Subventions VE : le Mexique menace de poursuivre les US

Le Mexique a menacé jeudi de poursuivre en justice les dispositions de la loi Build Back Better du président américain Joe Biden qui accorderait des subventions allant jusqu’à 12 500 $ pour l’achat de véhicules électriques fabriqués aux Etats-Unis par des salariés syndiqués. Une réaction qui se veut beaucoup plus ferme que celle du Canada.

Le projet de loi devrait être soumis à un vote au Sénat américain à la mi-décembre.

Le Mexique estime que le projet de loi violerait le pacte USMCA

Tatiana Clouthier, secrétaire mexicaine à l’Économie, a déclaré que le projet de loi actuellement devant le Sénat américain violerait les clauses de non-discrimination de l’accord de libre-échange États-Unis-Mexique-Canada.

Tatiana Clouthier estime en effet que la mesure serait discriminatoire à l’égard des potentielles exportations de véhicules électriques produits au Mexique et favoriserait les producteurs nationaux US, ce qui, selon elle, est interdit en vertu du pacte USMCA.

« Nous appliquerions des représailles commerciales », a déclaré Clouthier, faisant apparemment référence à d’éventuels droits de douane. « Ce projet de loi n’est pas conforme aux obligations des États-Unis en vertu du TMC et des règles de l’Organisation mondiale du commerce » a-t-elle ajouté.

Les flux migratoires : une arme redoutable pour faire fléchir les Etats-Unis ?

L’industrie automobile mexicaine, composée d’usines gérées par la plupart des constructeurs automobiles américains, européens et asiatiques, s’avère d’ores et déjà impactée par la pénurie mondiale de puces et la pandémie de coronavirus.

Or, selon Tatiana Clouthier, le projet de loi du Sénat américain pourrait coûter des emplois au Mexique.

Plus encore, prévient-elle, de telles mesures pourraient « générer des pressions supplémentaires pour la migration ». Ou quand les flux migratoires sont brandis comme une arme redoutable pour faire fléchir les politiques.

Mexique / Etats-Unis : d’autres sujets de discorde

Ce dossier n’est pas le seul à assombrir les relations entre Etats-Unis et Mexique. En dehors des problèmes de flux migratoires et d’actions protectionnistes des USA, Washington redoute que le Mexique ne tente de favoriser ses propres centrales électriques appartenant à l’État.

En novembre dernier, l’ambassadeur des États-Unis au Mexique, Ken Salazar, a déclaré que les États-Unis avaient de « sérieuses inquiétudes » concernant les tentatives du gouvernement mexicain de limiter la concurrence dans le secteur de l’électricité.

Le diplomate a déclaré avoir rencontré des responsables mexicains pour discuter d’un projet de modification de la Constitution mexicaine visant à restreindre la part de marché des producteurs d’électricité privés et à favoriser la société de services publics mexicaine.

Dans une lettre adressée à Salazar en octobre, une vingtaine de membres du Congrès et de sénateurs du Texas ont déclaré que la proposition de López Obrador – président de la République mexicain – « serait discriminatoire à l’égard des producteurs d’énergie américains ».

Le projet de loi présenté par López Obrador en octobre annulerait les contrats en vertu desquels 34 centrales privées vendent de l’électricité au réseau national. Le plan déclarerait également « illégales » 239 centrales privées supplémentaires qui vendent de l’énergie directement à des entreprises clientes au Mexique.

La mesure annulerait également de nombreux contrats d’approvisionnement énergétique à long terme et programmes d’achat préférentiel d’énergie propre, affectant souvent les entreprises étrangères.

Le plan garantit au service public d’électricité une part de marché d’« au moins » 54 %, même si le pacte de libre-échange États-Unis-Mexique-Canada interdit de favoriser les entreprises locales ou gouvernementales.

Le courrier des législateurs américains du Texas affirme quant à lui que « les réformes constitutionnelles proposées par le gouvernement (mexicain) augmenteraient le contrôle de l’État sur l’industrie de l’électricité et limiteraient considérablement l’investissement privé. Ces mesures, entre autres, nuisent à notre partenariat commercial essentiel avec le Mexique et violent potentiellement les principes clés de l’USMCA. »

Notre avis, par leblogauto.com

Réponse du berger à la bergère donc, entre protection des intérêts américains et mexicains et forts relents de protectionnisme de part et d’autres, avec au milieu, des migrants, en quelque sorte « pris en otage » par les politiques menées par les deux parties, brandis comme une menace.

Sources : Associated Press

(6 commentaires)

  1. L’élection présidentielle a fait changer le gouvernement de bord mais visiblement la politique reste la même. Comme quoi, Républicain/Démocrate, Droite/Gauche, on peut appeler ça comme on veut, la politique sera toujours la même: Moi d’abord.

    1. C’est normal, ce n’est plus une question de gauche ou de droite… Ils défendent leurs intérêts, il n’y a que l’Europe qui ne sait pas défendre ses intérêts… Enfin sauf pour l’Allemagne, mais c’était normal avec la politique de Merkel uniquement pro-allemande.

      1. Quand on défend « ses intérêts » au risque de se fâcher avec ses partenaires, on a une politique très court terme.
        A quoi ça sert de négocier des pactes de collaboration si au final c’est pour ne pas les respecter ?

    1. @Thomas, durant sa présidence, j’ai eu toujours un discours « anti-Trump » profondément… Mais SAUF pour sa politique extérieure.
      Ils défendent les intérêts de leur pays… Alors que l’Europe ne défend pas l’intérêt général des pays européens, parce que nous sommes trop divisés avec les intérêts de la politique de Merkel qui a duré 20 ans.
      … On paye l’addition maintenant !

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