Valeo veut baisser ses coûts salariaux de 10 %, l’emploi en jeu

Valeo face à des difficultés financières liées au Covid ? Selon des sources proches du dossier, la direction de l’équipementier automobile Valeo souhaite discuter avec les organisations syndicales au sujet des salaires et du temps de travail. Avec pour objectif : réduire de 10% ses coûts salariaux en France. Avec pour échéance des négociations : septembre.

Réduction des couts salariaux de 10 % … pour améliorer la compétitivité

En vue de faire face à l’impact de la crise sanitaire, Valeo « a fixé un objectif de réduction des coûts salariaux français de 10%, soit 100 millions d’euros » a indiqué la direction de l’équipementier dans un message adressé aux salariés.

« On fait face à une crise exceptionnelle liée au Covid-19 et à une baisse sans précédent du marché automobile qui touche l’ensemble des acteurs du secteur. Dans ce contexte, la direction de Valeo a fait part aux organisations syndicales de la nécessité de prendre des mesures permettant d’améliorer la compétitivité de ses activités en France », a indiqué jeudi la direction.

Limiter et prévenir la casse sociale chez Valeo

Le groupe souhaite « ouvrir rapidement des négociations » avec pour « objectif clair » de contribuer à limiter et à prévenir les conséquences de la crise sur l’emploi ». tenant à ajouter que « Valeo n’a jamais oublié ses racines et son ancrage français ».

Ce qui signifie en clair, que l’heure n’est pas – encore ? – à délocaliser mais à maintenir l’emploi dans l’Hexagone …. sous réserve que les salariés fassent « quelques concessions » sur leurs salaires et/ou leurs temps de travail, pour au final diminuer le cout du travail en France de telle sorte qu’il puisse y être encore rentable d’y mener une activité de production ?

Véritable recul social déplore la CFE-CGC de Valeo

Une stratégie de Valeo que la CFE-CGC, premier syndicat chez Valeo considère comme un « véritable recul social ». des porpos tenus à li’ssue de la présentation de la direction d’un projet d’accord de performance collective incluant « un ensemble de mesures portant sur le temps de travail, les rémunérations et les avantages sociaux ».

« Il y a tout un panel de propositions mises sur la table », indique pour sa part Pascal Phan, coordinateur de la CFE-CGC Valeo, selon qui les forfaits jours pourraient passer de 215 à 218 jours et le salaire de base des ingénieurs et cadres baisser de 5%.

« On est ouverts à la discussion mais le calendrier est très resserré vu l’enjeu de la négociation », estime-t-il. « Nous sommes plutôt prêts à regarder une hausse du temps de travail, dans le contexte actuel on comprend qu’il faut faire des efforts, mais la question des salaires de base est sensible », souligne-t-il.

Absence de contreparties en terme d’emploi et d’activité en France

La CFE-CGC et la CGT, deuxième syndicat de l’entreprise considèrent par ailleurs comme « point bloquant », l’absence de contreparties « en terme de maintien de l’emploi et de l’activité sur les sites français ».

« Il n’y a pas de tabous pour la direction, l’ensemble des mesures est sur la table », a indiqué à l’AFP Patrice Caux, de la CGT, même si « on ne parle pas d’emplois pour l’instant ».

Les syndicats attendent des précisions lors de la prochaine réunion prévue avec la direction, le 17 juillet prochain.

Valeo encore confiant en avril dernier

Malgré un chiffre d’affaires en baisse de 8 %, Valeo semblait dans un premier temps mieux résister que le reste du marché automobile à la crise économique générée désormais par la crise sanitaire.

Certes, comme bon nombre d’entreprises françaises, Valeo a vu son chiffre d’affaires diminuer au premier trimestre 2020. Sur un marché en baisse de 24 %, les ventes du groupe français ont diminué de 8 % à périmètre et changes constants, à 4,49 milliards d’euros durant les trois premiers mois.

« Tous les pôles d’activité surperforment le marché, bénéficiant de l’entrée en production et de la montée en cadence de nombreuses innovations à fort contenu technologique », (r)assurait Valeo dans un communiqué.

Ces innovations comportent des caméras, des produits liés à l’assistance à la conduite, des systèmes liés à l’électrification et des systèmes d’éclairage LED.

Retour à la normale du chiffre d’affaires en Chine au cours du 2eme trimestre ?

Fin avril, Valeo prévoyait également que son chiffre d’affaires en Chine, revienne à son niveau de 2019 au cours du deuxième trimestre 2020.

A cette date, l’équipementier s’attendait à une reprise progressive de l’activité des constructeurs automobiles avant fin avril en Europe et fin avril/début mai en Amérique du Nord.

Bref, l’avenir semblait presque rose pour Valeo, « surperformant » sur un marché sinistré ….

Plan de réduction des coûts

Dans un tel contexte, l’équipementier a « tout de même » engagé un vaste plan de réduction des coûts, l’entreprise assurant qu’elle demeurait stable financièrement. Ajoutant fin avril qu’elle disposait de 2,3 milliards d’euros de lignes de crédit non tirées pour « faire face à un éventuel prolongement de la crise actuelle ».

Priorité au cash

« Nous faisons face à une crise incroyable, bien pire que celle de 2008 » a indiqué cette semaine au journal Le Monde la direction de Valeo. Ajoutant : « il y a une véritable nécessité de travailler sur la compétitivité de l’entreprise dans le cadre d’un dialogue social constructif. »

Alors que le marché automobile européen pourrait chuter de 25 % en 2020. Valeo – qui représente 114 000 salariés dans le monde, dont 14 000 en France et 19 milliards d’euros de chiffre d’affaires – prévoit « une baisse de son chiffre d’affaires de 10 % en moyenne sur les cinq prochaines années .

« Il est donc nécessaire d’adapter nos coûts d’investissement, de R&D, de personnel… en conséquence » plaide la direction.

« Notre priorité reste le cash », avertissait quant à lui le 24 juin dernier, le PDG de Valeo, Jacques Aschenbroich, dans un entretien au Monde.

Notre avis, par leblogauto.com

Si dans un premier temps, Valeo semblait surperformer et s’en sortir beaucoup mieux que les autres acteurs du secteur automobile, l’optimisme n’est plus de mise désormais ….

L’équipementier souhaite désormais « éviter des mesures douloureuses pour l’emploi. » Avec en ligne de mire : des concessions des salariés pour pouvoir maintenir l’activité.

Parmi lesquelles pourraient figurer : jours de congé, flexibilité horaire, incitation aux congés sans solde, gel des salaires, rémunération des ingénieurs et des cadres, montant des indemnités de départ à la retraite ou de licenciement, majoration des heures de nuit, intéressement …

Pour le moment, il ne s’agit que « d’axes de travail » sur lesquels la direction souhaite « recueillir les premières réactions et propositions des organisations syndicales ».

On peut tout de même s’étonner que si fin avril, tous les pôles d’activité « surperformaient’ le marché, ‘bénéficiant de l’entrée en production et de la montée en cadence de nombreuses innovations à fort contenu technologique », il soit désormais question – trois mois plus tard … –  de tenter de préserver l’emploi en diminuant les coûts salariaux. Les premiers discours étant surtout destinés à rassurer les actionnaires … mais la réalité refaisant peu à peu surface ?

Sources : Valeo, Syndicats Valeo, AFP, Reuters, Le Monde

(11 commentaires)

  1. « Si dans un premier temps, Valeo semblait surperformer et s’en sortir beaucoup mieux que les autres acteurs du secteur automobile, l’optimisme n’est plus de mise désormais …. »

    Une industrie qui « superfomait » en sortie de covid-19, ça c’est un sacré scoop! A tel point qu’aucun article sur le sujet n’a été écrit sur ce site.

    Bon après ici on en est au stade de la réflexion, attendons que la source proche du dossier en révèle davantage.

    1. Une réflexion tout de même, si je prends deux éléments d’informations.

      1 – La crise Covid-19 fut mondiale.
      2- La France a « superformé » la gestion de la crise.

      Alors pourquoi donc aurait on besoin que les usines de production françaises deviennent particulièrement compétitives suite au covid?

      Cela voudrait dire que le covid n’aurait pas touché les autres pays industrialisés?
      Ou que les industries des autres pays ont moins morflées que celles de la France?

      Dans les deux cas cela ne colle pas avec le postulat de départ.

      Soit le covid est ici un prétexte aussi valable que le brexit ailleurs pour optimisé la main d’œuvre française, soit quelque chose cloche avec le postulat.

      1. « Soit le covid est ici un prétexte aussi valable que le brexit ailleurs pour optimisé la main d’œuvre française » : cela y ressemble en effet, en tout cas, oui, il y a quelque chose qui cloche

      2. Bien vu Bizaro!
        Moins 10 % de couts salariaux, donc des gens qui ne pourront plus s ‘équiper de véhicules avec des techno performantes de Valeo, ça va finir mal cette histoire! Mais que dirait cet odieux communiste, d’Henry FORD qui payait plus ses employés, notamment pour qu’ils consomment les voitures qu’ils produisaient?

      3. L’article ne dit pas si Valeo « superforme » en France ou dans le monde. Je pars du principe qu’étant une entreprise globale (présente sur presque tous les continents), ils parlent du marché mondial.
        Ce n’est pas parce qu’ils superforment au global que c’est la même chose pour le marché francais.
        Le cocktail globalisation/manque d’investissement en France annoncait déjà un peu la couleur. Maintenant, avec l’impact du Covid en plus, il y a des choix à faire. Fermer les sites peu rentables, ou essayer de les rendre plus competitifs. Pour cela, il faut baisser les coûts fixes, donc les salaires.

  2. Aux USA, la consommation pétrolière interne, est passé en 12 ans, de 20 millions de barils jours, à 14. 5000 aéroports désertés, 25 000 vols quotidiens au lieu de 100 000, le tourisme s’est effondré, la production de pétrole décroche, et si le chômage officiel n’est pas trop catastrophique, c’est qu’il est pipeauté.
    Le marché automobile aussi, indique une profonde crise pétrolière. Le marché de la voiture neuve s’éteint, tout bonnement.

      1. Aux USA, la demande de pétrole chute, ainsi que le raffinage.
        ://www.eia.gov/todayinenergy/detail.php?id=44316
        La baisse de la consommation intérieure est masquée par un recours soutenu à l’exportation de produits raffinés.
        Visiblement, le pic de production est atteint et dépassé, même si on veut faire durer le plaisir : 2008 (pétrole classique), 2012 (Charbon), 2018 (Tous pétroles)
        Pour le schiste US : « Le secteur a généré 300 milliards $ en cash négatif, détruit 450 milliards pour les investisseurs et vu 190 faillites. Le schiste a atteint son pic sans avoir été capable de générer des bénéfices.
        Bien entendu, tous les cadres dirigeants ont raflés des bonus. On est requin ou on l’est pas.

  3. demain, 13 juillet 2020, un journal ferait un article sur la révolution française, sur le jour du 14 juillet 1789, est ce que ça changerait le contexte de cet évènement???

    bref, ton article date du 9 juillet 2020, mais le contexte n’a pas changé : les USA ont plongé en avril avec le coronavirus, mettant les activités du pays à un niveau du jamais vu. Aucun autre évènement historique n’avait pu paralyser autant les USA. Même les attentats du 11 septembre n’avaient pas paralysé autant.

    Alors, laisse ce pays un peu de temps, laisser passer le virus derrière lui, et on verra ce qu’il en sera. Vers 2008 sur Leblogauto, ils étaient nombreux les participants à se réjouir des changements dans le monde, et que même les USA auraient changé de cap, et que la France serait le seul pays immobile. Partout dans le monde, des projets de voitures électriques fleurissaient, et rien en France. Je disais alors qu’il faudrait un peu de temps, et de laisser passer cette crise. On verra ensuite comment se comporteraient les gens, leur naturel prendraient le dessus ou pas, et qu’il y a des grandes chances pour que ça soit pareil, voire même pire avec la mémoire courte des gens. On m’avait collé l’étiquette de pro-diesel face à cette nouvelle vague électrique….

    Quelques années plus tard, seul Tesla avait survécu (avec une bonne aide politique de la Californie). Les autres avaient tous coulé. Quant à la nature des gens, ça se voyait dans leur achat : la mode des SUV, encore pire qu’avant.

    Donc de même aujourd’hui, laissons un peu de temps aux USA, laisser le virus derrière lui, et on verra ce que ça donnerait avant d’en tirer des conclusions…

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