Pétrole : l’AIE prévoit un excédent majeur d’ici 2030

L’AIE prévoit une stabilisation de la demande vers fin 2030

S’exprimant dans le cadre de son rapport annuel sur le pétrole, l’AIE indique ainsi que la demande mondiale de pétrole devrait se stabiliser à 106 millions de barils par jour à l’horizon 2030, la capacité d’approvisionnement globale pouvant parallèlement atteindre 114 millions de barils.

« Alors que le rebond de la pandémie s’essouffle, que la transition vers les énergies propres progresse et que la structure de l’économie chinoise évolue, la croissance de la demande mondiale de pétrole ralentit et devrait atteindre son maximum d’ici 2030 », a ainsi déclaré Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE.

Une forte demande asiatique compensée par la hausse des VE

Si certes, l’AIE constate que la forte demande des économies asiatiques à croissance rapide comme l’Inde et la Chine, ainsi que les secteurs de l’aviation et de la pétrochimie devraient continuer de stimuler la consommation de pétrole dans les années à venir, elle estime toutefois que ces hausses en terme de demande seront de plus en plus compensés par différents facteurs tels que l’augmentation des ventes de voitures électriques, l’amélioration du rendement énergétique des véhicules thermiques (entraînant de facto une baisse de la consommation) et la diminution de l’utilisation du pétrole pour la production d’électricité au Moyen-Orient.

Selon le rapport annuel publié en avril dernier par l’AIE, les ventes de voitures électriques devraient poursuivre leur forte croissance en 2024, notamment en Chine.

Une réduction des marges constructeurs, une guerre des tarifs, la volatilité des cours des matières premières nécessaires à la fabrication de batteries, une forte inflation et la suppression de subventions à l’achat de VE dans certains pays comme l’Allemagne ont provoqué de l’inquiétude quant à la croissance du secteur.

La Chine, premier marché pour la vente de voitures électriques, est moins touchées et « les ventes mondiales restent solides », note toutefois l’AIE.

Cet accès de faiblesse se concentre cependant sur certains pays européens relève l’AIE. Au final, poursuit l’Agence la croissance de la demande devrait être limitée à une hausse de 4% d’ici à 2030, à 106 millions de barils par jour, contre 102 millions en 2023.

L’Agence prévoit que la demande de pétrole dans les économies avancées « devrait poursuivre son déclin engagé depuis des décennies, passant de près de 46 millions de barils par jour en 2023 à moins de 43 millions de barils par jour en 2030″, son niveau le plus bas depuis 1991, en dehors de la période de la pandémie de Covid-19.

Une surcapacité de production à prévoir

Mais si la demande ne devrait pas enregistrée une importante progression dans les six prochaines années, l’AIE s’attend parallèlement à une hausse de la production mondiale de pétrole.

Une situation issue tout à la fois de la politique menée par des pays producteurs non membres de l’OPEP+ (groupe réunissant le cartel de l’Opep et ses partenaires , tels que les États-Unis. Selon les prévisions de l’Agence, l’offre mondiale devrait dépasser la demande prévue dès 2025, entraînant un excédent qu’elle qualifie même de « stupéfiant » de 8 millions de barils vers la fin de décennie, « des niveaux jamais vus en dehors de la crise du Covid » prévient-elle.

Marchés et groupes énergétiques doivent se préparer à un excédent « stupéfiant »

Dans cet environnement d' »excédent majeur de l’offre », « les compagnies pétrolières pourraient vouloir s’assurer que leurs stratégies et leurs plans d’entreprise sont préparés aux changements en cours », a ajouté Fatih Birol.

L’Agence estime ainsi que les marchés doivent d’ores et déjà se préparer à une telle situation.

« Un tel excédent de capacités de production pourrait ouvrir la voie à un environnement de prix du pétrole plus bas, soulevant des défis difficiles » pour l’industrie américaine du schiste et le bloc OPEP+ dirigé par l’Arabie saoudite et la Russie, ajoute le rapport. Alors que gaz et pétrole sont les enjeux majeurs – plus ou moins avoués – des conflits actuels et passés, on peut donc craindre également une accélération des tensions internationales … si ce n’est déjà le fait …

Sources : AIE

(3 commentaires)

  1. Prévisible… avant même l’accélérateur du conflit ukrainien, j’avais eu l’occasion d’écrire ici ce que causerait l’électrification à marche forcée dans les transports et que ce serait comme toujours à la fin de la foire qu’on compterait les bouses.

    Le pendant de cette annonce, c’est que la tension va se reporter là aussi sans surprise sur la production électrique et que comme tout ce qui est rare est cher…

    Cette annonce est le miroir exact et mondialisé de celle d’Enedis qui avait envoyé il y a quelques mois son « tout va très bien Mme la marquise » d’il y a à peine plus de 2 ans au panier… en attendant la suite.

    AMHA, les tensions géopolitiques sur le pétrole vont au contraire logiquement diminuer avec la tension d’approvisionnement, pour se reporter sur tous ceux qui auront fait la bascule sans réfléchir pour, in-fine, affecter tous les usages d’une électricité dont ne sait se passer.

    Du citoyen mécontent au manque d’attrait (des pays qui auront poussé au VE trop vite) pour les gros consommateurs pour certains en forte croissance que sont industrie mais aussi data-centers/IA, les tensions géopolitiques possibles ne seront AMHA qu’indirectes (des relocalisations? Même pas en rêve sans énergie abordable!), mais niveau national cela pourrait être du brutal.

  2. Il est à noté que le Sénégal est devenu il y a quelques temps producteurs de pétrole et que d’autres gisements sont en train d’être mis en route.

  3. Les pays asiatiques nous font la démonstration qu’un parc de VE conséquent baisse considérablement la dépendance au pétrole !
    ET l’Europe ne produit, pour ainsi dire, PAS de pétrole… et nous avons en plus des problèmes de qualité d’air dans nos villes qui touche plus de 50 % de la population européennes.
    Il y a quand même un sacré alignement des planètes pour se débarrasser au maximum des énergies fossiles quand c’est possible… Et ne surtout pas attendre que les Asiatiques ne finissent par avoir le monopole da la supply chain de la VE …. Et ça à déjà commencer

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