A la vue des résultats du Castellet, mais aussi des 1000 km de Spa, on ne pouvait vraiment établir une hiérarchie précise. Les essais qualificatfs nous ont donné une idée de l’évolution réalisée en 1 an. Audi a comblé son écart en performance, mais les 908 ont elles aussi progressé. En trustant les 4 premières places, les 908 affichaient clairement leur prétention. En course, dès le départ, les Peugeot 908 partent aux avants postes. Les temps au tour sont très rapides.
Une bagarre à distance
Les 908 parent sur un rythme soutenu. Mais très vite, la joie va retomber. La voiture partie en pole, pilotée notament par Sébastien Bourdais, abandonne après la casse brutale du point de fixation de la suspension avant droite. Problème jamais rencontré par l’équipe Peugeot Sport, la conséquence est simple : abandon. Un vrai coup de massue, aussi tôt dans la course. Sarrazin et Davidson, respectivement sur les n°2 et n°1, s’échangent la première place. Après 6 heures de course, la bagarre à distance s’installe.
Les Peugeot 908 snt aux trois premières places, et les Audi R15+ suivent. Une alter sur la °7 de Tom Kristensen, qui tente d’éviter la BMW n°79 au ralenti, va forcer l’auto à repasser par le box. A part cet coup de chaud, rien à signaler. Les Peugeot 908 sont devant, et cela apparait logique. Le rythme est élevé. A l’entame de la soirée, on s’attend alors à une course à distance, au chrono, en faveur de Peugeot.
Nuit noire pour Peugeot
La Peugeot 908 n°1 doit changer l’alternateur. Marc Gene repart et attaque fort. Après 8 heures de course, la voiture n°2 de l’équipage 100% français est devant. Sans aucun problèmes, ils mènent l’assaut pour Peugeot. La voiture confiée à Oreca pointe alors seconde, une très belle performance. Les Audi sont groupées, surement, aux 3e, 4e et 5e places. La stratégie est alors simple, rouler, vite, fort, et espérer un problème technique devant. Romain Dumas, mais aussi Alan McNish sont, par exemple, rincés après leurs relais. Le Dr Ullrich demande à ses pilotes de tout donner. La fin de la nuit se déroule avec ne seule Peugeot en tête, celle de Montagny, Minassian et Sarrazin. Esseulée, elle parait bien faible face aux Audi qui tournent régulièrement, sans le moindre accroc. On voit alors apparaitre doucement toute la force de Audi, toute l’expérience accumulée pendant une décennie. Audi a façonné les années 2000 dans la Sarthe, et déroule son plan.
Le soleil fait son apparition et l’Audi n°9 est en tête. Un incendie sur la seule Peugeot officielle restante, au niveau du Tertre Rouge, met fin à la domination des 908. Au 265e tour, et pour la première fois depuis le départ, une Audi R15 est en tête. Tapi dans l’ombre depuis le départ, les R15+ récoltent enfin le fruit de leur travail.
Course de fond
Au matin, André Lotterer et Romain Dumas effectuent leurs relais sur les Audi R15+, devant la seule 908 officielle. Avec des temps au tour plus importants que la Peugeot, ils évitent les fautes, et continuent de dérouler, implacablement, le rythme lancé depuis 15h, la veille. Un tout droit d’André Lotterer remet la Peugeot n°1 dans la course.
Davidson puis Wurz donnent tout pour remonter. Ce n’est pas un rythme de ski de fond, mais un véritable sprint que veut lancer Olivier Quesnel. « Nous allons tout donner« , quitte à tout casser, confie le patron de Peugeot Sport. La bataille est belle. Le défi semble de rop grande taille pour la seule 908, mais elle recolle avec la n°8. De beaux échanges de positions se font… avant une alerte, encore une fois, sur la seule 908 restante. Abandon. Dès lors, il n’y a plus qu’Oreca qui défend les couleurs de Peugeot. Lic Duval lui aussi se lance dans la grosse attaque. Que peut-il faire d’autre ? Sa voiture rend l’âme à Arnage, aux alentours de 13h45. Aucune 908 ne verra la ligne d’arrivée, un échec cinglant, 1 an après la victoire de la Peugeot, ici au Mans.
Le double effet Audi R15+
Audi, en sortant son Audi R15 version 2009, avait fait un choix stratégique radical, novateur. Sans doutes trop. Contestée sur le plan règlementaire, difficile à mettre au point, la R15 fut un échec (relatif), ne signant son seul coup d’éclat qu’à Sebrng. La R15+ a d’emblée été annoncée comme une arme redoutable par Audi. Sans doutes a t-elle poussée Peugeot à aller chercher encore plus loi la performance, et ainsi à perdre de vue le principal atout au Mans : la fiabilité. Peugeot, disposant d’un matériel éprouvé et fiabilisé (depuis 4 ans tout de même !) a sans doutes poussé trop fort ! En rythme de course « normal », c’est à dire sans prise de risques inconsidérée, les R15+ étaient à la mesure des Peugeot. La victoire (le triomphe) d’Audi aujourd’hui est une vraie leçon.
Il s’agit d’une victoire bien différente de toutes celles qui ont pu avoir lieu par le passé. Différente de 2007 ou 2008, ou Peugeot apprenait Le Mans (bien que disposant sur le papier d’une meilleure voiture en 2008). Une victoire différente de celles de Sebring et du Petit Le Mans 2009, ou la victoire était acquise au terme d’une bataille frontale, dure. La victoire de ces 24 Heures du Mans 2010 est avant tout une victoire cérébrale, au mental. Audi a toujours accepté d’être derrière, que ce soit au Castellet, à Spa, se focalisant sur la fiabilité. Chez Audi ou Peugeot, la préparation fut d’un très haut niveau, mais Le Mans a réservé ses surprises. Des casses moteurs à répétition ont émaillé cette édition. Corvette, Ford GT, Peugeot 908, Aston Martin LMP1, Le Mans fut cette année rude pour le moteurs.
Victoire HPD en LMP2
Acura a tenu face aux assauts des différents concurrents P2. La voiture du Quifel ASM Team n’aura finalement pas pu se battre avec les Acura, tout comme la Pescarolo du Oak Racing. Ce sont les faits de course qui ont affecté l’Acura du Highcroft Racing (une crevaison notamment, puis des problèmes de liquide de refroidissement) qui ont joué en la faveur du Oak Racing. L’équipage des « jeunes » sur la n°35 terine à une belle septième place. La Lola RML, ainsi que le second équipage Oak Racing suivent.
Saleen en P1, 10 ans après !
Lancée en 2000 à Laguna Seca dans le cadre de l’American Le Mans Series, la Saleen n’est pas vraiment une nouvelle voiture. Fiable, solide, elle s’impose en GT1, catégorie dans laquelle une hécatombe, prévisible, est intervenue. Les 3 Ford GT ont disparu très tôt, sur sortie de piste u casse moteur, laissant le champ libre à une Saleen lente (qui termine derrière les GT2), mais fiable.
Cinq voitures seulement étaient encore engagées dans cette catégorie ce matin… Ce sont finalement trois concurrents qui terminent. Saleen, Corvette Luc Alphand puis Aston Martin Young AMR.
GT2 : la revanche Porsche
Défaite l’an passé, la marque Porsche a su réagir. C’est la voiture n°77 e l’équipe Felberayr qui s’impose, devant la Ferrari n°89 du Hankook team Farnbacher (déjà deuxième il y a quelques semaines aux 24 Heures du Nurburgring).
La Porsche BMS Scuderia, que l’on espérait voir haute dans la catégorie, est finalement troisième. Risi cesse sa spirale victorieuse.