La décision entérinée par Renault de mettre fin à son programme moteur en Formule 1 est évidemment un choc, une déception et une colère partagées. Mais au-delà de l’aspect émotionnel, l’impact est également concret, avec une menace sur les emplois et des conséquences pour les nombreux sous-traitants travaillant pour Viry-Châtillon,
Parmi tous ces fournisseurs, c’est évidemment Mécachrome qui vient à l’esprit, le partenaire historique de Renault en F1 pour l’assemblage des moteurs. Mécachrome a été de toutes les aventures : l’épopée du turbo jusqu’en 1985, l’épopée victorieuse du V10 dans les années 90, la transition sous l’ère « Supertec » puis le renouveau en 2001 avec le retour de Renault comme constructeur, et qui est resté motoriste jusqu’à nos jours, même quand l’écurie avait disparu (en 2010).
Une fuite de cerveaux à prévoir
Le président de Mécachrome était ce mardi à Aubigny-sur-Nère, dans le Cher, où il a rencontré les syndicats. La direction a notamment communiqué aux syndicats la lettre que leur a envoyée Renault. Les termes sont clairs et nets avec l’annonce de l’arrêt immédiat du projet 2026 : « Arrêt du RE26 à ce jour, confirme Stéphane Carré, délégué Force Ouvrière. Cela veut dire qu’il va falloir reclasser les salariés concernés. Ils devront faire un autre job. Il ne nous a pas parlé de licenciements pour l’instant. On va rester très vigilants. »
« C’est une catastrophe. Nous ne savons pas encore comment la direction de Mecachrome va réagir, néanmoins nous allons perdre un grand savoir-faire. Notamment pour les salariés au niveau du montage et banc d’essai. Ce sont des passionnés de sport automobiles, ils vont partir » précise Stéphane Carre, Délégué syndical FO Mécachrome
Un impact non négligeable sur le CA
Mécachrome, en charge des assemblages et essais sur banc, reconnait que l’arrêt du moteur F1 aura un fort impact sur son chiffre d’affaires (qui représente environ 14%). L’usine d’Aubigny-sur-Nère travaille certes à 80% pour l’aéronautique, un secteur qui se porte bien, mais l’usine n’a jamais retrouvé les cadences d’avant covid. Ses effectifs sont passés de 550 personnes à seulement 418 aujourd’hui. « Heureusement, nous sommes multi-activités, analyse Maxime Sauvé, représentant CFDT, mais cette décision de Renault est un gros coup dur pour notre usine. C’est une activité en moins et la réorganisation des ateliers ne sera pas forcément simple à mener. »
L’activité de Mécachrome en sport automobile ne se limite pas à la Formule 1, puisque l’entreprise produit également les moteurs V6 Turbo destinés à Alpine en WEC ainsi que les blocs moteurs qui équipent les monoplaces de F3 et de F2, dans un contrat qui n’a cette fois-ci rien à voir avec Alpine. Crée en 1962, l’usine d’Aubigny-sur-Nère travaille pour la Formule 1 depuis 1977. Pour autant, l’essentiel de l’activité se porte sur l’aéronautique, le spatial et la défense. Mecachrome fabrique des pièces de moteurs d’avions pour les grands donneurs d’ordre de l’aéronautique comme Airbus, ou encore des pièces essentielles pour les réservoirs de la dernière fusée Ariane.
Source : FO Mécachrome, Mécachrome (site web)