Mazda, qui vient de fêter les quarante ans de son moteur rotatif, continue de chercher des solutions originales pour propulser ses voitures. Le constructeur d’Hiroshima vient d’annoncer qu’un nouveau moteur essence de 1,3l à cycle Miller atmosphérique accouplé à une transmission CVT équipera la Mazda Demio, alias Mazda 2, avec pour résultat une consommation 20% inférieure au modèle actuel: 4,3 l/100 km selon le cycle standard japonais. Qu’est-ce qu’un cycle Miller, me direz-vous ? Armé de mon moteur de recherche favori, j’ai creusé la question.
Motoristes et experts, n’hésitez pas à m’interrompre si j’écris une bêtise. Le cycle Miller, du nom de son inventeur l’américain Ralph Miller dans les années quarante, est basé sur le cycle quatre temps utilisé par les moteurs qui propulsent nos autos (dit cycle Otto, si si), avec une subtilité : la phase de compression, lorsque le piston remonte dans le cylindre, est divisée en deux; pendant une partie de la phase, la soupape d’admission reste ouverte, limitant l’énergie nécessaire à la compression. Pour compenser, le système imaginé par Miller utilise un compresseur pour injecter de l’air et relever le taux de compression, avec plusieurs avantages : la course de détente est plus importante que la course de compression, augmentant le rendement du moteur, l’utilisation du compresseur est plus efficace que le piston grâce à la réduction des frictions, et la température de l’air injecté est plus faible, ce qui permet d’améliorer l’efficacité de la combustion. Une partie de l’énergie est toutefois réabsorbée par l’entraînement du compresseur. Résultat net : une consommation de 10 à 15 % plus faible. Splendide !
Alors pourquoi ce principe n’est-il pas sous tous les capots ? On trouve en fait des moteurs à cycle Miller dans des générateurs ou des bateaux, mais le coût généré par le système complexe (compresseur, échangeurs) en regard des avantages n’a pas jusqu’à présent convaincu les constructeurs automobiles, hormis Mazda, justement, qui a tenté un V6 2,3l à cycle Miller sur sa berline haut de gamme Xedos 9/Millenia dans les années quatre-vingt dix.
Comment fait alors Mazda pour s’y retrouver avec ce nouveau petit moteur ? C’est là que les choses deviennent floues: si vous vous souvenez de la phrase d’introduction de cette note, Mazda a annoncé un moteur à cycle Miller atmosphérique. C’est-à-dire sans dispositif pour compenser la perte de compression. C’est ce qu’utilise Toyota pour la Prius, décrivant le principe sous le nom de cycle Atkinson. Le moteur électrique de cette dernière sert à compenser la perte de puissance liée à l’absence de compresseur. Point de tel dispositif dans la Mazda 2, dont Mazda se garde bien d’indiquer la puissance, évoquant le pouvoir magique de la CVT super intelligente et du système de soupapes à calage variable pour l’agrément de conduite, et accessoirement 100 kg gagnés sur la génération précédente de la Mazda 2. C’est un peu noyer le poisson.
Alors, consommation tip top mais puissance en baisse ? Ce n’est pas un problème en soi, mais le message de Mazda n’est pas des plus clairs… Il faudra attendre d’avoir plus d’informations pour mieux comprendre l’idée derrière ce nouveau moteur. Mais on peut saluer l’initiative du constructeur qui continue d’explorer des voies différentes.
Pour ceux qui voudraient approfondir:
L’article de Wikipedia (en anglais)
Un site français (celui de Monsieur Philippe Boursin) qui décrit en détail le cycle Miller vu par Mazda
Source: Mazda
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