Test Renault Clio RS: Science de l’efficience 3

Cela faisait bien 2 h que l’on ruminait notre frustration dans un interminable jeu de saute-camion perdu d’avance sur des départementales bien trop fréquentées. La clim’ s’ingéniait à masquer toutes traces externes du bouillonnement intérieur du conducteur frustré que j’étais. Puis, sur le road book, une petite route à droite. Déjà 2h de retard sur l’horaire. Alors que la sagesse commandait de foncer droit vers l’autoroute pour ramener une Clio RS même pas rudoyée à ses prêteurs, la passion a préféré les chemins de traverses. Bien lui en a pris.

Dans ces cas là, on remercie le divin qui a poussé à la bifurcation. La D2, qui part de Gemenos pour rejoindre Plan d’Aups-Ste Baume, fait partie de ces routes bordées d’un liseré vert présentes sur les cartes Michelin. Ce trait de couleur nous renseigne sur le caractère pittoresque et potentiellement jouissif des sinuosités à venir. Mais surtout c’est la garantie de croiser beaucoup moins de camions !
Donc, pour être en accord avec les règles de bonne conduite en vigueur un peu partout, nous aurons attendu que la route passe au vert pour démarrer vraiment l’essai !

Ce ruban de plaisir contourne les massifs sauvages dans une gamme de virages plutôt complète. La vitesse est plutôt modérée puisque seuls les 2nd et 3eme rapports seront utilisés. Et là, la Clio RS excelle. Simplement.

Les autos de rallye qui trouvent ici un théâtre de performances idéal ont eu le bon goût de laisser les traces (de gomme)de leur passage en course. Ces marques font donc office de copilote, annonciatrices des difficultés. Les freinages sont facilement repérables et la route est lisible comme jamais.

La Clio RS démontre alors le bien fondé de son train avant à pivots découplés sur ces routes ignorant le rectiligne. Le surpoids ne se ressent pas vraiment tant l’amortissement est réussi. La caisse est constamment maitrisée dans les changements d’appuis, sans réel inconfort ce qui à ce niveau d’efficacité reste assez rare. Ensuite, à ces vitesses moyennes, la direction électrique est réactive et précise sans effet d’inertie. Aucun effet de couple n’est à noter dans le train moteur-directeur. Il est vrai que les 200 ch ne sont pas du genre mustangs sauvages mais plutôt percherons besogneux.

Sur ce point il sera nécessaire de comparer l’auto à des compétitrices de même niveau de puissance pour pouvoir vraiment juger de sa santé réelle ou virtuelle. Mais le sentiment est qu’en annihilant toute brutalité d’un bouilleur de sportive, on laisse comme un goût d’inachevé dans l’écrit du journaliste. Et ce, même si l’efficience chronométrique semble avérée par l’aiguille du compteur dès qu’un bout de droit s’intercale entre 2 courbes. Vivement le ‘downsizing’ et le retour du turbo.

Quand la vitesse s’accélère, la clim’ ne suffit plus à refroidir l’aisselle réchauffée de l’essayeur qui découvre une particularité de la Clio RS: Elle sait « rouler » du postérieur. Un peu à la manière des réglages convaincants d’une Ford Focus de première génération, l’inscription en courbe est suivie d’un subtil déhanchement du fondement qui vient progressivement se caler en appui tant que le volant reste braqué. Ce « cul mobile » rend la Clio agile dans le serré sans pour autant la rendre surprenante dans le rapide comme pourrait le faire une Ford Fiesta ST par exemple.
Une fois, la communication établie entre le pilote, pardon le conducteur, et l’auto, on en vient à jouer des tranferts de masse avec une satisfaction réelle. Ludique la Clio RS.

Au pire des cas, l’ESP déconnectable et l’ABS, sont en alerte pour venir jouer les bons samaritains en cas d’excès. A ce propos, l’avantage du pivot indépendant doit jouer sur l’efficacité de l’Antiblocage de roue. En rendant le train avant plus rigide, plus tenu donc plus adhérent, on ne ressent vraiment que très rarement cette pédale vibrante source de perturbation. Plus largement, nous n’aurons pas à nous plaindre des freins plutôt mordants et efficaces (peut être un poil trop à basse vitesse) sur notre parcours assez court il est vrai.

Petit désenchantement tout de même lorsque le rythme s’accélère vraiment, la direction électrique perd de sa précision. Mon camarade de virée, pas spécialement féru de spéciale de rallye, ira même jusqu’à rechercher à l’extérieur une forte brise qu’il croyait ressentir au volant. Alors que la flore locale se drapait dans un immobilisme quasi pictural, il y avait du vent dans la direction ! Ca n’est pas vraiment gênant mais ce flou est assez présent pour être ressenti par le conducteur de base, pas metteur au point pour un sou. Bizarre.
Et si par mégarde vous atteignez des vitesses inavouables sur une belle départementale ondulante, le placement précis de l’auto paraitra plus déliquat. A confirmer sur circuit.

En résumé, ce petit galop d’essai en Clio RS n’est pas le plus déprimant des tests à effectuer. Dans un contexte franco-français de répression à tout crin et de mise au ban de tout citoyen osant accoler les mots « automobile-plaisir-sensations », il est assez méritoire de proposer à la vente une auto revendiquant ces préceptes. Les 23.000 euros demandés ne paraissent donc pas une escroquerie lorsque vous vous attachez à énumérer les modifications chassis. Rien que son train avant « de competition » jusitife une partie de l’effort. Ensuite, si les 200 ch annoncés semblent un peu timides, j’attends vraiment de pouvoir mesurer la réalité de cette « timidité » face à des concurrentes pas si nombreuses à ce tarif (je les cherche encore). Entre une atmosphérique de 200 ch qui va chercher ses chevaux « en haut » et la même qui privilégie la courbe de couple, on a 2 ressentis très différents. Et parfois trompeurs. C’est une question de culture. Rappelons nous que Renault a bati sa réputation et son palmarès en Formule 1 avec des moteurs exploitables « en bas », pas avec des crécelles inconduisibles qui prennent 19.000 tr/mn sur les communiqués de presse.

Pour cela, il faudra nous revoir Miss Clio. Afin d’éclaircir vos derniers mystères.

Lire également: Test Renault Clio RS: Science de l’efficience
Test Renault Clio RS: Science de l’efficience 2

Une auto rouge et des chevaux étonnés: ça n’est pas une Ferrari. En F1 une Renault peut être meilleure, mais sur la route, on ne joue pas encore dans la même cour.

La Clio RS, c’est tous les jours fête…foraine !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *