Taux d’alcool à zéro au volant ? « Pas envisagé » pour le moment

« Je pense que lorsqu’on conduit, on ne doit pas boire », a déclaré Didier Guillaume au Grand Jury RTL-Le Figaro-TF1/LCI. Il ajoute : « je pense qu’on peut faire la fête et qu’on peut boire des coups, et boire du vin français, des vins d’excellence (…) Je pense que c’est très bon, mais lorsqu’on boit, on ne conduit pas. »

Il faut dire que l’alcool en France est plutôt culturel. Mais, l’alcool est présent dans près d’un accident mortel sur cinq selon le bilan définitif de l’accidentalité 2018 issu par l’ONISR (Observatoire national interministériel de sécurité routière).

Hier lundi, l’hôtel de Matignon (Premier Ministre) a fait savoir que si la proposition avait bien été instruite dans le cadre du CISR (Conseil interministériel de sécurité routière) en janvier dernier, « la proposition visant à abaisser le taux d’alcoolémie légal à zéro n’a pas été retenue et elle n’est pas envisagée par le gouvernement ».

Pourquoi abaisser à zéro le seuil légal n’aurait que peu d’effet sur le nombre de blessés et de morts ?

Il faut savoir que plus des deux tiers des accidents mortels où l’alcool est impliqué ont lieu avec un ou des conducteurs qui sont au-delà du triple du seuil légal. Au lieu de 0,5 g d’alcool par litre de sang (taux maximum légal pour un permis non probatoire NDLA), on est donc en présence de conducteurs au-delà du délictuel (0,8 g/l) avec plus de 1,5 g/l.

Plus de 20% des accidents mortels liés à l’alcool le sont avec un conducteur avec un taux d’alcool dans le sang entre 0,8 et 1,5 g/l. Au final, « seuls » 12% des accidents mortel liés à l’alcool (donc un peu plus de 2% tous les accidents mortels confondus) sont liés à un conducteur avec un taux dans la fenêtre contraventionnelle, c’est-à-dire entre 0,5 et 0,79 g/l. L’effet sur le nombre de morts serait donc marginal et ne serait pas sans conséquence et sans difficulté à mettre en oeuvre.

En effet, il existe ce que l’on appel un « seuil résiduel » chez certaines personnes. En l’absence d’absorption d’alcool, certaines personnes présente pourtant un taux supérieur à zéro. Certains médicaments, et même des aliments fermentés peuvent faire varier le taux au-dessus du 0. C’est d’ailleurs pour cela que le taux toléré pour les « jeunes permis » (ou permis probatoires) est fixé à 0,2 g/l même si le message officiel est « pas d’alcool du tout » pour eux.

Et chez nos voisins européens ?

En Europe, une majorité de pays a un taux d’alcool toléré de 0,5 g/l (ou 0,8 g/l dans certains pays). Rares sont ceux qui appliquent un taux zéro : Hongrie, République tchèque, Roumanie et Slovaquie. Souvent, ces mesures ont été prises pour casser une consommation excessive endémique. L’Estonie, la Norvège, la Pologne et la Suède appliquent une limite de 0,2 g/l.

On pourrait vouloir appliquer le 0,2 g/l pour tout le monde (moins de 1 verre NDLA). Mais, vouloir appliquer un taux zéro, c’est devoir multiplier de façon exponentielle les contrôles. Et ce, pour tous les Français dans leur vie quotidienne. Ou bien, de rendre obligatoire pour tout le monde les éthylotests anti-démarrage. Ou comment rendre très compliquée la vie des automobilistes lambda. Ceux qui ne boivent pas avant de prendre le volant pendant que les délinquants alcoolisés continueront de rouler fins saouls.

Bref, le taux zéro c’est la fausse bonne idée par excellence qu’il convient très vite de mettre à la poubelle. En revanche, le renforcement des contrôles d’alcoolémie ciblés, on ne peut être que pour.

Avec AFP

(27 commentaires)

  1. Un faux problème… Les poivrot continuerons à roulé bourrer ! et comme l’indique l’article c’est rarement le mec qui a 2/3 verres dans le nez (après un repas) qui cause un accident… Qu’il se fasse plaisir perso je m’en fou, les jeunes sont déjà à 0 donc…

  2. S’il y avait autant de contrôles d’alcoolémie (et des drogues tant qu’à faire) que de contrôles radars, alors là oui, il y aurait une réduction du nombre de décés sur la route…

    Faites l’expérience autour de vous : demandez aux personnes de plus de 40 ans, combien de contrôles d’alcoolémie ont-elles eu dans leur vie.

    Si ce nombre dépasse 3, mettez-moi un -1 !

    Si vous avez passé plus de 3 radars dans la semaine, mettez +1 😉

    1. Je vais vous racontez une anecdote, un soir en rentrant d’un repas chez des amis je me retrouve à un barrage de la gendarmerie, contrôles d’alcoolémie. Il était 2h du matin, j’étais avec ma femme et mes enfants. Je m’arrête tranquillement, je baisse ma vitre et le gendarme me demande si j’ai but de l’alcool. Je réponds spontanément que non, ce soir nous n’avons pas but d’alcools. Le gendarme me fait signe, vous pouvez y aller… Je regarde ma femme incrédule puis le gendarme qui me fait signe de partir promptement…
      J’avais réellement rien but mais je suis resté sur le cul…

      c’est le seul contrôle d’alcoolémie que j’ai eu depuis 2003…

      1. @Orel77
        Je ne suis même pas surpris. Une voiture avec une famille, une réaction et une haleine qui ne semble pas suspecte, pourquoi perdre du temps? A 2h du matin, ils cherchent les gens qui vont ou sortent de boite, avec un fort taux d’alcoolémie de préférence. Un peu comme quand ils sortent la Megane RS où ils ne s’embêtent pas pour quelqu’un qui roule à 140 pour 130.
        Je me suis souvent fait contrôler le vendredi ou samedi soir et ne t’inquiète pas que 3/4 jeunes dans une voiture, le chauffeur il souffle. à la longue, je n’étais même plus surpris, je savais en arrivant sur un rond point qu’il y avait de grande chance de les voir. Ne buvant pas d’alcool ça ne me gênait pas, quelqu’un qui boit il sait qu’il faut éviter ce rond point.
        En dehors de ces horaires là, j’ai dû être contrôlé que 3 ou 4 fois depuis que j’ai eu mon permis en 2001.

        Ma copine a eu son permis au début des années 2000, la première fois qu’elle a soufflée c’est cet été sur la route des vacances en pleine journée.

      2. Depuis 1994:

        1: Souricière à l’entrée de l’A1 au Bourget… Pas de bol, revenait de manger chez mes parents avec la copine de l’époque. Le flic demande en tendant le test si j’ai bu « oui, au repas ce midi, je ne pense pas que cela pose encore problème » (on était en début de soirée).
        Verdict: Positif… Contexte : 10 flics tous les 5m qui stoppaient/contrôlaient les bagnoles par paquet de 10, préfet sur la BAU qui retirait les permis à la chaîne… Le flic s’enquiert de ce que j’ai bu « 1 pastis et 2 verres de vin »… et là la copine qui n’aimait pas les flics qui clame fort et clair « pourquoi tu discutes avec lui il va t’aligner ». Je lui demande calmement mais fermement… de se taire… le flic me regarde un peu interloqué, mais content de ne pas avoir eu à lui remettre les idées en place lui-même… avant de lui donner tords: « Allez-y, rentrez directement c’est soirée ciblée alcoolémie sur l’IDF ». Ouf!

        2 et 3: Sur nationale entre 2h et 4h du mat, sur des ronds-points. Négatif, le seul aspect pénible est que les arrêts réveillent bébés/enfants!

        Bref, 3 contrôles en 25 ans. Les radars j’en croise 2 au quotidien, ce qui fait peu en IDF pour 50km A/R.

    2. Désolé, mais j’ai suivi vos règles :

      – j’ai plus de 40 ans.
      – j’ai subit plus de 3 contrôles d’alcoolémie, environ une vingtaine, dont un par un gendarme complètement bourré qui avait du mal à rester debout, et avait du mal à « analyser » l’éthylomètre.
      – je ne suis passé devant aucun radars depuis le 26 octobre, alors que j’utilise ma voiture pour aller au travail…

      …Sinon je suis entièrement d’accord avec vous.

      1. Pas de raison d’être désolé, c’était le but d’avoir une mini-mini sondage (absolument pas représentatif nous sommes d’accord).

        En 16 ans de conduite, je me suis fait contrôlé l’alcool 3 fois, dont 2 fois la semaine après l’obtention de mon permis (1 fois à 2h de matin et l’autre en plein millieu d’un rond-point à 13:00) !

        Au niveau radars par contre, il m’arrive d’en passer une vingtaine sur un trajet Bern-Genève… en moyenne je dois en compter 3-4 par jour (ceux que je vois évidemment), sachant que je roule 40’000km/an.

        1. Je fait 54km allé/retour pour aller travailler, je pars d’un petit village en Moselle Est vers une petite ville, et il n’y a aucun radar sur mon trajet, juste des sangliers, des chevreuils, des renards, etc… Il faut que je prenne l’autoroute à côté du boulot ou une voie rapide pour avoir un radar fixe.
          Il y a deux ou trois ans, contrôle d’alcoolémie sur la voie de sortie de l’usine à 15h30!! J’ai discuté avec les gendarmes, ils trouvaient ça logique, moi pas du tout car je savais qu’ils allaient perdre leur temps, bref…

  3. Le 0 est impossible, comme c’est bien expliqué dans l’article, mais pourquoi pas le 0.2 pour tout le monde?
    Le message serait clair, un verre c’est trop pour prendre le volant, et ça éviterait les faux positifs qui sont expliqué dans l’article.

    Pourquoi est ce qu’on tolère 1 verre au volant alors qu’on ne tolère pas 1km/h (retenu) au-dessus de la limitation? Puisqu’on tolère l’alcool au volant, on pourrait aussi tolérer les petits excès de vitesse avec un sanction différente jusqu’à 5km/h au-dessus par exemple. Aujourd’hui on risque la même chose qu’on se fasse prendre à 1km/h au-dessus ou 19 km/h au-dessus.

    1. @seb : concernant les radars, il y a déjà une tolérance technique de 5 km/h (5% au-delà de 100 km/h) pour la vitesse retenue car les compteurs de nos voitures ont cette tolérance en plus ou en moins et qu’avec les différents pneus et leur usure, on a une vitesse plus ou moins juste.

      Mais, il y a bel et bien une limite. Comme pour l’alcool. Imaginez que l’on dise « la limite pour l’alcool c’est 0,5 g/l mais on tolère 5% de marge » 😀 Là ce serait pareil 😉
      Surtout qu’entre 0,5 et 0,8 g/l, c’est 135 € d’amende et 6 points sur le permis. Elle est de quel côté finalement la tolérance ? 😛

      « Aujourd’hui on risque la même chose qu’on se fasse prendre à 1km/h au-dessus ou 19 km/h au-dessus. » >> Non. Si la vitesse retenue est de 1 km/h (donc au moins 6 km/h de plus que la limite) vous perdez 1 point sur votre permis (si le véhicule utilisé demande un permis), si elle est de 19 km/h (donc au moins 25 km/h au-dessus) vous perdez 2 points.

      En mettant 0,2 pour tout le monde, cela signifie que si vous buvez 2 verres de vin en mangeant, vous aurez grosso-modo un taux de 0,5 g/l 1 heure après. Ensuite, vous allez devoir attendre au moins 2 heures (on compte une baisse de 0,15 g/l par heure mais c’est variable) avant d’être en dessous de 0,2. Et tout cela pour quel résultat ? Et surtout quels moyens de contrôles ?

        1. A m…mince dites donc j’étais passé à côté de cela 😀
          Merci du lien 😉

          Mais pour la vitesse retenue il y a toujours la tolérance, qu’il n’y a pas pour l’alcool 😉

      1. La tolérance comme vous le dites est « technique », ce n’est donc en aucun cas une tolérance vis à vis du conducteur ou sa conduite.

        Mais contrairement à ce que vous dites cette tolérance technique est vis à vis du RaDAR et non du véhicule mesuré. Il n’y a AUCUNE tolérance vis à vis des véhicules mesurés.

        Un RaDAR est un appareil de mesure, et comme tous appareil de mesure il n’est pas infiniment précis. Même si la technique s’améliore et la tolérance vielle, la tolérance technique ne sert juste qu’à couvrir les erreurs de mesures du RaDAR. C’est à dire que l’on tolère que le RaDAR vous mesure à une vitesse plus élevée ou moins élevée que votre vitesse réelle. Mais pas que vous rouliez à une vitesse plus élevée que celle autorisée. Compte tenu de cela les Infractions sont automatiquement sanctionnées à partir du premier kilomètre/heure de trop.
        Si vous roulez réellement (pas compteur ou gps) à 1km/h de trop alors c’est la roulette russe en fonction des erreurs de mesure du RADAR.

        Un RaDAR qui vous indique 86km/h, et bien vous rouliez peut-être à 91km/h mais peut-être aussi à 81km/h. D’où la vitesse retenue de 81km/h. Et ça c’est dans un monde parfait où les RaDARs ne sortent jamais des clous.

        https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020777051

        1. @Bizaro : il y a le texte et il y a les faits….les radars sur le bord de nos routes sont largement plus précis que cela. Et je persiste, la tolérance est calquée sur les tolérances de nos compteurs.

          Les Mesta 206 (les barbecues effet dopler) ou 210 (les obus kakis qui sont devenus radars fixes de 1e génération puis 210C radars fixes de 2nde génération) avaient une précision de 1 km/h…et c’était il y a plus de 10 ans.
          Le Mesta 210 est donné pour +/-3% quand il est utilisé sur 8 voies avec 32 véhicules en même temps 😉

          On dit souvent que l’erreur vient de l’angle du radar…Sauf qu’ils sont posés avec une mire, avec une précision de 0,1°.
          Sachant qu’une erreur de 1° représente moins de 1% (0,7 km/h pour 90 km/h), les 0,1° représentent encore moins.
          Bref. D’ailleurs ces mêmes radars lasers sont avec une tolérance de 3 km/h en Suisse (la Confédération doit considérer que les compteurs sont plus justes…).

          1. Les faits sont l’application automatique des textes, et la tolérance technique ce sont les textes.
            La tolérance qui existe aujourd’hui en matière de contrôle de vitesse est celle liée aux erreurs de mesure des cinémomètres.

            L’ANTAI lors du traitement des excès de vitesse n’a aucune considération pour l’état des voitures et n’applique aucune tolérance. Même lors du CT le compteur de vitesse n’est pas directement vérifié. A la limite si il y a un problème avec un composant de sécurité qui s’appuie sur la vitesse, le compteur peu indirectement incriminé.

            Si vous voulez penser que le système a une tolérance envers vous ou l’état de votre véhicule et bien soit. Mais c’est faux. Ce n’est donc pas une idée à véhiculer.

            Par contre il est vrai que ces tolérances techniques légales sont vieilles et généralisées à tous les modèles de cinémomètres.

  4. Il existe des pays où la consommation d’alcool est interdite. Les contrôles (au volant) sont quasi inexistants et le nombre de morts liés à l’alcool y est plus important qu’en France.

    1. Je n’ai pas de nombres donc je ne peux pas infirmer ou confirmer ce que tu avances.
      C’est vrai qu’en Suède par exemple c’est zéro. Mais je ne sais pas si c’est bien respecté ni si il y a quand même des morts.
      Après les habitudes changent également. Les suédois semblent plutôt avoir tendance à se mettre des mines, à prévoir de rester sur place (ou une personne qui ne boit pas) que la consommation à la française où la consommation d’alcool est plus culturelle.

    2. Ces pays ont ils de grosses entreprises qui commercialisent du cancer , euh pardon de l alcool.
      Le lobby viticole est puissant chez nous . Le poivrot de l agriculture le dit lui même , fait boire du vin de préférence français ? , c est bon pour la santé

  5. J’ai 67 ans , 45 ans de permis , j’habite en région parisienne, je me sers de ma voiture quotidiennement (une grosse américaine qui pollue, mais je ne mets pas la clim et je mange végan?) 3 contrôles d’alcoolémie de ma vie d’automobiliste

  6. On ne va pas se mentir, les fêtes de fin d’années approchent, donc le sujet revient.

    Un seul contrôle d’alcoolémie tous les 20ans et aucun autres types de toxicologie. Ils sont automatiques en cas d’accidents graves. Effectivement les Radars automatiques sont une technologie que l’on a pour contrôler la vitesse, et il n’existe pas son pendant pour l’alcool. Par contre même quand les contrôles de vitesse étaient manuels il n’y avait pas autant de contrôle d’alcoolémie en parallèle. Et maintenant que les contrôles RaDAR sont automatiques, la maréchaussée ne semble pas avoir démultiplié ses contrôles d’alcoolémie. Sans contrôle derrière c’est un faux débat.

    Un zéro ou « traces de » pourquoi pas.
    Le taux ne conditionne pas l’état d’ébriété. Donc zéro cela ne souffre d’aucune approximation. Ce n’est pas 2 verres au bistrot ou un verre dosé chez les amis, ou un demi verre d’alcool de poire du tonton.

    Pourquoi s’embêter avec le 0.8, 0.5, 0.2g/l? L’argument courant est de dire que tout le monde n’est pas égale face aux effets de l’alcool. Alors mettre tout le monde à égalité sur zéro verre.

    De toute façon, le zéro alcool n’a aucune espèce d’importance. Car ne pas oublier que c’est la vitesse qui cause tous les accidents et tue. Même si heureusement les mentalités changent devant le fait accompli que l’on parle maintenant de facteur aggravant.

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