quotidiennement en suivant étroitement les évolutions du prix du pétrole brut (le cours du Brent en ce qui concerne la France), tout en dépendant également des coûts de raffinage.

Un délai de répercussion qui impacte la marge des distributeurs

Quand le prix de la matière première augmente, son coût d’achat augmente pour la station qui distribue le carburant. Si elle ne répercute pas immédiatement cette variation de coût, sa marge diminue voire disparait.

L’étude menée en octobre 2021 a pu observer la façon dont les stations transmettent ces variations de coûts aux consommateurs, en utilisant les données granulaires et exhaustives de prix des carburants publiées par le site du Ministère de l’Économie et des Finances depuis 2007 et collectées pour l’ensemble des stations françaises à une fréquence quotidienne (soit environ 10 000 stations et 30 millions de prix individuels).

Le prix des carburants fixe près de 5 jours en moyenne

Si les prix à la pompe changent fréquemment, ils ne changent toutefois pas tous les jours, alors que c’est le cas du prix de la matière première.

Selon l’étude, en moyenne, le prix des carburants reste fixe pendant environ 5 jours. Quand ils changent, les prix hors taxes s’ajustent en moyenne de 2% aussi bien à la hausse qu’à la baisse, ce qui correspond à des changements d’environ 1 centime sur le prix TTC.

Les changements de moins de 1% sont très peu fréquents. Cette inertie des prix peut s’expliquer en partie par le fait que l’affichage des prix des carburants se termine souvent par une dernière décimale en 0, 5 ou 9, ce qui implique des changements moins fréquents et de plus grande ampleur.

Plus les prix pratiqués sont faibles plus l’ajustement est rapide

Toujours selon l’étude, il existe des différences importantes dans la manière avec laquelle les stations ajustent leurs prix. En particulier entre celles pratiquant le plus souvent des prix plus faibles que la moyenne et celles pratiquant des prix plus élevés.

Il ressort que les stations pratiquant des prix plus faibles modifient leurs prix plus fréquemment que les autres : la durée pendant laquelle un prix reste fixe est d’environ 3 jours alors qu’elle est de 6 à 7 jours ouvrés pour les stations dont les prix sont plus élevés que la moyenne.

Une variation du coût du pétrole brut intégrée totalement aux prix des carburants après 4 semaines

Suite à une variation du coût de la matière première, les prix des carburants s’ajustent progressivement. Selon le rapport, il faut en moyenne 11 jours ouvrés pour observer 90% de la transmission d’une variation de coût aux prix et la répercussion totale aux prix des carburants prend environ 20 jours ouvrés. Toutefois, plus de la moitié de la transmission aux prix est déjà effectuée en une semaine.

Pour un choc de 1% sur le prix du gazole raffiné, le prix HT du gazole augmente à long terme de 0,75% Cela se traduirait par une hausse du prix TTC de 0,3%, compte tenu du montant fixe par litre de la TICPE.

Il existe par ailleurs des différences entre stations dans la transmission des variations de coût. Celles pratiquant des prix plus faibles que la moyenne répercutent un peu plus les variations de coût. In fine, en niveau de prix, une hausse du prix du diesel importé de 0,45 centime d’euro se traduit toutefois par une hausse identique en centime pour toutes les stations. Les différences entre les stations sur les durées d’ajustement sont cependant très faibles et plus de 90% du choc est intégré par toutes les stations en une dizaine de jours ouvrés.

Sources : Bloc-notes Eco Banque de France

(13 commentaires)

  1. L’ancien nouvel ordre mondial voulu par les élites du bloc occidental a subi un coup d ‘arrêt il y a 4 jours.
    Comme je l’ai dit, les occidentaux ont dit aux ukrainiens d’aller tirer les poils de cul de l’ours, et visiblement ils sont en train d’en payer le prix. Visiblement l’ours a mauvais caractère.
    Vlad, qui était « le mou », pour l’opposition russe, la vraie, pas celle du branquignol Navalny, a sans doute attendu longtemps, tellement longtemps qu’on a cru qu’ils ne réagirait jamais. Maintenant, tous les enjeux de puissance sont là, et arrêtons les gamineries concernant la « croissance », les recalculs de PIB fumeux.
    Pour fonctionner les économies ont besoin d’énergie. Point.
    On peut s’attendre à un retour au local encore plus prononcé, comme il existe dans les grandes périodes de bouleversement. Comme disait Henri Amouroux, la première année de guerre, le nombre de jardins ouvriers passe à Lyon de 700 à 20 000, pour une ville bourgeoise et qui était déjà largement « gagnante » et « intégrée » dans l’économie monde. La ville de Saint Etienne, elle, avait déjà de l’ordre de 15 000 jardins ouvriers AVANT la guerre. Et Saint Etienne était notablement plus petite…

    1. Vous confondez tout M.Salva…et comme vous voulez ricaner, je le fais moi aussi …et je préfère la dictature capitaliste des élites (c’est quoi une élite ??) du bloc occidental…que le business mafieux du dictateur Poutine et ses oligarques corrompus tout en sachant que depuis Staline (35 millions de morts de faim et déportés au Goulag) n’ont réussi à dépasser un PIB plus grand que celui de l’Espagne…pour le plus grand pays du monde qu’est la Russie, c’est ballot !
      Puisque ici ont parle de voitures…l’infrastructure russe d’autoroutes est composé de deux autoroutes seulement dans tout le pays !! Pensez y et prenez des bouteilles de vodka pour célébrer, vous aurez l’espérance de vie de l’homme russe de dix ans de moins que l’homme occidental !!

  2. Tellement rapide que le prix des carburants a prix 5cts le lendemain matin de l’attaque de l’Ukraine par les russes à la station tatale pas loin de chez moi,

    1. Apparemment, il y a des rumeurs… Notamment venant des propos du président d’ORANO, qu’il y a partout des discussions qui pourraient déboucher sur un consensus global Européen de ne plus arrêter aucune centrale nucléaire pendant la crise que nous connaissons et jusqu’à qu’on trouve des solutions pérennes pour pouvoir les remplacer sans l’aide du pétrole et gaz venant de pays étrangers en dehors de l’Europe.

      1. L’enjeu serait les centrales nucléaires Belges, qui pourraient être prolongées de facto dans l’intérêt de l’Europe entière… En autres !
        Si nos amis Belges sont d’accord ? 😉

          1. J’ai réentendu le président d’ORANO, effectivement, ils parlent aussi de réactiver les centrales allemandes pendant qu’il est le temps… et de faire un effort de temps de guerre pour y arriver dans des délais brefs.
            … en faisant le 1/4 des efforts que font les Ukrainiens.

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