WEC 2017 : Prologue à Monza, le vrai départ de l’Alpine A 470

Le boss du team Signatech Alpine Matmut, Philippe Sinault, est passé la veille des premiers roulages dire bonjour à l’équipe et s’assurer avec bonhomie, mais l’œil toujours aiguisé, que tout se mettait en place pour les deux journées d’essais officiels chronométrés constituant le prologue sur ce circuit de Monza. Prologue qui était retardé d’une semaine par rapport au calendrier, pour cause de venue du Pape, à Monza.

L’équipe de mécaniciens s’affaire sans précipitation, approvisionne les stands en roues, éléments de carrosserie et positionne tout ce qui peut servir à une intervention, à un réglage. Les temps en piste ne seront pas infinis et il est important de rouler un maximum pour tirer le plus d’enseignements possibles en vue de la course très prochaine, à Silverstone. Tout doit être prêt pour ne pas perdre de temps au stand.

Le premier jour de roulage, les choses vont un peu autrement et à un autre rythme. Les pilotes apparaissent dans le décor. Pas d’impatience chez eux mais une vraie envie de pouvoir se situer par rapport à la concurrence, qui sera rude, en LMP2 particulièrement.

C’est le moment pour nous de tendre notre micro.

LBA : Philippe Sinault, on redémarre une saison, on recherche un nouveau titre et l’on a mis toutes les chances de son côté, l’équation 2017 c’est cela ?

Philippe Sinault : « Oui je crois, en tout cas je l’espère. De toute façon les ingrédients de la recette ont été bien sélectionnés et choisis. »

Commençons par la voiture.

« La voiture répond à la nouvelle réglementation, c’est la grosse nouveauté de l’année. L’Alpine A 470 est vraiment nouvelle avec un niveau de performances très élevé, qui nous fait carrément changer de catégorie. Même si ça s’appelle toujours LMP2, on tire vraiment dans une autre catégorie avec une centaine de chevaux en plus. Au-delà des 100 chevaux, tout est exponentiel, comme le niveau de charge aérodynamique et ce qui se voit le plus au final c’est le chrono. Vous l’avez constaté comme moi, ça va très, très vite. »

Pour les équipages vous misez sur la jeunesse, mais pas seulement, quels sont les objectifs, la stratégie ?

« D’abord quand on est tenant du titre on se doit de le défendre et pour ce faire, mettre tout ce qu’il faut en place pour viser à nouveau la gagne. On ne peut pas se cacher derrière son petit doigt, nous faisons partie des équipes ayant tous les éléments pour jouer la gagne: voitures, pilotes, expérience. »

La saison dernière nous avions noté une différence de performances entre les deux Alpine, qu’en est-il cette année ?

« Pour 2017, le but était clairement d’avoir deux voitures à niveau équivalent de performances pilotes et que les deux voitures soient capables de briguer des résultats de premier plan, que soit pour le championnat ou au Mans. »

On note une belle attractivité pour l’Alpine commercialisée dernièrement, vous avez contribué à une montée en charge bien orchestrée, cela vous satisfait ?

«  Je ne sais pas si c’était bien orchestré mais en tout cas, le vrai élément important et le point clé du vrai départ de l’histoire moderne d’Alpine s’est passé voici quelques jours, quand l’A 470 et l’A 110 ont été photographiées ensemble. Un tel moment donne du sens à tout ce qui s’est passé depuis 4 ans. »

LBA : Pierre Ragues, vous passez du rallye au championnat du monde avec la même aisance ?

Pierre Ragues : «  Avec la même aisance je ne sais pas. En tout cas avec la même motivation et la même envie. J’étais très content de découvrir notre Alpine ce matin et tout s’est bien passé la même envie. »

Alors cette A 470 c’est comment ?

« C’était ce matin la première fois que je la pilotais, j’étais très content. J’ai fait une vingtaine de tours. On dispose de plus de puissance, la vitesse de passage en courbe est importante. Il faut tout appréhender et commencer à découvrir les limites. Tout se passe bien. »

Et les équipiers ?

«  Vous savez que je suis heureux de retrouver Nelson avec lequel on a passé de super moments en 2013, c’est donc beaucoup de bonheur et André Negrao, le brésilien qui a une super pointe de vitesse, alors tout devrait bien se passer. »

LBA : Nelson Panciatici, nouvelle saison avec Alpine changement d’équipage qu’est-ce que cela t’inspire ?

Nelson Panciatici : « D’abord je suis heureux de retrouver Pierre Ragues, puisqu’on avait débuté ensemble en 2013 et qu’on avait remporté l’ELMS. Rouler avec André  Negrao c’est top, il a beaucoup d’expérience  il sort du GP2, c’est un pilote rapide. On a donc un bon package pour faire un bon résultat. On ne fera pas la première course de Silverstone (la voiture ne sera pas prête), on va se mettre dans le rythme à Spa et on essaiera de faire quelque chose de bien au Mans. »

Alors cette année le niveau en LMP2 a monté d’un cran ?

« Oui, il y a plus de puissance mais le niveau des pilotes est élevé avec des pilotes de LMP1, de F1. Nous disposons d’une centaine de chevaux supplémentaires, ça pousse bien.Je viens d’effectuer une dizaine de tours et suis très content de la nouvelle auto. »

Il convient de préciser que Nicolas Lapierre un des artisans du succès Alpine au Mans et au championnat sautera les épreuves de Spa et du Mans, pour rejoindre Toyota  en manque de victoire aux 24 heures. Il sera remplacé pour ces courses par le brillant et très polyvalent Romain Dumas.

Avant de bavarder avec ce pilote particulièrement éclectique nous ne résistons pas à l’envie de révéler que Romain Dumas fut le mécanicien de Nelson Panciatici lors que le gamin de 12 ans écumait les circuits de karting.

LBA : Alors Romain la saison prochaine vous roulez en rallye, en LMP2, en quoi encore ?

Romain Dumas : « Chez Alpine je ferai Spa et Le Mans, pour le reste je suis toujours envieux de gagner des courses, ce qui est amusant et sympathique, et voilà ! Avec Porsche, après des courses de préparation je ferai les 24 heures de Spa, les 24 h du Nurburgring et avec l’usine on a quelques projets. Après, en parallèle j’aime bien les rallyes(coupe du monde GT sur Porsche) et n’oubliez pas Pikes Peak sur la Norma, beaucoup modifiée en vue de gagner et surtout d’améliorer le chrono de l’année dernière. »

Les Alpine A 470 sont au départ des châssis Oreca, comme tous les autres concurrents engagés en LMP2. Bien évidemment, le team Signatech avec toute la compétence technologique qu’on lui connait sait comment exploiter au mieux le produit brut qu’on lui livre. Derrière les caractéristiques techniques que nous vous présentons, tout le savoir-faire maison s’est déployé dans les détails facilitant le pilotage, rationalisant les ravitaillements, optimisant l’utilisation des pneumatiques.

Cela demande du temps et c’est pourquoi une seule voiture sera engagée à Silverstone, ce sera la N° 36 avec Nicolas Lapierre, Gusatvo Menezes et Matt Rao, qui semblait un peu moins rapide que tous autres pilotes Alpine, dans le coup d’entrée de jeu.

L’Alpine A 470 dans le détail

Châssis

Coque carbone & nid d’abeille

Longueur : 4745 mm

Largeur : 1895 mm

Hauteur : 1045 mm

Voie avant : 1570 mm

Voie arrière : 1550 mm

Empattement : 3005mm

Poids : 930 kg

Moteur ( le même pour toutes les LMP2)

Gibson GK-428 : 4200 cc

Type : V8 atmo à 90°

Puissance : 603 CH

Régime maxi : 9000 RPM

Lubrification : Carter sec / pompe à huile à étages

Gestion électronique : Cosworth

Divers

Suspensions : Double triangles à poussoirs

Amortisseurs ajustables, développés spécifiquement par PKM

Pneus au choix des teams AV : 30-68/R18 , AR : 31-71/R18

Jantes Avant : 12,5″x18″

Jantes Arrière : 13″x18″

Boîte de vitesses

Marque : Xtrac

Type : Transversale carter Magnesium

Changement de vitesses : Palettes au volant / Commande pneumatique

Rapports : 6 + marche arrière

Freins

Disques carbone ventilés

Etriers : monobloc 6 pistons

Sécurité

Harnais six points adaptés pour le système Hans

Réservoir d’essence souple sécurisé 75 L avec système de réserve d’essence intégré

Carrosserie

Carbone/kevlar

Alain Monnot

Photos : Alain Monnot et Alpine

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