Yoshihiko Matsuo – 1934-2020 : la Nissan 240Z orpheline

Comme une coïncidence, nous évoquions hier la Nissan Fairlady 240Z avec l’arrêt de la commercialisation en France de la Nissan 370Z, sa descendante. Le papa du dessin intemporel de cette sportive abordable, Yoshihiko Matsuo, est décédé le 11 juillet 2020 à l’âge de 86 ans.

Né en 1934 à Himeji au Japon, Yoshihiko Matsuo se passionne très jeune pour les voitures et leur dessin alors que l’industrie balbutie dans le pays. Toyota a présenté sa première voiture en 1933, Daihatsu commence à fabriquer des tricycles carrossés, et Nissan vient à peine d’être créée sur les cendres de précédentes entreprises qui ont échouées.

Matsuo suit alors des études artistiques au Nihon University College of Art. Il en sort diplômé et débute directement sa carrière chez Nissan. Il est intégré à différentes équipes et se montre convaincant pour imposer ses choix. Surtout, ces choix sont payants. Pour autant, certains dirigeants n’aiment pas trop ce franc-tireur et s’arrangent pour l’envoyer chez Nissan Shatai qui s’occupe des cabriolets, mais n’a pas vraiment de projets en gestation.

Sûr de sa vision de la sportive abordable

Il va alors mettre tout son talent à la transformation des Fairlady. A l’époque, ce sont de « gentils » roadster à l’anglaise, un peu mous. Matsuo est persuadé que la Z doit être légère, abordable, et…doit surtout être coupé. Plus qu’un simple designer, il est un vrai chef produit et s’occupe de beaucoup de détails.

Il impose sa vision et son trait inimitable alors que les premières discussions s’orientaient vers un dessin Yamaha. La recette fait mouche. La Nissan Fairlady 240Z fait exploser les ventes des « fairlady » qui étaient jusqu’à présent de gentils cabriolets. Il quitte Nissan en 1973 mais restera marqué par ce passage. La 240Z va continuer sa carrière et conserver ce trait si particulier d’abord en 260Z, puis 280Z (S130) même si c’est une toute nouvelle voiture. Il faudra attendre 1983 et la 300Z pour que le dessin originel soit oublié. La prochaine génération (400Z selon les rumeurs) devrait revenir à l’origine du trait.

La 240Z a connu une carrière sportive intéressante avec des victoires en rallye. Désormais, certains lui vouent un culte et n’hésite pas à les remettre au goût du jour pour en faire des bêtes de circuit ou des bêtes à concours. Fidèle à la Z, Yoshihiko Matsuo était resté très actif auprès des fans de la voiture et Nissan ne manque jamais une occasion de le célébrer.

La Nissan/Datsun 240Z lui octroie une place de choix au panthéon des designers automobiles. Le film d’animation « Cars 2 » lui fait également une petite place en la personne de Mach/Matchito Matsuo, une Fairlady 240Z, chef mécanicien de Shu Todoroki, un « Le Motor Prototype ».

Illustration : 1:CC0, 2,3 et 4:Nissan

(12 commentaires)

  1. Espérons que vous dénichiez les images de la prochaine Z avant tout le monde car en ce moment vous nous donnez que les mauvaise nouvelles Z.

  2. Triste nouvelle. Moi même propriétaire d’une 240Z depuis quelques mois, j’avais pas mal appris au sujet de ce bonhomme.
    Apparemment il est donc décédé le lendemain de son anniversaire, après s’être rendu à l’hôpital en… moto (87 ans) a cause de complication dues à une pneumonie!
    Un sacré monsieur jusqu’au bout

  3. À savoir aussi que la Z est encore aujourd’hui le roadster le plus vendu au monde!
    Vous parlez d’un succès!!
    Plus de 168,000 rien qu’en 240Z (mais sa carrière continue jusqu’aux 260 et 280Z, qui sont toujours des “S30” (nom du modele))
    Hélas bien peu ont été vendues en Europe et encore moins en France : 672
    Un modèle peu connu qui fait tourner les têtes, est encore peu cher mais dont la cote EXPLOSE. Très répandues aux US, ça vaut le coup d’en importer chez nous!

    1. Le pbm des imports US c’est qu’on a de très mauvaises surprises des fois.
      Si on va les chercher en Californie, on peut éviter la rouille…mais on peu se retrouver avec des voitures préparées salement….pour un Européen c’est un sacrilège, pour les américains, une voiture c’est fait pour vivre 🙂

    2. Je confirme, c’est un risque, il faut se préparer et surtout se renseigner à l’excès.
      J’ai étudié les Z pendant presque un an, tous les jours, a parcourir sites, forums etc
      Puis j’ai envoyé un expert voir et essayer la Z qui m’intéressait. Après avoir reçu et étudiant son rapport, sa vidéo de 20 min d’essai et les centaines de photos (!!!), je me suis lancé.
      1 ère main de 1972, une rareté. Californienne toute sa vie.
      Et malgré tout ça? J’ai du refaire tout le système de freinage, et je vais devoir réparer diverses points de rouille.

      Heureusement j’avais aussi un budget “restauration potentielle”, et je l’ai achetée 10000 à 15000€ moins chère que sa valeur en Europe!

      C’est “couillu”, risqué, mais si on est passionné, ca vaut le coup!!

      (Et pour les frileux de l’administratif, c’est excessivement simple pour les véhicules de collection (>30 ans). Pas de mise en conformité, CT très simple, énorme tolérance. Pour l’avoir fait, c’est aussi simple que l’import d’une voiture neuve européenne)

    3. C’est malheureusement inexact. Premièrement la Fairlady Z n’est pas un roadster (même si les Z32, Z33 et Z34 ont eu leurs déclinaisons découvrables). Ensuite, pour ce qui est de la sportive la plus produite au monde, ce n’est pas le cas. On estime à environ 1.4 millions le nombre d’exemplaires produits de la S30 à la Z34 depuis 1969 (cela n’inclut donc pas les Fairlady précédentes). Ceci la place juste derrière la Corvette (depuis 1953) avec 1.56 millions, elle même très loin derrière la Camaro (5 millions depuis 1967) et la Mustang (9.5 millions depuis 1964). Pour ces deux dernières le statut de sportive se discute, j’en convient. La Fairlady Z précède cependant la MX5 (avec 1 million depuis 1989), qui elle est le « roadster » le plus vendu de l’histoire.
      Cela reste une voiture géniale malheureusement trop rare en Europe et dont les prix sont devenus ridicules. Surtout quand on pense le nombre d’entre elles qui sont converties par les tuners fous en ersatz de « Devil Z », de la même manière qu’il est désormais difficile de trouver une AE86 qui n’ait pas les autocollants du magasin de Tofu Fujiwara. J’ai eu à plusieurs reprise l’occasion de conduire des S30 en version 2 litres et ZG au japon, elles figurent parmi les voitures les plus attachantes à mon humble avis, tant en terme de look que d’agrément de conduite.
      Je vous rejoins sur le fait qu’effectivement il y a une erreur dans l’article, la 280Z n’est pas une S130 mais une S30. C’est la génération suivante, la 280ZX qui est un S130. De la même manière qu’il n’y a jamais eu de 300Z, mais les 300ZX (Z31 et Z32).

  4. L’ article est un peu trop succinct.
    Yoshihiko Matsuo etait en combat permanent contre la direction de Nissan qui n’ a eut de cesse de le marginaliser alors qu’ il avait toujours raison et de bonnes intuitions.
    Sa mise a la retraite etait forcee. Un dernier geste d’ ingratitude vis a vis d’ un electron libre ouvert, cosmopolite et obstine.

  5. A noter qu’au Japon, le manga de Michiharu Kusunoki : « Wangan Midnight » a aussi contribué à sa « légende ». Très « street racing » et un poil surnaturel, c’est a cause de cette publication que les S30 en pacific-blue sont devenues cultes. La 370Z Heritage Edition y fait allusion. 😉

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