Les fonderies aluminium ou fonte seront sans doute sous les feux des projecteurs médiatiques durant 2021 et au-delà. Comme nous vous l’indiquions récemment, ces fonderies, poumons économiques des territoires durant de nombreuses années, n’en finissent plus de péricliter. La faute à une main d’œuvre étrangère moins chère et tout autant qualifiée, à des normes environnementales pas aussi strictes qu’en France, et donc aussi à des clients (dont des constructeurs) qui vont chercher ailleurs pour payer moins cher certaines pièces.
Concernant MBF Aluminium, le tribunal de commerce de Dijon a accordé un délai supplémentaire aux candidats à la reprise. En parallèle, la région se déclare être prête à monter au capital de l’entreprise. Le but serait de favoriser une éventuelle nouvelle proposition de reprise. Cela fait près de deux mois que les salariés se mobilisent pour sauver leur fonderie. La semaine dernière, ils sont allés jusqu’à menacer de faire sauter leur usine, faute de solution.
Permettre le dépôt d’une nouvelle offre
« Le dossier va être rouvert jusqu’au 9 juin et de nouveaux repreneurs vont pouvoir prétendre acquérir MBF », a indiqué à la sortie de l’audience à huis-clos Koray Sukran, délégué syndical Sud, dans des propos rapporté par l’AFP.
Pour l’instant, il n’y a qu’une seule et unique offre portée par l’entrepreneur Michaël Azoulay. Cette offre propose de conserver 229 salariés. Cela porterait à 42 le nombre de postes supprimés. Pour le moment, l’offre n’a pas été écartée, d’après l’avocat du CSE Georges Meyer. En effet, Azoulay a pu démontrer lors de l’audience devant le Tribunal de Commerce de Dijon qu’il « avait le soutien de banques régionales pour être l’acquéreur potentiel », a pour sa part rapporté Nail Yalcin, délégué CGT toujours selon l’AFP.
Pourtant, il y a un jour, Azoulay fustigeait sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté la frilosité des banques régionales « et leur manque de soutien à une entreprise locale ». Selon lui, les banques lui expliquent ne pas avoir le temps d’analyser le dossier. Un comble pour des banques qui communiquent sur leur implantation locale. Ce manque de soutien viendrait-il du fait que monsieur Azoulay n’est pas dans l’automobile ? Son projet pour la fonderie est d’ajoutée des produits au catalogue comme des carters d’engins agricoles ou des pièces aluminium de deux roues et patinettes électriques.
Un partenariat public-privé ?
La fonderie MBF est le premier employeur privé du bassin du sud du Jura. Là encore, le groupe Renault et l’ex-PSA désormais Stellantis sont les deux clients qui font vivre l’entreprise. Selon monsieur Yalcin, l’Etat, et les deux principaux clients se font tirer l’oreille pour soutenir l’offre de reprise. La fonderie travaille tout de même pour d’autres constructeurs comme BMW, Ford ou Nissan.
Est-ce que l’offre de la Présidente PS de la Région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay, changera quelque chose ? Elle propose un montage public-privé, en demandant l’accompagnement de l’État « pour constituer un pool d’investisseurs ». Ce qui complique pour le moment la chose, c’est évidemment que la Présidente remet son mandat en jeu avec les élections régionales qui doivent se tenir en juin. La montée au capital de l’entreprise possible de la collectivité à hauteur de 33% (soit entre 300.000 et 600.000 euros selon les estimations de la Présidente) sera dont assujettie à la réélection de madame Dufay. A moins que la ou le Président élu(e) fin juin ne poursuive cette volonté également.
La fonderie MBF produit des carters moteurs, ainsi que des éléments de boîtes de vitesses. Les offres de reprises seront examinées le 15 juin prochain. Les élections régionales n’auront pas encore eu lieu.
A propos de MBF Aluminium
MBF Aluminium est « l’un des spécialistes européens de l’injection sous-pression de pièces en aluminium pour le secteur automobile ». La fonderie MB est née en 1948 à la suite d’un petit atelier créé en 1941 par Stéphane Manzoni et Paul Bouchot. La fonderie est alors une fonderie sous pression. La fonderie se diversifie au fil des années et se spécialise même à un moment donnée dans les rétroviseurs. En plus de la fonderie, MBR pour Manzoni-Bouchot Rétroviseurs est créée, puis MBP pour Manzoni-Bouchot Plastique (injection de plastique, etc.).
MBF Manzoni-Bouchot Fonderie est formellement créée en 1991. Elle se consacre à la fonderie d’aluminium et de zamak. L’activité zamak cesse en 1997. Le groupe MB qui chapeaute toutes les activités est racheté par le groupe financier suisse Leman. Plusieurs autres fonderies à l’étranger sont acquises. En 2021, le Groupe CMV rachète MBF Aluminium. Faute – déjà à l’époque – de soutien des banques, MBF tentera l’introduction en bourse en 2019.
peut être que cela mériterait des commentaires pour alimenter la réflexion, mais non.
Saint Claude (Jura) n’est pas que la capitale de la pipe ….
La bruyère vient du Var et pas du Jura , donc c’est Cogolin 83 la capitale.
https://dynamic-media-cdn.tripadvisor.com/media/photo-o/07/77/9f/38/les-pipes-de-cogolin.jpg?w=1000&h=800&s=1
Ah Saint Claude. L’exemple type de la mauvaise gestion du territoire. Pas d’autoroute, trop isolee (30min de departementale pour y acceder a partir de l’autoroute, et des hivers qui peuvent multiplier par 2 ce temps), pas de ligne de train digne de ce nom (peut etre plus rien d’ailleurs).
C’etait une ville tres dynamique industriellement qui se meurt a petit feu.
La fonderie MBF, c’est le genre d’industries qu’il faut absolument garder, c’est un savoir faire qu’il ne faut pas perdre.
Surtout la faute à une transition soit disant écologique qui va laisser beaucoup de gens sur le carreau, ondit merci qui?
Oui et non. Cela peut servir de prétexte, mais les difficultés des fonderies françaises ont commencé dans les années 90 déjà.
Et là, il n’y avait pas de transition écologique.
L’un des soucis, selon moi, est que la politique française est centralisée. Les territoires sont laissés à l’abandon et surtout, depuis les années 80, on considère que l’on peut remplacer les emplois de cols bleus par des emplois de service de cols blancs.
Or, cette transformation a ses limites, déjà atteintes depuis longtemps.
La France a besoin de ces PME d’ouvriers pour le maillage économique du territoire.
Rien que le fait de lire que cette fonderie, avec 250 emplois en gros, est le plus gros employeur privé du sud Jura fait peur non ?
@luxecar : rien a voir, le declin de Saint Claude est bien plus ancien. Le declin de l’industrie « sale » (desole pour l’expression, mais c’est le sentiment de beaucoup de politiques) est tres ancien aussi. Cela fait bien longtemps que les fonderies francaises disparaissent car ce sont des industries qui demandent beaucoup de main d’oeuvre, donc soumis a la concurrence des pays a bas couts.
L’industrie disparait de nos territoires, mais on veut nous faire croire que l’on peut etre une societe de services.
n’oublions pas non plus un effet familial, qui dans les famille d’employés des entreprises industrielles a poussé les enfants à reprendre un travail technique ?
Comme dans l’agriculture, et l’artisanat, c’est trop « dur » mon fils.
Fonctionnaire mon fils tu seras…
(en 2006 : 72 % ds élèves d’un lycée de ma région souhaitaient un emploi dans la fonction publique pour la tranquillité de l’emploi…).
Quand on est sur une pente savonnée, ajouter de l’eau facilite pas mal de choses…
Si la Fonderie reste ouverte, j’espères qu’il auront une …. en Kdo 🙂 Offerte par le gouvernement
Encore une victime de la CGT!!!