Frank Williams fut un vrai « garagiste », ce terme utilisé péjorativement par Enzo Ferrari pour désigner les artisans anglo-saxons de la F1 des années 60-70, tels que Brabham, Tyrrell, McLaren, Lotus, March… Les mains dans le cambouis, Frank Williams les a mises dès le début des sixties, en fondant Frank Williams Racing Car Ltd, qui prépare et vend des châssis Brabham de F3 et de F2.
Le galérien
Il saute le pas en 1969 en passant en Formule 1, rachète une Brabham-Repco de l’année précédente et y implante le Cosworth DFV, avec derrière le volant son ami Piers Courage. Ce dernier décroche deux belles secondes places, ce qui attire l’attention d’Alessandro De Tomaso, qui souhaite investir dans la discipline pour promouvoir sa marque. Ce premier partenariat constructeur tourne en 1970 au fiasco, avec une voiture peu fiable, puis au drame quand Piers Courage décède à Zandvoort, suite à un terrible accident où sa monoplace, dotée d’un châssis en magnésium léger mais hautement inflammable, s’embrase et se carbonise. Cette tragédie affecte profondément Frank Williams. Elle pourra expliquer, en partie, cette distance affective qu’il marquera à l’avenir avec ses pilotes, contribuant à forger son image de patron dur et froid.
Williams doit se battre pour trouver des sponsors, payer ses factures et sauver son équipe, ce qui explique sans doute la dureté en affaires de Williams dès qu’il s’agissait d’argent, notamment dans les négociations salariales avec les pilotes. En 1972, Frank Williams veut devenir constructeur à part entière. Il lance la Politoys FX3, du nom d’un fabricant de jouets qui finance le projet, mais les résultats sont catastrophiques et les finances exsangues. Williams est obligé de jongler avec les pilotes payants pour survivre. En 1973, avec l’appui de Philipp Morris, il se lie au petit constructeur Iso Rivolta qui donne naissance aux Iso-Marlboro ! C’est ainsi que Williams met le pied à l’étrier notamment à Jacques Laffite. Toutefois, ces entreprises ne sont pas fructueuses. En 1975, Williams perd l’appui d’Iso Rivolta qui a mis la clé sous la porte mais l’anglais rebondit en s’associant au milliardaire canadien Walter Wolf, qui prend cependant une participation majoritaire dans l’équipe. Et fin 1976, Wolf prend le contrôle total de l’écurie, qui devient Walter Wolf Racing.
1977-1978 : la naissance de l’écurie Williams actuelle
Évincé de l’équipe qu’il porte à bout de bras depuis les débuts, Frank Williams rebondit et fonde, avec l’argent du rachat de Wolf, Williams Engeneering et trouve en la personne de Patrick Head à la fois un solide associé et un ingénieur de talent, qui va assurer la direction technique de la nouvelle équipe. 1977 est donc considéré comme la première année de l’écurie Williams Racing actuelle, avec une March privée qui est engagée à partir du grand prix d’Espagne, ce qui explique des écarts de chiffres sur le nombre de grand prix disputés, selon que l’on compte les années Politoys/Iso ou pas. Williams devient constructeur à partir 1978, sa première entrée officielle étant enregistrée en Argentine. Flanquées d’une livrée blanche et verte qui trahit l’origine saoudienne des finances, les Williams commencent leur ascension en piste. 1ère victoire en 1979 à Silverstone grâce à Clay Regazzoni qui impose la « wing car » FW07, puis en 1980, le premier titre constructeur et le premier titre pilote, obtenu par l’australien Alan Jones. Le titre constructeur est acquis en 1981, puis le titre pilotes en 1982 avec Keke Rosberg. La F1 entre dans l’ère des turbos et les coûts commencent à flamber, sous l’impulsion des constructeurs qui investissent massivement en F1. Williams signe alors un partenariat avec Honda, qui monte en puissance à partir de 1985. On connaît bien la suite et la domination des années 90, avec les titres de Mansell (92), Prost (93), Hill (96) et Jacques Vlleneuve (97), le dernier en date à Grove.
A la recherche d’un passé glorieux
Avec 114 victoires, 128 poles, 7 titres pilotes et 9 titres constructeurs, Williams demeure l’une des écuries emblématiques de la F1, mais cela fait déjà bien longtemps qu’elle court après sa gloire passée, au même titre que McLaren. Elle reste, avec cette dernière et Ferrari, l’une des 3 équipes à porter encore le nom de son créateur. Hormis le rocambolesque GP de Spa en 2021, une non-course où Russell a terminé 2e, le dernier podium à la régulière remonte à Lance Stroll en 2017 à Bakou. Et la dernière victoire en 2012 à Barcelone, avec Pastor Maldonado ! Mais oui ! L’absence de partenariat constructeur, la perte des sponsors, le conservatisme aussi qui a longtemps pesé sur le fonctionnement de l’équipe, les retards sur les investissements ont relégué Williams en « seconde division », mais elle est encore là, pour représenter cette part d’histoire importante pour l’identité de la F1. Une page s’est tournée en 2020, quand le fonds d’investissement américain Dorilton Capital a rachèté l’écurie, ce qui a conduit, début septembre 2020, au départ de Claire Williams, qui avait pris la relève de son père, décédé en 2021.
Champagne !!!
Ah les années V10 Renault !!!!
🙂
Rien sur les années Renault ni sur le drame Senna !!! Un peu déçu de cet article qui pourtant démarrait bien.
C’est clair que les plus emblématiques sont les Williams Renault, imbattables à l’époque.