Le Brexit, une nouvelle fois pointé du doigt pour ses conséquences financières sur l’industrie automobile. Au delà de la voie prise par Royaume-Uni, c’est désormais le manque de clarté autour de la marche à suivre pour assurer la poursuite des échanges entre membres du marché unique et Grande-Bretagne qui pose réellement problème. Une situation qui pourrait notamment retarder la vente d‘Aston Martin, si l’on en croit le directeur général du constructeur britannique.
Une déclaration qui intervient alors que Carlos Tavares, patron de PSA, indiquait quant à lui cette semaine – également lors du Salon de Genève – que les incertitudes liées aux modalités de sortie du Royaume-Uni de l’UE empêchaient à l’heure actuelle son groupe d’envisager sereinement une poursuite de ses investissements dans Opel/Vauxhall.
Deux réflexions menées par des dirigeants de constructeurs qui ressemblent fortement à une ferme volonté de faire pression sur Theresa May, alors que, les 22 et 23 mars prochain doit se tenir un sommet au cours duquel les dirigeants de l’Union européenne devront déterminer les termes de la transition qui devra s’opérer en mars 2019, après la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE.
Fenêtre de tir pour une IPO d’Aston Martin
La fenêtre de tir d’Aston Martin pour réaliser une cession ou une introduction en Bourse (IPO) pourrait se refermer pour au moins un an de plus si aucun accord n’est conclu entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne sur la période de transition post-Brexit, a ainsi déclaré cette semaine à Reuters le directeur général de Aston Martin.
Rappelons que Aston Martin envisage une IPO, ou une vente à un autre groupe industriel. Souhaitant étoffer sa gamme avec des SUV et des véhicules électriques – voire avec un 6 cylindres en ligne ? – le constructeur se voit en effet contraint d’obtenir des soutiens financiers auprès des investisseurs, alors que les fonds qui le détiennent ont clairement annoncé vouloir sortir de son capital.
Au cours du mois de décembre 2017, des sources proches du dossier ont indiqué que les propriétaires d’Aston Martin – le fonds italien Investindustrial et un consortium d’investisseurs koweïtiens – ont engagé la banque Lazard en vue de préparer l’IPO ou la cession. L’opération valoriserait le groupe entre deux et trois milliards de livres (2,24 à 3,36 milliards d’euros). Mardi, à Genève, Andy Palmer a même déclaré être en mesure de présenter aux médias « d’autres sources qui parlent de cinq à six milliards de livres » de valorisation.
Depuis, le constructeur a publié un résultat positif, chose qui n’était plus arrivé depuis 2010. Une belle performance dont il aimerait bien retirer les fruits dans les mois qui viennent, dans le cadre de l’une ou l’autre des opérations financières envisagées. Profitant ainsi d’une fenêtre de tir, alors même que son chiffre d’affaires vient d’atteindre son plus haut niveau depuis neuf ans.
Le flou lié à la phase de transition engendre un climat d’incertitudes
Mais, selon Andy Palmer, le directeur général d’Aston Martin, le Brexit a ajouté une dose d’incertitude à cette opération d’ores et déjà complexe. Or, « lorsque vous procédez à une vente ou une IPO quelle qu’elle soit, ce que vous recherchez c’est la stabilité de marché”, a-t-il déclaré à Reuters.
Selon lui, un accord de transition devrait permettre en quelque sorte de repousser le problème de deux ans. L’absence d’entente sur ce point nécessiterait a contrario de devoir attendre la survenue effective du Brexit pour pouvoir appréhender les impacts.
Tendant la perche à Theresa May – tout en maintenant la pression – le patron d’Aston Martin a néanmoins ajouté que les propos des politiciens l’autorisaient à penser « qu’une phase de transition est assez probable.” Sous entendu dans cette subtile joute verbale digne des plus grands jeux de « Cache-cache » ou de « Coucou, fais-moi peur » : Madame Theresa May, par votre position, ne nous obligez pas à prendre des décisions que vous pourriez regretter par la suite.
Crédit Illustration : Aston Martin
Y’en a encore qui croient que l’Angleterre sortira de l’Europe ?!
Sortir de l’Europe est abstrait, le concret est de déterrer des barrières douanières vieilles de 50 ans. Dans le contexte du 21e siècle, ce sera à mon avis insoutenable avec une politique classique comme le conservatisme.
C’est quand même étonnant. Ce qui se passe normalement avec la Suisse ou la Norvège est présenté comme un problème avec le Royaume Uni. Personne n’a d’intérêt à se priver du marché UK et vice versa, et il n’y aura pas de tarification douanières empêchant tout échange. Sans compter que l’on parle de voitures valant plus de 100k…
En fait, c’est l’incertitude qui est « mauvaise ».
Rester ? Partir ? Renforcer les investissements ? etc.
Comme les industriels ont des temps d’industrialisation plutôt long, ils leur faut de la certitude à moyen terme.
Voilà ce que beaucoup reprochent à May…l’incertitude.
La différence est que la Norvège ou la Suisse a signé des accords pour être dans la triple E (Espace Economique Européen). La Norvège participe au budget de fonctionnement de l’UE, accepte la liberté de circulation des biens ET des personnes, etc… Ce n’est pas tout à fait ce qu’ont vendu dans leur programme les hard-brexiters aux Britanniques
L’incertitude n’existe pas car le gouvernement anglais à annoncé des mécanismes de compensation en cas de droits de douane. Ce qui a d’ailleurs permis à Nissan par exemple de confirmer ses investissements dans son usine anglaise au mois de novembre.
Et pour rappel, l’Angleterre bénéficie d’une arme importante avec le LSE qui est une des place financières parmi les plus importantes. Et une des seules à être encore Européenne! Pour ceux que cela intéresse, regardez quel est l’actionnaire de la Bourse de Paris, et sa spécialité financière.
Droit de douane à la norme OMC, c’est 10%.
10%, ce n’est pas très loin du coût de la main d’oeuvre de l’usine d’assemblage.
Compenser ce surcoût, ça revient à faire payer les ouvriers par le gouvernement britannique. Ça peut aller pendant un temps, mais pas éternellement. « venez en Grane Bretagne, le cout de la main d’oeuvre est gratuite…. »
Quant à eux qui ont décidé d’y rester, ça dépend aussi de l’état de leur usine. S’ils ont une usine ultra moderne, assez récente, avec un dernier investissement très récent, une filière d’approvisionnement au point, alors c’est difficile pour eux de repartir à zéro en construisant une autre usine ailleurs sur le continent. Par exemple, il est délicat pour Toyota de fermer leur usine de Valencienne et aller ailleurs. En revanche, une usine « à la manière Renault Billancourt », il n’y a pas d’hésitation possible.
Pour PSA, l’usine de Luton fabrique des Vivaro, clone du Traffic, sous licence de Renault. Lorsque le contrat sera terminé, soit ça intéresse Renault de reprendre cette usine prête à fonctionner (ya plus qu’à remplacer le logo Opel par le losange), soit PSA ferme, Brexit ou pas Brexit, et surtout si c’est Brexit donnant une raison, une excuse à PSA de fermer ce site
Nissan y a fait des investissements récemment, en dégageant la production de la Micra et optimisant toute l’usine pour la production des Qashqai et Juke (ainsi que leur clones sur d’autres marchés). C’est délicat pour eux de devoir tout abandonner et de repartir à zéro avec une autre usine ailleurs
Bref, le mécanisme de compensation, je n’y crois pas trop à son efficacité à long terme