Plus l’automobile se tourne à corps perdu vers l’électrification, que d’aucuns craignent d’être très aseptisée, plus la nostalgie des « bagnoles qui avaient de la gueule, du caractère et faisaient du bruit » prend de l’ampleur, à travers une multitude de concepts et de restomods. La « belle endormie » Lancia, en attendant peut-être des jours meilleurs avec Stellantis, est une puissante source d’inspiration comme en témoignent les récentes réalisations MAT Stratos ou Kimera EVO37. Une icône youngtimer qui n’en finit plus de faire tourner la tête des puristes se prend désormais au jeu : la Lancia Delta HF Intégrale.
Dans le monde en plein essor du Restomod et du revival, deux écoles se démarquent entre ceux qui choissent de mettre au goût du jour technologique des icônes automobiles du passé en passant par la case électrification, ce qui suscite de vifs débats, et ceux qui veulent préserver au maximum l’esprit d’origine en persévérant dans le thermique.
Projet de champion
Or, quelques jours seulement après la présentation d’un restomod de puriste, la Légende Turbo 3, qui s’inscrit dans les pas de la R5 Turbo 2 et annonce un moteur turbo de 400 chevaux, un autre mythe du rallye fait parler de lui, à savoir la Lancia Delta HF Integrale Evoluzione. On ne compte plus les projets et les concepts qui ont déjà proposé de moderniser ou à réinterpréter la reine du Groupe A, mais là, nous avons affaire à un « revival » bien particulier, puisque le projet est mené par un certain Miki Biasion, qui fut double champion du monde des rallyes en 1988 et 1989 sur une Delta HF Integrale ! Donc, la HF Intégrale, ça le connaît ! Champion d’Italie et d’Europe des rallyes en 1983 sur une Lancia Rally Evo 37, Biasion devient pilote officiel en WRC à partir de 1986 et jusqu’en 1993, remportant au passage 17 rallyes mondiaux, dont deux Monte-Carlo et trois Acropole.
Il faut dire que Miki Biasion est un vrai passionné. Après avoir raccroché son casque, l’italien s’est associé aux frères Parussini pour créer l’entreprise Italia Motor Sport, basée près d’Udine, et qui s’est spécialisée dans la restauration des Lancia. Un endroit magique que Biasion appelle lui-même « l’atelier des miracles ».
Justement, Biasion développe sa propre Delta Intégrale, basée sur un projet Lancia qui n’a jamais vu le jour. En effet, en 1994, la Carrozerria Maggiora et quelques ingénieurs qui y croyaient encore avaient travaillé sur une « Evoluzione 3 » de la HF Intégrale, qui était en fin de carrière et qui allait bientôt céder la place à la 2ème génération de Delta, au destin bien moins fructueux. Fiat avait finalement mis son veto au projet, préférant orienter Lancia vers le premium et laisser la sportivité à Alfa Romeo, au-delà du fait aussi que les coûts de production auraient été difficiles à rentabiliser.
Une « EVO 3 »
L’idée de Miki Biasion, telle que décrite chez nos confrères italiens de Quattroruote, n’est pas de faire un pur restomod complet mais de faire une mise à jour en termes de technologie et de composants sur des Delta HF existantes, et surtout en conservant une motorisation thermique. Le but néanmoins est de proposer une puissance supérieure à l’Evo 2 Stradale, qui posédait 215 chevaux, et de se rapprocher de la puissance qui était disponible en course, soit environ 340 chevaux.
La tôle est remplie d’une mousse pour accroître l’insonorisation et l’étanchéité thermique de l’ensemble de la carrosserie. Le même matériau recouvrira les panneaux de porte, le fond et le toit. D’autres interventions sont prévues sur les suspensions, réglables mécaniquement sur 10 positions, équipées d’amortisseurs Bilstein étudiés pour un pilotage sportif sur tous types de rugosités ainsi que de silentblocs.
La transmission sera revue avec des rappprts courts et le système de freinage adopte des disques Brembo plus importants que ceux d’origine, avec 332 mm à l’avant et 300 mm derrière. Cette Delta « Biasion » sera chaussée de jantes 18 pouces montées sur des Michelin Pilot Sport 4 . À l’intérieur, l’entreprise s’est associée à Sparco pour fournir des sièges baquets et concevoir un intérieur raffiné qui fera appel au cuir. Enfin, on peut s’attendre à ce que Delta revues et corrigées par Biasion arborent sur leur carrosserie la fameuse livrée Martini, indissociable des succès de Lancia dans les années 80.
Parlons enfin de ce qui fâche : le prix. Les 8 exemplaires prévus seront facturés entre 250.000 et 300.000 euros, sachant que les Evo 2 d’origine s’arrachent maitenant « facilement » entre 150.000 et 200.000 euros, voire bien plus encore. D’ailleurs, la « bulle » youngtimer n’est sans doute pas étrangère aussi à cette vague, ce tsunami même de restomods.
Quand voit la nouvelle Astra qui est pour moi une réussite totale … on se dit qu’une nouvelle Delta c’est loin d’être con. En espérant que la version civile souhaitée se vende plus que 8 exemplaires. 😉
Evidemment que c’est super chouette cette mouture modernisée. Sur tout je suis fan du travail. Il n’y a personne qui peut critiquer. Cette auto a une image de course. C’est une voiture historique. Le paradoxe n’est que la situation actuelle. L’argent ne fait pas tout en automobile, j’aime à le répéter. Les sous pour payer l’auto , c’est bien et fait vivre le monde du travail. Après plus les engins sont évolués, puissants, moins il y a de monde à savoir « sentir l’auto légère » , savoir l’emmener à la limite. La jouissance dans le pilotage des bonnes autos est très, très exigente: roulage, talent. Si c’est pour laisser le véhicule sous bâche, ce n’est plus de l’automobile, mais de la valeur spéculative. Des lancia delta menées en course à la limite, j’ai des noms sur les doigts d’une seule main. Je suis certain que les 8 numéros sont déjà attribués. Bravo.
Et un poids raisonnable j’imagine
?
Je ne comprends pas bien la finalité de ce type de restauration. Pour une vraiment ancienne, comme le fait Eagle avec les E-Type, ou Singer, l’idée est de préserver une expérience radicalement différente d’une voiture moderne tout en l’adaptant à une utilisation « au quotidien », ce que la voiture ne permet plus dans son état d’origine. Ca peut se concevoir.
Mais dans le cas d’un young timer de ce millésime ? La différence est-elle si importante avec une voiture moderne ? Une Delta Evo 2 de 1992, c’est encore très compétent sur la route en 2021, non ? Et quand bien même, si on trouve que c’est un peu juste, pour le prix de cette prestation on peut maintenir la Delta en bel état d’origine, PLUS trouver une voiture typée rallye 4WD de 340 chevaux sur le marché du neuf, ce n’est pas ce qui manque.