Né à Hamamatsu en 1909, Yutaka Kagayama est rentré chez Nissan en 1935 après des études à l’université de Keio. Il fut d’abord chargé de promotion et de publicité, une tâche dans laquelle il excella, inaugurant la méthode toujours très utilisée aujourd’hui de l’utilisation de stars pour promouvoir sa marque. il est aussi l’instigateur du premier All Japan Motor Show en 1954, manifestation qui deviendra le Tokyo Motor Show que l’on connaît aujourd’hui. C’est également lui qui lancera Nissan en compétition, pressentant l’importance de cette activité pour la promotion de la marque, en conduisant l’équipe qui fit courir deux Datsun 210 dans le rallye-raid de 16000 km d’outback australien Mobil Gas Trial en 1958, obtenant une victoire de classe avec sa petite auto de 34 chevaux et mettant le nom de Datsun à l’honneur pour la première fois hors du Japon.
Doté d’une forte personnalité et prompt à faire connaitre le fond de sa pensée à ses interlocuteurs, en un mot pas très « politique », il ne se faisait pas que des amis à l’intérieur même de la maison. C’est ainsi que lorsque Nissan décida de mettre pied sur le continent nord-américain, c’est Katayama qui fut mis dans le bateau, sans vraiment lui demander son avis. Il ne rechigna cependant pas à la tâche, et, installé en Californie à la tête d’un petit groupe d’ingénieurs se mit à enrôler les vendeurs de voitures d’occasion à travers les Etats-Unis pour devenir des concessionnaires Datsun, ne pouvant pas rêver de débaucher d’entrée les concessionnaires des marques américaines.
Ce fut une tâche longue et ingrate mais qui se révéla payante lorsque Katayama réussit à convaincre Nissan au Japon de développer en 1967 une version de la Bluebird avec un moteur 1,6l plus adapté au marché américain, sa première réussite, puis lorsqu’il présida à la conception sur la base de la Bluebird du coupé Datsun 240 Z, mettant en application sa vision, qui sera également plus tard la ligne directrice de la Mazda MX5, du jinba ittai, la sensation du cavalier de faire corps avec sa monture. Le seul problème était le nom que Nissan au Japon voulait donner à la voiture, Fairlady, comme les petits roadsters produits par la marque auparavant. Mr. K (Katayama avait alors déjà gagné son emblématique surnom) s’y opposa vivement, voulant une rupture et un nom plus en rapport avec le caractère sportif de l’auto, et rebaptisa la voiture 240 Z pour son introduction en 1970 aux Etats-Unis. Ce fut un énorme succès qui assis définitivement la réputation de Datsun aux Etats-Unis. Ce ne fut pas la dernière fois que Katayama s’opposa à une décision de la maison mère : il était également contre l’abandon de la marque Datsun, mais n’eut pas cette fois le dernier mot.
Revenu au Japon depuis la fin des années 1970, Mr.K était depuis une figure tutélaire de la communauté des amateurs de la Z, guest star des conventions au Japon comme aux Etats-Unis et pourvoyeur de légitimité pour les générations suivantes de la voiture, aux risques et périls de Nissan quand Katayama, pour fêter ses 100 ans, égratignait la 370Z, trop chère à son goût et à laquelle il disait préférer la Mazda MX-5 ! C’était une voix parfois irritante pour Nissan, dont il était un des pères, mais une voix précieuse. Il sera regretté dans l’entreprise comme à l’extérieur.
Source : Nissan et divers
Crédit photos : Nissan