Comme souvent avec les constructeurs japonais, le terme « concept » signifie ici « C’est la version de série mais on se réserve le droit de changer la nuance de rouge des coques de rétroviseur jusqu’au dernier moment« . Le dernier moment sera dans ce cas le mois de mars prochain, date de commercialisation de la Turbo RS.
C’est le grand retour de la kei sportive, un genre en vogue dans les années 1990 qui s’est ensuite éteint petit à petit à mesure que les boîtes à chaussures de type Wagon R et Tanto prenaient le dessus. Les années 90, c’était le temps où chacun des acteurs du segment avait à son catalogue une petite bombe dont le nom à rallonge, fièrement affiché sur les flancs de la machine, annonçait la couleur, une couleur chaude : double arbre, turbo, transmission intégrale, injection sophistiquée, intercooler et force entrées d’air pour tenter de refroidir de furieuses mécaniques qui, nonobstant une cylindrée de deux roues, faisaient soupirer d’aise les connaisseurs: la première Alto Works de 1987 affichait ainsi 64 chevaux pour 550 cm3 et une zone rouge à 9500 tr/mn. C’est 117 chevaux au litre ! Et encore, la limite des 64 chevaux n’était qu’un voile pudique puisque, un peu comme le RB26 des Nissan GT-R dont les 280 chevaux se révélaient plus de 300 en arrivant au banc, les ingénieurs de Suzuki avaient conçu le moteur pour en tirer 78 chevaux au lancement, avant qu’à la demande des autorités les constructeurs ne tombent d’accord pour mettre la barre à 64.
La première Alto Works (RS-R ou RS-X selon le nombre de roues motrices) poussait l’incorrection en n’embarquant pas de banquette arrière pour pouvoir se revendiquer utilitaire et ainsi bénéficier d’une fiscalité un peu plus favorable… Les autres constructeurs n’étaient pas en reste : Subaru Vivio RX-R, Daihatsu Mira TRXX Avanzato-R, Mitsubishi Minica Dangan ZZ, ces amusantes petites autos que l’on croise encore dans les parcs d’occasion étaient le reflet à échelle réduite de l’âge d’or des sportives nippones.
Vingt ans après cette époque bénie, c’est Suzuki qui va tirer le premier avec une Alto Turbo RS dont on ne sait encore rien des caractéristiques mécaniques (sauf qu’elle ne dépassera pas 660 cm3 et qu’elle affichera 64 chevaux), mais qui a sans conteste la tête de l’emploi.
Pour se remettre dans le bain, voici en bonus une vidéo d’époque d’un essai de la première Alto Works par un journaliste respecté. Traduction simplifiée :
– Journaliste en col roulé, devant la voiture : « Les fous furieux de chez Suzuki ont pété une durite avec cet engin. Ca va arracher sévère.«
– Journaliste en col roulé, en plein talon pointe : « Ce châssis s’accroche au bitume comme un inspecteur des impôts à une déclaration en retard. Va y avoir de l’explication de texte chez la concurrence.«
– Journaliste en col roulé, avec l’ingénieur en chef de l’Alto Works chez Suzuki : « Salut Jipé, ça farte ? Dites-donc, elle envoie du pâté votre pétrolette…«
– Ingénieur en cravate : « Et encore vous n’avez rien vu, si on voulait on pourrait sortir 140 chevaux au litre, tranquille Mimile. On est comme ça chez Suzuki, direct à la jugulaire. Et en plus c’est un utilitaire, vous récupérez la taxe sur le « camion ». Ah ah !«
– Journaliste en col roulé, concluant l’entretien : « Mais quelle tuerie ce truc. Non mais Allo, quoi.«
En espérant que Daihatsu, Mitsubishi et Honda répondent à la provocation…
Crédit illustrations: Suzuki sauf (2) Wikipedia