Les notes ne prennent pas en compte seulement les performances brutes et le classement au championnat mais aussi le ratio entre le potentiel, les attendus de l’équipe et les résultats concrets obtenus.
Mercedes encore über alles*
avis du conseil : c’est excellent ! quel sérieux et quel état d’esprit ! Malgré vos facilités et votre très fort potentiel, vous ne vous êtes pas endormi sur vos lauriers et vous cherchez toujours à vous améliorer. Continuez ainsi ! 19/20
6e titre consécutif, comme Ferrari sous l’ère Todt. L’entame de la saison a été stratosphérique, avec des doublés enfilés comme des perles. La concurrence s’est finalement réveillée et l’étoile a un peu pâli à la reprise post-estivale, mais en assurant toujours de gros points quand cela était nécessaire. Toutefois, Mercedes a montré encore une fois qu’elle disposait du meilleur ensemble voiture-pilotes-stratégie. Le moteur Mercedes ne domine plus comme avant, mais le châssis est excellent partout, très homogène. Surtout, une forme de sérénité, même dans l’adversité, se dégage du team, que ce soit dans sa gestion des weekends ou dans sa communication. Mercedes a connu quelques couacs (Allemagne, Brésil) mais aussi des coups de génie stratégiques (Hongrie). Si l’avenir demeure incertain pour 2021, Mercedes compte bien exploser encore les records l’an prochain.
* « par dessus-tout », comme dans le 1er couplet de l’hymne allemand, qui n’est cependant plus chanté aujourd’hui en raison de son caractère controversé.
Ferrari, comedia dell’arte, acte 2897
avis du conseil : le potentiel est énorme mais gâché par de la dispersion et un manque de concentration stratégique. Néanmoins, les progrès du dernier trimestre doivent vous redonner confiance. 11/20
La Scuderia semble enfermée dans une boucle temporelle, faite d’espérances suivies de ratages qui donnent de l’eczéma. Le spectre du début des années 90 resurgit. Binotto a déclaré que la saison a été perdue « dès la conception de la voiture », avec une approche aérodynamique qui a foiré la 1ère moitié de saison. Pourtant, le développement a été bon, et Ferrari est devenue la voiture à battre à la reprise de septembre. Rapide sur un tour, mais plus capricieuse avec les gommes aussi. L’aéro a néanmoins bon dos. Ferrari a montré surtout une énorme fébrilité, qui s’est traduite par des erreurs stratégiques à répétition (3 victoires « seulement » pour 9 poles), des arrêts aux stands souvent compliqués, une cacophonie de consignes qui a contribué à attiser la rivalité Leclerc/Vettel, et justement une gestion des pilotes plus que douteuse. Tout ça mis bout à bout laisse un goût amer, car la 2e partie de la saison a montré que la SF71 n’était pas une poubelle, avec un moteur exceptionnel.
Red Bull donne des ailes à Honda
avis du conseil : un travail sérieux et solide, avec de la détermination et de l’ambition, mais ne doit négliger aucune voiture. 16/20
Qu’allait donner l’association avec Honda, qui sortait d’un partenariat cauchemardesque avec McLaren ? Et bien, c’est une belle réussite ! Honda a fait d’énormes efforts (techniques et budgétaires) pour faire évoluer son V6, qui a montré en fin de saison un niveau de puissance très proche des références. Le « Jipitou engine », c’est du passé. De son côté, Red Bull a encore produit un châssis de très grande qualité, exploité à merveille par un Max Verstappen de très haut niveau. Et sur les stratégies comme les pit-stops (avec une succession de records), c’est quasiment du sans faute. Sur la fin de la saison, Red Bull annonce-t-elle un match serré contre Mercedes en 2020 ? Il faudra cependant que l’écurie autrichienne soit capable de traiter équitablement ses deux voitures, ce qui n’a pas été le cas cette saison. Verstappen a reconnu à demi-mot que Red Bull s’était focalisé sur une seule voiture, la 2e Red Bull faisant quasiment office de laboratoire: il était clair que Pierre Gasly n’avait pas l’entière responsabilité de ses mauvaises performances sur la 1ère moitié de saison.
McLaren, la résurrection
avis du conseil : a fait de sensibles efforts pour surmonter ses lacunes en châssis et a réalisé une très belle progression, c’est encourageant pour la suite. 15/20
La firme de Woking n’avait pas fait aussi bien depuis la 3e place en 2012. Fini le purgatoire avec Honda, fini les moqueries, fini l’ère Alonso et ses crispations. L’écurie a retrouvé la sérénité et a produit un très bon châssis. Elle a bénéficié également d’un V6 Renault qui, à défaut d’être fiable, fut très performant. Le duo de jeunes pilotes Carlos Sainz Jr-Lando Norris s’est révélé très efficace, sur la piste comme en dehors. Les renforts arrivés en cours d’année, dont celui de James Key, peuvent laisser entrevoir de belles choses dans le futur.
Renault, la quadrature…du losange
avis du conseil : c’est dommage et décevant ! Les efforts entrepris l’an passé ne se sont pas maintenus, en dépit d’un certain potentiel moteur. Il faut utiliser à bon escient la prise de parole et accentuer le travail personnel, notamment dans le châssis, le management et la communication. 9/20
Régression pour l’écurie usine, qui devait en 2019 renouer avec des podiums et vendait du rêve avec le recrutement de Ricciardo. Le moteur a certes encore fait des siennes (la double panne gag de Bahrein) mais il a énormément progressé et a atteint un très bon niveau de performances, tout le contraire d’un châssis raté, à la fois conservateur et loupé dans son concept aéro. Les Renault ont fait l’oscilloscope en performance, passant d’une course à l’autre du Top 5 au presque fond de grille. La question du budget – sensiblement inférieur aux autres teams usine- se doit d’être soulevée, tout comme celle du management de Cyril Abitboul. La méthode Coué ou la politique de l’autruche ne durent qu’un temps. Renault doit prendre l’envergure d’un top team et remettre de l’ordre à Enstone où se situe la partie châssis. De plus, 2020 risque d’être une année couperet pour le team F1, car le groupe Renault réexaminera, à l’aune de sa situation marketing et financière, le bien fondé du projet.
Toro Rosso, la reine des opportunités
avis du conseil : n’a pas de facilités mais se montre persévérant dans l’effort et animé d’un très bon état d’esprit, agréable. A obtenu quelques résultats très positifs qui sont encourageants pour la suite. 14/20
L’écurie « bis » de Red Bull n’en a que le statut, car elle réalise de véritables prouesses avec les moyens dont elle dispose. Et ce qu’elle a de moins financièrement et techniquement par rapport à la maison mère, elle l’a en plus humainement ! Une voiture bien née, une équipe rodée et soudée qui fait peu d’erreurs et surtout une sacrée propension à saisir au bond les opportunités ! Sur les deux courses folles de l’Allemagne et du Brésil, on a eu à chaque fois une Toro Rosso sur le podium. Elle a perdu Albon mais a retrouvé un Gasly revigoré, qui a su rebondir après son éviction de Red Bull, alors que Kyvat, toujours tenté de faire la torpille, a également ramené des points. Au final, l’héritière de Minardi ne termine qu’à 6 longueurs de Renault !
Racing Point, merci Sergio !
avis du conseil : un travail correct et régulier, mais sans plus. Il faudra intensifier les efforts à l’avenir et essayer d’avoir deux voitures performantes pour optimiser vos chances de réussite. 11/20
C’était déjà en soi une victoire que l’équipe, quasiment au bord de la banqueroute en 2018, soit sur la grille, grâce à Papa Stroll. Mais c’est Sergio Perez qui sauve les meubles en piste, grâce à son opiniâtreté et ses performances en course. L’écurie a été plutôt stable tout au long de l’année, sans coups d’éclat ni réel passage à vide.
Alfa Romeo, un cœur sportif mais qui s’essouffle vite
avis du conseil : Un travail convenable mais plutôt irrégulier. Il faut essayer de maintenir les efforts de développement tout au long de l’année et ne pas se décourager. 11/20
L’écurie italienne a bien entamé la saison, avec une voiture assez performante et un Kimi Raikkonen frais comme à ses débuts. Puis le manque de développement s’est fait sentir, Alfa Romeo est rentré dans le rang…jusqu’au grand prix du Brésil où Kimi et Giovinazzi ont signé un beau tir groupé aux 4e et 5e places. Comme ce fut souvent le cas avec Sauber par le passé, l’écurie possède un certain savoir-faire technique et un véritable capital sympathie, mais a du mal à tenir l’effort sur toute une saison.
Haas…ommoir
avis du conseil : quelle année brouillonne ! où sont passés les efforts et les espoirs entrevus l’an passé ? Votre travail de développement a été très confus et il faudra surmonter les difficultés de compréhension dans la gestion des pneus et des pilotes. Ressaisissez-vous et faites attention à ne pas vous laisser dissiper par de mauvaises fréquentations. 5/20
Les dieux leur sont tombés sur la tête ! Comment peut-on terminer la saison, en bout de développement, avec une voiture plus mauvaise que celle des essais de pré-saison ? Entre le chat noir de Romain Grosjean, les accrochages entre pilotes, le gag de l’affaire Rich Energy et une voiture totalement incompréhensible et impossible à faire performer, 2019 a été un chemin de croix pour le team américain, qui sortait d’une saison 2018 prometteuse. Il aura fallu plusieurs mois d’insistance de Romain Grosjean pour que Haas reconnaisse ses erreurs et revienne en arrière sur le packaging de la monoplace. Comme quoi, acheter « clés en mains » du matos Ferrari ne suffit pas.
Williams, peuchère !
avis du conseil : c’est une année très difficile. Des efforts ont été fournis pour surmonter les énormes lacunes et le retard accumulé, mais ils n’ont pas suffisamment porté leurs fruits. Il ne faut pas se décourager ! 5/20
Pour la 2e année consécutive, Williams enregistre le plus mauvais classement au championnat de son histoire (ah oui pardon, non classé en 1976) avec…1 point marqué ! Le fiasco des essais hivernaux, avec une monoplace en retard, avait donné la tendance. Certes, l’équipe a fait des efforts et a un peu comblé son retard de performance sur le fond de grille, mais cela fait quand même peine à voir quand on se remémore le passé. Si le V6 Mercedes donnait encore un petit coup de pouce l’an passé, il n’apporte plus la même valeur ajoutée et ne peut masquer les carences du châssis. On peut légitimement s’inquiéter à long terme.
Images : flickr
Je trouve la note un peu dure envers McLaren, quand on voit où ils étaient l’année dernière.
Allez au doigt mouillé… et si 2020 était la dernière année pour la F1 ?
A l’heure ou Mercedes est en train d’investir des milliards pour électrifier toute sa gamme de voitures, je ne voit pas l’intérêt pour eux de continuer en F1 avec du thermique hybride simple.
Même s’il gagne la course, une fois dans les magasins, le commercial aura l’objectif de vendre une voiture hybride rechargeable ou full électrique rechargeable.