Vers un déport de la production de Russie vers la Chine
Le géant des métaux Nornickel tente actuellement de déplacer des quantités importantes de production de la Russie vers la Chine, par ailleurs principal consommateur, afin de contourner les sanctions occidentales imposées à Moscou.
Si le projet aboutit, il s’agira de la troisième initiative majeure de ce type prise par Nornickel en 2024. L’entreprise est en effet en pourparlers pour transférer sa fonderie de cuivre en Chine. Elle prévoit également de construire une raffinerie de métaux liés au platine à Bahreïn.
Selon l’une des sources, la province de Hunan, dans le sud de la Chine, où sont basées de nombreuses entreprises chinoises du secteur des batteries, est considérée comme le site principal, mais aucune décision définitive n’a été prise.
Du nickel pour fabriquer les batteries pour VE
L’usine produirait du sulfate de nickel, une forme de nickel utilisée pour fabriquer des batteries pour véhicules électriques, à partir de la matte de nickel russe, un produit semi-fini. Selon l’une des sources, Nornickel serait prêt à fournir 50 000 tonnes de nickel par an, soit environ un quart de sa production annuelle actuelle, à la future usine. A titre de comparaison, la société a produit 209 000 tonnes de nickel en 2023, soit 6 % de la production mondiale.
Atténuer l’impact des sanctions
En mars dernier, Nornickel a déclaré qu’il allait chercher des moyens d’intégrer son nickel dans le secteur mondial des batteries, alors qu’il réorganise ses ventes pour atténuer l’effet des sanctions contre la Russie sur ses propres activités. Ne fournissant pas alors de plus amples détails.
Avant les sanctions prises à l’encontre de la Russie en 2022, Nornickel vendait principalement des produits raffinés fabriqués sur territoire russe.
Toutefois, les sanctions contre Moscou ont incité certains producteurs occidentaux à éviter de s’approvisionner en métal russe et à complexifier les paiements, incitant Nornickel à tenter de transférer certaines étapes finales de sa production en dehors de la Russie.
Les entreprises chinoises méfiantes
Reste que les entreprises chinoises ont peur du retour de bâton, se méfiant des risques liés aux sanctions. Elles pourraient ne pas vouloir travailler avec Nornickel en raison de son exposition au marché mondial de l’exportation, redoutant que les acheteurs occidentaux refusent les produits ayant un lien direct avec la Russie.
L’industrie chinoise des batteries s’approvisionne le plus souvent en nickel auprès du principal producteur, l’Indonésie, qui représente 42 % de l’offre primaire mondiale.
Précisons également que le marché mondial du nickel est excédentaire, la production primaire étant estimée à 3,55 millions de tonnes cette année.
Selon une des sources, la production de Nornickel constituera une source garantie de matières premières à long terme pour les entreprises chinoises qui ne possèdent pas de gisements de nickel en Indonésie.
CNGR Advanced Material et Brunp Recycling, une filiale du géant chinois des batteries CATL, feraient partie des entreprises approchées par Nornickel .
Toutefois, après publication de l’article, le directeur de la communication internationale chez CATL a indiqué qu’il n’y avait aucune discussion entre Nornickel et CATL ou l’une de ses filiales concernant une usine de nickel.
Sources : Reuters, CATL