L’EPA n’a pas de preuve à ce stade mais suffisamment d’indices pour rendre publique l’affaire. Volkswagen utiliserait un dispositif inclus dans le logiciel de gestion de son 2.0l TDI vendu depuis 2009 qui saurait détecter quand le moteur est en utilisation réelle et quand il est en phase de tests d’émissions. Le contrôle complet des émissions ne serait alors activé que dans ce deuxième cas de figure, le moteur émettant bien plus le reste du temps dans un mode différent (40 fois plus de Nox par exemple). La tricherie porterait sur 482 000 véhicules : Jetta, Beetle, Passat, Golf, Audi A3. Le ton employé par l’EPA est plein de reproche, voire de menace : « Ces infractions sont très graves, non seulement parce que ces dispositifs illégaux ont pour résultat des émissions largement supérieures à la norme permise, mais également parce VW a caché les faits à l’EPA, à l’Etat de Californie et aux consommateurs. Nous attendions mieux de Volkswagen.« .
La chose est suffisamment prise au sérieux pour que Consumer Reports retire son label Recommandé sur la Jetta et la Passat, attendant de retester les performances et la consommation dans le bon mode de fonctionnement. On se dirige a minima vers un rappel, mais des amendes pourraient également être décidées, avec un maximum possible de 18 milliards de dollars. Et c’est sans compter les class actions qui vont être intentées par l’Etat de Californie et les propriétaires des dit modèles pour publicité mensongère…
Cette annonce intervient quelques jours après la publication du rapport de l’association Transport et Environnement qui fédère plusieurs associations environnementales à travers l’Europe et qui accuse de façon similaire la plupart des constructeurs européens de mentir sur les émissions : le test de certification des émissions s’éloigne de plus en plus des conditions réelles de circulation où les émissions sont nettement plus importantes. Si l’on change de mode de calcul, seul un véhicule sur dix serait conforme à la norme Euro 6, les rejets seraient en moyenne 5 fois supérieurs à la norme et jusqu’à 22 fois plus pour le plus mauvais de la bande, Audi. Là encore, un dispositif permettant de détecter les conditions de test et d’optimiser les résultats est cité.
Au delà du (très) mauvais moment à passer qui se profile pour VW, c’est le système de mesure des émissions qui est en cause. Comme c’est le cas pour la consommation, une refonte pour se rapprocher des conditions de circulation réelles ne serait pas un luxe.
Sources : Automotive News, Transport et Environnement
Crédit photo : Volkswagen