Test Renault Espace 3.5 V6: Super bus (3)

La carte mains libres qui vous occupe le pied pour démarrer, c’est pas banal. Mais c’est l’automobile moderne et il faut s’y faire. Reste à savoir si cette carte coûte moins cher à dupliquer qu’une clé codée actuelle. Mais là n’est pas le propos. L’Espace n’est pas fait que de matière inerte et son coeur nippon, loin de refroidir, aurait plutôt tendance à rechauffer vos sens. 3..2..1…Ignition…

L’allumage du booster politiquement incorrect ravive la flamme, vacillante, qui existe dans chaque passionné d’automobile. On se fait, bon gré mal gré, aux diesels modernes qui offrent une irrésistible pêche dès les premières rotations de vilebrequin jusqu’à des régimes que les chauffeurs de taxi d’il y a 10 ans n’osaient même pas imaginer. Même les fumées et les claquements disparaissent petit à petit du « package négatif » des engins gazolés.
Reste le son.
Et pour ça, même un V10 TDi de course ne vous charmera pas les pavillons comme savent si bien le faire leurs cousins essence, pour peu qu’au moins 6 pistons s’ébranlent ensemble.
Ici, le chanteur est un V6 3.5l Nissan qui équipe dans une version 280 ch (ou plus) le sensuel mais pragmatique Coupé 350 Z. Son vibrato mélodieux cherche sa gamme d’onde dans le répertoire musical teuton, plutôt du côté de Munich. C’est jouissif. (C’est mal je sais)

Les montées en régime apparemment anesthésiées par un physique guère profilé et un poids de circonstance (1770kg) sont une sucrerie pour les tympans (du miel dans les oreilles ?!). Faites ce que vous voulez mais la version Dci 175 ch, aussi justifiée et raisonnable soit elle, ne procurera jamais ce petit pincement dans la poitrine qui file vers l’échine lorsque vous écrasez l’accélérateur.
28.7s et 8.1s pour le 1000m Da et le 0 à 100 km/h ne sont pas des chiffres de fainéant. Ils sont même révélateurs de la vigueur de ce V6 qui vous fait prendre conscience de l’infâmie que fut son homologue PRV pendant longtemps. Par contre, la position de conduite assez haute, l’ambiance intérieure très « lounge » et tout ce qui fait de l’Espace autre chose qu’une sportive font que l’on ne ressent pas vraiment cette poussée charnue. Heureusement l’avènement des antipatinages électroniques et les voyants qui vont avec nous renseignent sur la quantité de NewtonMètres qui viennent violenter les pneumatiques avant.
Après un crissement plaintif des 225/55 R 17, les puces se mettent au boulot et les voyants du tableau de bord font la java pendant un bon moment. Pour jauger de la forme du bouilleur, mesurez le temps durant lequel la loupiote papillote. Amusant.

Plus prosaiquement, le V6 et ses 330 Nm (360 Nm pour le Dci 175 ch) vous propulse promptement avant de s’essouffler en grimpant en vitesse. Mais là, la responsabilité de la boîte automatique est engagée.

Si bémol il doit y avoir c’est bien cette transmission qui ne parvient pas à combler toutes les attentes. Autant sur autoroute à allure constante ou en ville au ralenti, on peut s’en accommoder, autant sur Nationale, elle devient frustrante. Ca l’est d’autant plus (frustrant) que ce moteur n’est disponible qu’en boite auto !
L’inertie et le glissement, inhérents à ce type de transmission sont toujours présents et dès que la conduite devient saccadée et que les rapports doivent s’enchainer, les passages sont trop longs. Le mode ‘Impulse », ne fera pas sourire un inconnu puisque lorsque vous manoeuvrez le pommeau en séquentiel, vous vous posez constamment la question: « Le rapport a t’il été pris en compte ? ».
Dans l’attente, vous « cliquez » une seconde fois et la machine vous tombe ensuite 2 rapports, au lieu d’un seul désiré. Bref, avec le temps et la pratique, la connaissance mutuelle se faisant plus étroite, j’imagine qu’il est plus aisé de satisfaire « madame » mais pour un bref « séjour spatial », je ne suis pas convaincu.

En ce sens, le modèle 2.0l Dci 175 et sa boite 6 se révèle plus intéressant. Même si les performances relevées sur la Laguna avec ce même moteur ne sont plus du même ordre (31.3 et 9.1 pour le 1000m et le 0 à 100 km/h), même si la sonorité n’a rien de démonstrative, il faut bien avouer que c’est le choix le plus raisonnable. D’ailleurs, la présence au catalogue des versions Dci 2.2litres et même de celle du V6 3.0l Dci de …180 ch ne se justifie plus avec l’arrivée de l’excellent M9R qui les supplante tous en performances et en consommation.

Au jeu des différences entre V6 essence et 2.0 Dci 175 chevaux, notez un ressenti de direction assez différent et un toucher de frein totalement opposé. Sur le Dci, on est surpris par le mordant qui vous colle les narines sur le pare-brise alors que le V6 essence fait plutôt dans le spongieux un peu fainéant. Certainement une différence entre boite auto et manuelle.

Le vol en Espace se révèle instructif. Si les capacités de l’engin n’étaient pas ce quelles sont, c’est à dire plutôt convaincantes, nul doute que l’on n’essairait pas de le pousser dans ses retranchements. Et la forcément, sa nature de monospace entre en contradiction avec son moteur enjoué. A vitesse à peine illégale, l’Espace est majestueux. Si le coté obscur de votre force vous fait accélérer la cadence, les 1770kg viendront se vautrer sur les 22 cm de gomme avant qui peineront à supporter la charge en gardant tout de même une dignité que certaines berlines pourraient lui envier.

Petit reproche sur cette version V6, le cahier des charges qui a certainement imposé une rigueur de comportement sur autoroute a obligé les metteurs au point à une certaine raideur de réglages pour contenir le poids et les effets d’un centre de gravité haut perché. Il en résulte des trépidations sur ma machine plutôt génantes à basse vitesse sur chaussée pas très nette. M’est avis que l’on atteint là les limites de la physique de suspensions. Pour pallier à cette dichotomie, il doit falloir évoluer vers de la suspension active électronique.

Le bilan reste toutefois largement flatteur et l’Espace IV ne déméritera pas sur les autoroutes francfortoises ou munichoises. En plus de cruiser allègrement à des vitesses indicibles, il saura préserver avec classe et distinction l’intimité de ses 5 ou 7 passagers. Un vrai Super bus qui fait se former dans ma bouche des mots que je n’aurais jamais cru prononcer:
Vive le transport collectif.

Si le porte monnaie vous en dit sachez que la version 2.0 DCi 150 ch s’achète pour 34.750 euros en finition Authentique jusqu’à 47.300 en version Initiale. Le 175 ch Dci testé va de 38.800 à 48.300 euros alors que le mélodieux velu (Robbie Williams ?!) présenté dans cet essai n’est disponible qu’en version Privilège à 42.900 euros et en version Initiale à 50.900 euros.

En espérant que le vol vous aura été agréable….

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