Une Alfa Romeo 6C 1750 SS ex-Mussolini bientôt restaurée

Thornley Kelham est un spécialiste britannique reconnu de la restauration, en ayant exercé son savoir-faire sur de nombreuses Lancia, des Porsche et bien d’autres marques. Parmi ses projets actuels, celui d’une Alfa Romeo 6C 1750 SS ne passe pas inaperçu.

Dévoilée à l’exposition automobile internationale de Rome en 1929, cette « torpedo » (voiture ouverte à 4 places) demeure l’une des voitures les plus marquantes des années 30 et un des modèles phares du Biscione, produite entre 1929 et 1933 à 2579 exemplaires. Elle se distingue rapidement en compétition, avec une victoire aux Mille Miglia grâce au duo Campari/Ramponi. La version Super Sport, uniquement disponible en Spider, offrait davantage de puissance (64 ch) et sa vitesse maximale dépassait les 130 km/h, tandis que la version avec compresseur fournissait 85 ch pour une vitesse de pointe de 145 km/h. Carrossée à l’origine par les Stabilimenti Farina, qui ont précédé Pininfarina, la 6C 1750 recevra par la suite d’autres griffes de la haute-couture italienne, notamment des Zagato qui rencontrèrent aussi beaucoup de succès.

Le modèle en question, n° de châssis 6C0312898, est acquis le 13 janvier 1930 par un certain…Benito Mussolini, pour la somme de 60.000 lires. Une version SS pour le dictateur fasciste, ça ne s’invente pas ! La documentation l’atteste, et le dictateur italien l’a conduite pour diriger la première Radio Auto-Raduno sur la section Rome à Ostie, le 29 avril 1931. Grand amateur de voitures, le « Duce » vouait un intérêt particulier à l’industrie automobile et surtout aux compétitions sportives, qui étaient un excellent support de propagande pour son régime. N’était-ce pas le parti fasciste qui avait affublé Enzo Ferrari, malgré lui, du surnom de « Commendatore » ? Mussolini fut souvent photographié  et filmé par les caméras de l’Institut Luce – l’organisme cinématographique officiel- au volant de son Alfa Romeo, ce qui participait évidemment de la valorisation du « culte du chef ». En mars 1937, Mussolini revend sa 6C 1750 à Renato Tigillo, qui l’expédie à Asmara en Érythrée (alors colonie italienne) et lui fait subir diverses modifications afin de l’engager en compétition.

Le travail de restauration s’annonce de longue haleine car l’inspection du modèle, passablement dégradé, a révélé que la calandre et les panneaux de carrosserie n’étaient pas d’origine, contrairement cependant au châssis, à l’essieu arrière et à la boîte de vitesses, tous d’origine. « Nous avons entrepris de nombreuses restaurations difficiles ici à Thornley Kelham, mais cette Alfa Romeo nous présente peut-être notre meilleur test à ce jour », a déclaré Simon Thornley, co-fondateur de Thornley Kelham. « Au cours de sa vie extraordinaire, il a été orné d’un beau corps fabriqué à la main par Stabilimenti Farina, détenu et piloté par un célèbre dictateur, et déshabillé pour le sport automobile et a couru e Afrique. »

« Notre défi consiste maintenant à la remettre dans l’état où elle a d’abord quitté la carrozzeria de Stabilimenti Farina, sur la base de recherches minutieuses et de milliers d’heures de savoir-faire. L’histoire de l’automobile comme celle-ci doit être préservée, et nous sommes ravis de participer à la dernière page dans son histoire incroyable. »

Source et images : thornleykelham.com

(25 commentaires)

  1. On est dans de la reconstruction là. Je ne vois pas l’intérêt. Qu’ils laissent cette pauvre Alfa tranquille.

  2. « Etat passablement dégradé » : c’est un euphémisme. Elle est complètement pourrie.

    A la fin de la restauration, il ne restera d’origine qu’un (avec de la chance, deux) boulon. C’est ridicule, c’est un genre de malhonnêteté, de contrefaçon.

    1. Une contrefaçon est la production d’un objet sans l’autorisation de l’auteur dudit objet. La plupart des voitures entièrement restaurés n’utilisent pas des pièces d’origines, mais des pièces fabriquées de la même manière que celles d’origines. Si c’est le cas pour cette Alfa, ce ne sera certainement pas une contrefaçon.

      1. OK. Je n’ai peut-être pas employé le bon terme, mais il n’empêche que cette restauration/reconstruction est un peu ridicule.

        Il y a le mêmes phénomène dans l’aviation de collection : on retrouve un bout d’aile, on reconstruit l’avion et on dit que c’est une restauration de l’avion d’origine alors qu’il y a deux boulons et un bout de tôle en commun.

        1. Alors on en fait quoi de cette voiture, si on ne peut pas la restaurer ? On l’a jette directement, ou on la laisse pourrir « authentiquement » ?

          1. En fait c’est la différence entre la restauration en France, et ailleurs.
            En France, on a tenda’ce à considérer qu’il faut refaire avec les élément de l’époque, éventuellement en refaire un peu à neuf, mais avec les outils de l’époque…

            Au USA par exemple, mais pas que, on considère que tant qu’on a la plaque châssis d’origine (à peine exagéré) c’est bon…

            Voir les tas de rouilles de la collection Baillon en 2015 vendus plus chers que certaines voitures état concours, juste car c’était les restes d’un coupé Saoutchik ou autre…

        2. @Franck Boizard
          En quoi cette restauration/reconstruction est-elle ridicule?

          « Il y a le mêmes phénomène dans l’aviation de collection : on retrouve un bout d’aile, on reconstruit l’avion et on dit que c’est une restauration de l’avion d’origine alors qu’il y a deux boulons et un bout de tôle en commun. »
          Et il est ou le problème? Lui a-t-on mis des moteurs à réaction? des ailes delta? Ou un TDB de Boeing 747? Non? Donc, il est authentique.
          On peut parler de la même chose pour l’archéologie : la plupart des monuments sont en ruine, on les restaure – et pas souvent dans les conditions d’époque – et ils sont considérés comme authentiques. Certains sont même classés au patrimoine mondial de l’Unesco.

          1. Le ridicule, c’est de prétendre qu’il y a continuité, que c’est le même avion ou la même voiture, tout à ça parce que, comme dit Thibaut Emme, on a sauvé la plaque constructeur.

            C’est faux pour les monuments : c’est une question de pourcentage, ce n’est pas la même chose de refaire 20 % ou 99 % (il me semble d’ailleurs qu’il y a une norme).

          2. « C’est faux pour les monuments : c’est une question de pourcentage, ce n’est pas la même chose de refaire 20 % ou 99 % (il me semble d’ailleurs qu’il y a une norme). »
            Je t’invite à aller voir les photos du château de Malbrouck, en Moselle, lorsqu’il était en ruine et celles où il est restauré depuis. Et les pierres ne sont pas toutes d’origines (ni n’importe quelles pièces d’ailleurs).
            Pour info, il est toujours classé Monument historique.

          3. J’ai horreur du tutoiement entre inconnus.

            On peut se poser la même question avec Pierrefonds.

  3. C’est une bonne chose que d’engager une restauration pour un tel véhicule.
    C’est bien et merci de montrer déjà des clichés. On espère juste qu’on ne s’éloigne pas trop du sujet in fine. indépendamment que le Duce ait eu cette auto, c’est un beau modèle.
    Sur les blogs où on préfère les allemandes, japonaises, Alfa Roméo régnait sur piste avec Bugatti bien avant Ferrari, Porsche, donc Alfa, c’est de l’histoire d’auto de course.

    1. … à voiture exceptionnelle : travail exceptionnel ! Je ne veux pas rentrer dans le sujet car il est trop vaste. je dirai juste que exactement comme les gens qui vont restaurer la cathédrale de Paris, la philosophie de l’authentique doit être surveillée en permanence dans la tâche . Je fais le paramètre : Pour Notre Dame, les ouvriers utiliseront les pierres de taille de l’époque, de la cathedrale et quelques-unes peut-être empruntées, nouvelles,en nombre minimal mais jamais matériaux usités de la construction moderne. Pour l’automobile, Monument historique elle aussi : c’est la même chose ! la philosophie ne doit JAMAIS céder à LA FACILITé. C’est ma façon de voir, faire en résumé.
      On ne dénature pas une oeuvre historique comme cette Alfa en la reconstruisant de A à Z avec en grande partie de la pièces façonnée et de substitution. Ce n’est pas une cooper ou une Alpine . On emprunte pas un moteur, une boite par exemple, ni même chassis, carrosserie . ON RESTAURE l’EXISTANT !. Là: On ne parle pas argent ni temps passé, mais de personnes de l’art habilitées missionnées – Je ne connais pas le maître d’oeuvre qui va appréhender cette auto qui fût aussi une auto de course âgée 90 ans. Elle ne doit pas courir en 2022 non plus et jamais surtout . Les règles actuelles sont trop loufoques. Tant pis si ça dérange ce que j’écris. je le pense – Des clichés , on voit que l’auto n’est pas pourrie , qu’elle est complète quasiment, avec sa mécanique. je pense qu’on peut avoir dans le futur du très très bien. Je ne fais jamais confiance à une enseigne, lettres capitales ou minuscules. je ne crois qu’aux hommes de l’art.

  4. Ce n’est pas une torpédo, il n’y pas 4 places non plus , que ce soit sur la version actuelle ou la photo avec Mussolini

    1. C’est bien précisé dans l’article.
      La 6C est une torpédo (donc 4 places)
      La version SS (celle présentée) est un Spyder.

    1. Concernant l’article, aucun rapport entre l’appellation Super Sport italienne et de futures sections de sécurités non italiennes post-1930 !…

        1. Robert , le retour ponctuelle. l’ami zitra sache mon gars que c un site français, les rédacteurs non pas science po dans leurs CV. le sigle ss est effectivement super sport et non pas Schutzstaffel ,les sections d’assaut allemand. Mais va dire cela Mr anderbegani ,avec ce nom bien français , il doit savoir ce qu’il écrit.

  5. Exact. Comme le couteau hérité de l’arrière grand-père dont la lame a été changée trois fois et le manche deux.

  6. Perso, je suis pour la remettre en état. Si on ne le fait pas, dans 100 ans, on ne pourra plus en admirer une seule.

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