Constructeurs auto : vive le télétravail généralisé ?

Le groupe PSA ne se cache pas de vouloir faire télétravailler un maximum de salariés hors production. Le mouvement peut-il faire tâche d’huile avec un télétravail généralisé ?

Le télétravail n’est pas une nouveauté en soi chez les constructeurs. Comme d’autres grosses entreprises, le phénomène existe mais restait jusqu’à présent l’exception. Surtout que tous les emplois ne sont pas « télétraillables ». De plus, il a fallu attendre que l’informatique et l’ADSL se diffusent presque partout dans la société pour que cela soit facilement possible.

Chez PSA, depuis 2017, le télétravail est envisageable pour près de 18000 personnes en France. Sauf qu’à priori, selon un sondage CFE-CGC, 51% des salariés qui peuvent télétravailler le font 1 jour par semaine. Cela tombe à 7% seulement dès qu’il s’agit de travailler 3 jours par semaine de chez soi comme les contrats le leur permettent.

Le télétravail est suspect pour certains managers

En France, il y a une réticence encore au télétravail. C’est entre autres du fait des encadrants qui pensent en majorité qu’en télétravail on travaille moins car on n’est pas surveillé. Mais, cela change. Déjà avec le recul il apparaît que le travail est toujours fait, et qu’en plus il y a moins de « pauses » diverses dans la journée.

Surtout, que ce soit en région Parisienne ou ailleurs, on évite l’écueil du temps de transport domicile-bureau qui peut aller de quelques dizaines de minutes à plus de 2h perdues en transport par jour ! Nombreux sont ceux qui, après y avoir goûté, ne veulent plus s’en passer. A l’inverse, certains ne souhaitent pas que ce soit généralisé. Ce sont souvent des personnes qui habitent dans un petit appartement, ou qui ont besoin d’être stimulés par la présence d’autres personnes et pour qui, les réunions à distance ne conviennent pas.

PSA songe fortement à passer à 3,5 ou 4 jours de télétravail pour les collaborateurs qui ne sont pas directement liés à la production. Sauf que cela ne peut se faire contre les salariés.

Le « grand confinement » a été une répétition grandeur nature de ce que pourraient être des entreprises avec un fort taux de télétravail. Les syndicats semblent s’accorder sur le chiffre de 3 jours par semaine qui serait un juste équilibre. Selon eux, un peu plus de la moitié des salariés seraient défavorables à la généralisation du dispositif. Cela laisse tout de même l’autre moitié qui y est favorable.

Et chez Renault ?

Chez le concurrent Français de PSA, Renault, le télétravail a débuté il y a plus de 15 ans. Au début, il s’agissait d’exception avec avenant au contrat de travail et jours fixes pour le travail à distance (souvent 1 jour par semaine). Depuis, les choses ont évoluées puisque les jours ne sont plus fixes ni imposés et que le télétravail est prévu dans le contrat de travail dès sa signature.

Evidemment, le télétravail impose quelques changements pour les entreprises et Renault n’y échappe pas. On ne travaille pas de chez soi avec son ordinateur personnel. Aussi, il faut donc équiper les salariés en ordinateurs portables. Mais, il est de plus en plus rare d’avoir des ordinateurs de bureau. Certains accordent – et ils ont raison – une grande importance à la sécurité en imposant le passage par un VPN (réseau privé virtuel) sécurisé. Il ne faut pas que le télétravail crée des trous de sécurité.

Et cela impose également de mettre en place des mesures et des alertes en fonction de l’absentéisme, du décrochage, de la productivité, mais aussi des accidents du travail (oui de chez soi cela existe aussi). Bref, un télétravail généralisé serein ne s’improvise pas. Espérons que nos constructeurs en aient bien conscience.

Des locaux moins grands

L’un des avantages pour les entreprises à avoir un taux de télétravail important, c’est qu’en moyenne, cela fait baisser le besoin en locaux. Pour cela, il faut s’organiser pour que tout le monde ne vienne pas au travail le même jour. Mais, il faut surtout imposer que les bureaux individuels disparaissent peu à peu au profit de bureaux partagés. En clair, le lundi c’est Monique qui est là, mais le mardi c’est Robert.

C’est ce que l’on appelle le « flex office » ou « desk sharing », soit bureau flexible en bon français. Fini le bureau décoré de la photo des enfants, du dessin du petit dernier ou de la carte postale des dernières vacances.

Attention, le desk sharing impose un emploi du temps cadré au cordeau. En effet, vu que le nombre de places est plus limité, impossible d’arriver le matin au bureau à l’improviste. Les entreprises s’organisent donc avec des agendas. Un cadrage qui peut être contraignant pour certains. L’absence de « son » bureau est aussi mal vécue par de nombreuses personnes qui se sentent encore plus anonymisées dans l’entreprise : un numéro parmi d’autres.

Pour les entreprises, outre des frais fixes qui baissent, des locaux moins grands permettent de se mettre en avant. En communication, on appelle cela la « réduction de l’empreinte immobilière » que l’on dérive très vite en « réduction de l’empreinte carbone ». Vraiment ? Pas certain.

Des inconvénients et coûts pour les salariés

En effet, un salarié qui part au travail a tendance à baisser son chauffage en journée. Il n’allume pas la lumière et ne consomme pas l’électricité de son ordinateur. A l’inverse, un salarié en télétravail a tous ces coûts à supporter. Il dépense toutefois moins en transport. Certaines entreprises prévoient des compensations financières par jour à distance. Cela prend souvent en charge l’électricité, le chauffage, une partie de l’abonnement à internet, etc.

Mais, ce chauffage ou cette électricité qui sont consommés par le salarié à distance, ils sortent du cadre pour l’entreprise. Ainsi, la réduction de l’empreinte carbone est en trompe-l’œil. Cela ne prend pas en compte cet ajout d’empreinte carbone du salarié à domicile. En revanche, il est certain que ce sont des millions de kilomètres de transport qui seront économisés (et donc de l’énergie et donc de la pollution) si la proportion de télétravailleurs augmente. Et si la nouvelle mobilité du quotidien était de rester chez soi ? Pas très vendeur pour de nouveaux véhicules si ?

Pour les constructeurs automobiles, le télétravail est déjà effectif. La crise de la Covid-19 aura été un accélérateur pour augmenter la part de travail hors du bureau. C’est un gain financier appréciable en ces temps de crise automobile. Mais, les gains par cette voie ne seront pas suffisants pour éviter la casse sociale qui s’annonce dans les usines en France (et dans le monde). Pour les constructeurs, les emplois « télétravaillables » vont vite être limités, les salariés étant surtout dans les usines, physiquement présents. De plus, la sécurité informatique à renforcer pour certains va être un coût. Il faudra voir sur le long terme.

Le télétravail, oui mais…

Philosophiquement, le télétravail creuse encore plus le fossé entre les cols bleus et les cols blancs. En effet, les ouvriers ou salariés en rapport direct avec la production ne peuvent pas travailler à distance. Les cadres, eux, le peuvent et ainsi bénéficient d’un cadre de vie encore plus agréable avec la souplesse du travail à distance, l’absence de temps de transport, etc.

Mais, toute médaille à son revers. Et les syndicats de rester en alerte. Il ne faudrait pas que le télétravail soit la première étape à un travail délocalisé. Après tout si vous pouvez travailler de chez vous, rien n’empêche de délocaliser votre travail dans un autre pays.

(37 commentaires)

  1. « en région Parisienne ou ailleurs, on évite l’écueil du temps de transport domicile-bureau qui peut aller de quelques dizaines de minutes à plus de 2h perdues en transport par jour »

    A 95% cela concerne la région parisienne ! région ou sont situés la grande majorités des sièges sociaux francais ! et c’est bien dommage ! car en allemagne, chaque grande ville a le potentiel d’un paris, et je peux vous dire que pour nous, fans d autos, Stuttgart est un vrai plaisir !
    avec des loyers qui sont restés « raisonnables »compte tenu des salaires, ttes classes sociales confondues

    1. Ça y est les avions volent à nouveau……
      Cette pollution sonore recommence…….

      ?

      Il n’y aura pas de nouveau nouveau monde……

      RIP

      1. Faites vous partie des groupes de propriétaires qui ont acheté un terrain ou une maison à moitié prix car à proximité d un aéroport en sachant pertinemment les nuisances sonores induites ou pire encore, un supporter des extrémistes ( j appelle plutôt ça des terroristes ) ecolo qui ont envahi Orly? Vous avez profitez du calme des 3 mois d arrêt du transport aérien, mais il faut être doux rêveur pour croire que le trafic aérien n allait pas reprendre petit à petit, et temps mieux pour les professions qui y sont rattachées

    2. RP = Ile de France = C’est grand.
      Pour rappel, y’a plus de 50% de la superficie de la RP qui est en milieu rural…
      Je vis très bien dans ma campagne ! (en RP donc) En plus la vie est un peu moins chère qu’en ville…

  2. Les syndicats sont a l’ouest, il y a deja des tacjes délocalisées dans les payas low cost dans pas mal d’entreprise.
    Et avec les moyens actuels, il est assez facile de teletravailler, je pratique déjà
    C’est la qualité du travail et la connaissance de l’entreprise qui fait que le travailleur francais a un avantage sur celui externalisé

    1. « La connaissance de l’entreprise qui fait la différence », peut-être, aujourd’hui. Mais demain qui aura la connaissance de l’entreprise si tout les cols blancs sont en télétravail et donc « étranger » au personnel de l’entreprise??? Il faut absolument continuer à travailler dans l’entreprise, il en va de la sociabilité et surtout de la qualité des échanges qu’un écran ne peut pas donner.

    2. Au Venezuela ? En Corée coupée ? Dans une base chinoise du côté obsur de la lune ? Vite vite où sont les pompiers

  3. Dans un très grand groupe françaistélétravail 2j/sem maxi, bientôt bureau partagé avec 80% de sièges. Avant on été indemnisé mais c’est fini. L’écart col bleu col blanc c’est un problème. On est très implanté en province, ça marche partout.

  4. Étrangement, un autre blogueur avait cloué au pilori PSA car ils comptez recourir, un peu plus au télétravail.

    Ici le commentaire est plus nuancé.

  5. « On ne travaille pas de chez soi avec son ordinateur personnel. »
    Avec le développement de la virtualisation des postes de travail et du SaaS c’est de moins en moins vrai.

    1. Légalement c’est difficile…côté assurances, c’est pire 🙂
      On peut en revanche autoriser un salarié à utiliser son ordi pro pour du perso (avec précautions).
      Le BYOD (Bring your own device) est très glissant en termes de sécurité, de vie privée, d’assurance, etc.
      Cela n’empêche pas le phénomène d’être très répandu (mais il ne faut pas s’étonner des piratages).

      Il y a plusieurs décisions de justice en ce sens, et il y a aussi un article du code du travail :
      https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000018531559&cidTexte=LEGITEXT000006072050&dateTexte=20080501

      Certains jouent sur le fait que c’est le salarié qui veut utiliser un matériel qu’il connait, etc.
      Mais…

      Le confinement a démontré une grande impréparation de grandes entreprises au télétravail, mais de l’état aussi.
      Il y a même des administrations où les employés sont partis avec leur ordis de bureau sous le bras…et pour qui les espaces partagés, sécurisés, etc. n’existaient pas (donc envoi de documents confidentiels via wetransfer et compagnie…).

      Renault par exemple a une charte du télétravail. Sauf erreur ils demandent même à ce que le salarié aie un endroit spécifique pour télétravailler.
      En gros, pas de son canapé ou de son lit mais à un bureau ou une table qui fait office de.

      1. @Thibaut, Je ne vois pas en quoi ton lien va à l’encontre du SaaS et de la virtualisation du poste de travail.
        Tout ça se prépare, le confinement nous est tombé dessus sans prévenir, beaucoup n’étaient pas prêt et ont fait du télétravail « à l’arrache ». L’article parle de mettre ça en place de manière durable. Il existe des systèmes qui permettent de travailler sur n’importe quel matériel sans avoir aucun lien avec le matériel, tu choisis si tu laisses un lien entre le poste de travail virtuel et les clef USB ou les imprimantes installées sur la matériel personnel de l’employé. Tu peux même donner accès à un Windows 10 depuis l’iPad de l’employé si il n’a que ça.
        Tout ça existe aujourd’hui, il faut avoir les moyens et les compétences en interne, ou alors on sous-traite, mais c’est possible.

        1. Selon la loi, l’entreprise doit fournir les éléments pour le travail au salarié.
          De fait, un salarié n’a théoriquement pas le droit d’utiliser son propre ordinateur personnel, même en utilisant des SaaS, connexion SSH, poste virtuel, etc. Le matériel reste le sien et cela pose des soucis d’assurance et de légalité. Il en va théoriquement de même avec les mobiles.
          Mais je le reconnais, la frontière est ténue entre ce qui est permis, toléré, réel. et c’est encore plus vrai depuis la « loi travail II » ou « ordonnances Macron ».
          Désormais, on considère que accepter qu’un employé utilise un device perso c’est « lui fournir un moyen nécessaire à l’exécution de son travail ».

          Les entreprises ont bien à perdre avec le BYOD. Entre les failles qui s’ouvrent et les pbm de non séparation de vie privée/vie professionnelle, il y a des arrêtés qui tombent régulière (cours de cassation).
          L’un des arrêtés qui est souvent méconnu des salariés, est que si on se sert d’un appareil personnel pour son travail, alors l’entreprise a le droit légal de contrôler (ie fouiller) le-dit appareil du moment que le salarié est présent ou qu’il a été informé…et donc cela peut aller loin (téléphone, clé USB connectée, etc.).

          En informatique ou en bureautique, cela semble tellement « évident » de pouvoir utiliser son ordi ou son mobile perso que personne ne se pose réellement la question.
          Maintenant transposez cela à un chantier par exemple : est-ce que l’on autorise un employé à utiliser sa perceuse personnelle sur un chantier ? 😉

          La question du BYOD est bousculée par la vie quotidienne avec un taux d’équipement personnel qui explose (ordi ou smartphone).
          Mais ce n’est pas parce que c’est pratique que c’est légal 🙂

          SaaS, virtualisation, cloud, etc ne sont pas liés au fait d’utiliser ou non un device perso pour le boulot 😉

    2. C’est certainement une condition de sécurité !! Mais dans la mesure où ce concept est assez élastique on fait avec !!
      Avant avec les systèmes étatiques on pouvait parler de continuité territoriale par exemple. De gestion sur des territoires pour la monnaie ou l’armée. Ce n’est plus vrai actuellement puisque la base est l’entreprise trans-nationale !!
      Les USA ne respectent pas les autorités transnationales étatiques. C’est un fait ils s’en retirent puisqu’ils utilisent des systèmes privés par exemple pour des bandes armées véritables armées privées.
      1) Le problème pour nous c’est qu’ils sont incapables de mettre ce concept sur la table.
      2) Il existe visiblement plus fort qu’eux actuellement

      1. J’espère que Seb à compris que pour du télétravail. CAD entre les postes « à la maison » d’une entreprise qui ne respecte plus les frontières nationales par essence et un système pourri de télécom qui utilise des adresses IP pseudo étatiques on laisse les coffres ouverts.

        1. @retrouvé le retour, forcément, si tu ne sais pas fermer ton coffre, c’est plus compliqué de travailler de manière sécurisé. Arrête d’aller voir le garagiste du coin dans son bouiboui et va voir un vrai pro, tu vas voir que la sécurité existe, mais il faut y mettre le prix et accepter certaines contraintes.

  6. Et le télétravail massif, est-ce un prélude au freelance généralisé ?
    Et soyons clair, là ça devient une autre histoire…

  7. Ben PSA y voit surtout une occasion avant fusion d’isoler ses salariés pour en pousser certains vers la sortie. Sous prétexte de télétravail… ben ça va dégraisser. La majorité des salariés de PSA vivent très mal cette situation!

    1. Sam, tu prends un peu contact avec les sponsors des article pour faire tourner la marmite

    2. et surtout une occasion de faire partir un peu plus vite les cinquantenaires qui pour bcp sont encore un poil largués avec les nlles techologies….
      Oh, comment brancher sur le réseau du bureau à domicile …..comment marche Teams et comment marche la tablette de mon suv de fonction MDR
      n’oubliez pas que tte une génération part à la retraite et que la nlle devra (et fait déjà) faire avec le télétravail

      1. @Gustave
        Soyons humble, les cinquantenaires ont conçu et démocratisé une grosse partie des nouvelles technos d’aujourd’hui à partir des microprocesseurs (1971), les ordinateurs personnels (les premiers Apple datent de 1976/77 et Microsoft de 1976, la souris et l’interface graphique en 1984), l’internet (ouvert au commerce en 1992, Google en 1998), etc.
        Bref, tous les « digital native » surfent sur ce que la génération précédente a semer et développé et leur a fourni !

        C’est bien arrogant de penser que parce que les cinquantenaires sont des vieux débris bons pour la casse.
        Ceux que je vois dans mon monde professionnel sont à l’aise avec les dernières technos et les réseaux sociaux. Ils auraient même tendance à moins s’y disperser pour produire plus et être bien plus vigilants sur la sécurité notamment.

        Il ne suffit pas de dire « Ok, boomer » pour conchier tout ce qui a plus de 45 ans, comme si les cinquantenaires étaient la génération 68…

        1. oui, les cinquantenaires qui à l’époque des années 80 se sont intéressés à l’informatique dès le départ, c est à dire pas grand monde 🙂 ceux la sont largement à l’aise
          Bcp d’autres ont été obligés de subir et de s’adapter malgrès eux.

          1. @gustave, il n’y a pas que les cinquantenaires qui peuvent avoir du mal avec l’informatique, les gamins ne sont pas mieux.
            https://nicolaslegland.wordpress.com/2013/08/15/les-enfants-ne-savent-pas-se-servir-dun-ordinateur/

            @AQW, ce sont les cinquantenaires d’aujourd’hui qui ont créé les bases de l’informatique mais ce n’est pas pour ça qu’ils sont tous à l’aise avec l’informatique ou les nouvelles technologies.
            Le problème est présent dans toutes les générations, ça se voit très bien en entreprise où on a un public très varié. Chez nous, on a des gens de 30/40 ans réfractaire au changement et d’autres proches de la retraite qui sont très à l’aise avec tout ça.

          2. @gustave @AQW
            attention, un cinquantenaire, c’est l’anniversaire d’un événement survenu 50 ans plus tôt.
            Les personnes qui ont entre 50 et 60 ans, ce sont des quinquagénaires 😉

            Sinon je suis plutôt d’accord avec AQW : si un poste de travail est « télétravaillable », c’est que celui qui tient le poste est apte à utiliser les outils informatiques mis à sa disposition. D’un point de vue informatique, il n’est pas plus compliqué de télétravailler que de travailler au bureau : c’est à l’entreprise de faire en sorte que cela soit « transparent ».
            D’ailleurs d’un point de vue plus général dans la société, la fracture numérique ne touche pas uniquement les plus anciens. Certaines personnes savent un peu près utiliser un smartphone pour les usages basiques mais sont incapables d’utiliser un ordinateur pour des usages basiques (envois de mail, surf internet etc…).

  8. Une vision angélique du télétravail… Les RH ont officieusement des mouchards et constatent souvent l’inactivité des salariés. Les français sont pour beaucoup hélas des paresseux.

  9. Personne ne me fera croire qu’un cadre en télétravail travaille autant chez lui que dans son entreprise.
    Si vous n’avez pas ce qu’on les entreprise en tête – un dégraissage massif des improductifs, vous n’avez rien compris.

    1. Les études sur le télétravail forcé (et désorganisé souvent) pendant le grand confinement montrent une perte de productivité de 1%.
      Les études faites sur le télétravail voulu et en dehors de cette urgence qui nous a frappés montrent que la productivité augmente par rapport à celle du travail.
      Les raisons ? La première est la non perte de temps dans les transports. Les gens conservent leurs habitudes de réveil (car il y a souvent l’école des gamins, etc.) et se retrouvent prêts pour le boulot des dizaines de minutes avant leur heure d’arrivée au boulot habituellement.
      Ensuite, pendant la journée, il apparaît deux phénomènes intéressants :
      – pas ou peu de pause thé/café/clopes. Il n’y a pas le phénomène du collègue qui passe pour une pause.
      – pas de dérangement intempestif. Avec le télétravail, ceux qui ont une question ne passent pas la tête par votre bureau et envoie un mail, un slack, un sms, un skype, etc. Résultat pour le télétravailleur, une meilleur concentration non entrecoupée.

      Pendant le confinement, il y avait une donnée perturbatrice du télétravail….les enfants étaient aussi confinés 🙂
      En revanche, le télétravailleur doit soigneusement s’organiser…sinon le risque de confusion vie privé/vie professionnelle est très grand. Dans un premier temps, la productivité s’accroît (en gros on travaille tout le temps) mais ensuite le risque est grand de voir le salarié « exploser ».
      On considère souvent (les psy et autres) que 2 à 3 jours par semaine est le max avant de devoir redoubler de vigilance auprès des télétravailleurs (et donc c’est contreproductif).
      Là chez PSA par exemple, on serait à 3,5 à 4j…les collègues de travail disparaisse derrière des individus esseulés.

      Selon le cabinet Greenworking, la productivité est améliorée de 5 à 30% avec le télétravail.
      Selon Obergo et la CFDT Cadres, pour 86% des télétravailleurs, cela a eu un effet bénéfique dans leur travail. Là encore, le stress des transports est le 1er point souligné (en moins), avec des gains sur la fatigue physique et mentale. Mais, pour bcp, cela passe aussi par une augmentation « de la charge de travail » et donc de la productivité.

      Mais tout ceci n’est pas vrai pour tout le monde. Pour certains, ne pas sortir du même endroit est une source de stress, de même que de ne plus voir les collègues (le fameux effet numéro).
      Pour d’autres, c’est une libération (pas de blague sexiste, remarque désobligeante, limite raciste, etc.) Et dernier « miracle », on s’aperçoit que les réunions en ligne durent moins longtemps que les « en vrai » et sont plus productives. Diantre 🙂

      1. @Thibaut : je veux bien croire ces chiffres après tout.
        Sauf que je vois toujours un loup : le télétravail étant par nature dématérialisé, qu’est-ce qui va empêcher les entreprises d’embaucher du personnel… à l’étranger pour faire les mêmes tâches, payés 2 fois moins cher ?
        Du personnel formé et parlant français il y en a beaucoup au Maroc, au Sénégal, en Tunisie.
        Plus les auto-entrepreneurs qu’on ne verra jamais et qui n’existeront que dans les dossiers du DRH.
        Vous croyez tous que le télétravail salarié va se généraliser en France, c’est un leurre. La boite où je travaillais a essayé il y a une quinzaine d’année le boss a fait arrière toute : les plus mauvais élèves étaient les cadres sup d’ailleurs, qui partaient au golf (véridique) en plein milieu de semaine.
        Au bout d’un moment sans pression hiérarchique le relâchement commence et c’est dans la nature humaine. Quant aux mouchards informatiques, ils valent ce qu’ils valent : peanuts.

      2. Il y a aussi d’autres études , notamment aux USA, qui ont montré que sur le moyen / long terme, la généralisation du télétravail entrainait une démotivation, une baisse de productivité des salariés concernés, et parfois une démission même de l’entreprise (ce qui est parfois recherché par l’entreprise d’ailleurs… )Donc attention aux conclusions sur des études parfois contradictoires !

        1. @Losros92 : c’est évoqué en dernière partie d’article 😉
          Attention à la démotivation ou au « décrochage » (mot à la mode en ce moment).

          La loi impose un entretient annuel (minimum) avec le salarié pour évaluer la pertinence du télétravail, etc.

  10. Tout le monde bénéficie du télétravail, même les ouvriers qui vont à l’usine !
    Moins de monde sur les routes et dans les transports en communs arrivés en sur-saturation… Aujourd’hui sans repartir les entreprises un peu partout en France au lieu de se concentrer uniquement sur le centre de la RP, on peut pas continuer sans solution alternative.

    Après télétravail à 100% je ne suis pas pour, mais à 50% oui.

  11. Merci pour cet article consacré à une thématique rarement évoqué dans ce secteur (plus celui du tertiaire). Il y a aussi un élément à prendre en compte pour tout télétravailleur : la sécurisation du poste informatique. Hé oui car une intrusion informatique par mauvaise manipulation (ou visite de site interdit) ou un vol physique de l’outil de travail peut avoir une conséquence pour l’entreprise et l’employé (surtout en matière de données stratégiques). Le département SI de toute entreprise doit par conséquent préparer l’ordinateur portable ET le salarié à fonctionner en mode autonome : ce n’est pas toujours simple à mettre en oeuvre comme à suivre, et ça nécessite quelques rappels à l’ordre et des audits répétés du parc informatique. Je parle en connaissance de cause sur ce sujet. Et enfin, même si je suis très favorable au télétravail, il faut se garder de l’imposer car effectivement, l’article le mentionne à juste titre, certains employés peuvent développer des réactions psychologiques négatives amenuisant leur productivité (pour schématiser, sentiment d’abandon ou de placardisation pour parler vulgairement).

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