Stellantis : Tavares seul maître à bord, départ de Manley

Ceux qui se demandaient laquelle des deux entités récemment fusionnées au sein de Stellantis – FCA et PSA – prendrait le lead semblent désormais avoir la réponse : Mike Manley, précédemment DG de Fiat-Chrysler (FCA) avant la fusion quitte le nouveau groupe issu du rapprochement entre les deux constructeurs, sans être remplacé. De quoi ouvrir une voie royale à Carlos Tavares, patron de PSA avant qu’il ne fusionne avec FCA.

Mike Manley quitte Stellantis

Stellantis a annoncé mardi le départ de Mike Manley, l’ancien patron de FCA. Lequel assurait la direction des opérations en Amérique du Nord et du Sud depuis la fusion.

Ce remaniement au plus haut niveau intervient huit mois à peine après la fusion entre les deux constructeurs.

Stellantis précise dans un communiqué qu’il ne sera pas remplacé.

Le COO du groupe pour l’Amérique du Nord Mark Stewart et son COO pour l’Amérique latine Antonio Filosa remplaceront Mike Manley et rapporteront directement à Carlos Tavares.

Mike Manley : nouveau patron de Autonation

AutoNation, le plus grand groupe de concessionnaires aux États-Unis, a annoncé la nomination d’un nouveau DG pour succéder à Mike Jackson, âgé de 72 ans, qui prend sa retraite après de longs et loyaux services au sein de la structure.

. À compter du 1er novembre, Mike Manley assumera le rôle de directeur général d’AutoNation, tout en disposant d’une place à la table du conseil d’administration.

« AutoNation a établi la référence en matière d’excellence de la vente au détail automobile », a déclaré Mike Manley à cette occasion.

Mike Manley concurrent puis partenaire de Carlos Tavares

« Cela a été mon privilège de connaître Mike d’abord en tant que concurrent, puis en tant que partenaire et collègue dans la création de Stellantis, mais surtout, toujours en tant qu’ami », a déclaré Tavares dans un communiqué. « Dès les premiers jours de nos discussions, nous partagions une vision, une conviction et un engagement vraiment communs et c’est sur ces bases solides, construites au cours des dernières années, que Stellantis a obtenu ses premiers résultats impressionnants » a ajouté le dirigeant.

Manley attiré par d’autres cieux …

Le départ de Mike Manley ne semble pas être un départ contraint mais au contraire une volonté de l’ancien patron de FCA de quitter le groupe nouvellement formé.

Conflit de pouvoir entre deux têtes dirigeantes ? Volonté de Carlos Tavares d’avoir la suprématie ou choix réel et réfléchi de Manley ?

En tout état de cause, Tavares a déclaré qu’il était « personnellement désolé de ne plus avoir Mike comme collègue », mais heureux pour Manley dans son nouveau rôle de DG et « heureux qu’il rejoigne le conseil d’administration de la Fondation Stellantis ».

« Le moment est venu pour moi d’ouvrir un nouveau chapitre », a quant à lui déclaré Manley dans un communiqué.

Manley l’un des cadres de FCA les plus proches de Marchionne

Manley, 57 ans, a rejoint l’entreprise en 2000 alors entité DaimlerChrysler.

Il y a commencé en tant que directeur du développement du réseau au Royaume-Uni. Au fil des ans, il a occupé divers postes de direction, notamment à la tête de la marque Jeep puis de la marque Ram. De juillet 2018 à janvier 2021, il a été DG de Fiat Chrysler Automobiles.

Manley a en effet pris les rênes de FCA en 2018 après que Sergio Marchionne, l’homme crédité d’avoir sauvé à la fois à Chrysler et à Fiat, a dû quitter ses fonctions à cause de sa santé défaillante. Après la mort de Marchionne, Manley a été officiellement nommé DG.

Manley était l’un des cadres les plus proches de Marchionne et on disait qu’il reflétait son approche travailleuse. S’il a longtemps été considéré comme un successeur possible de son patron, la crise de santé de Marchionne l’a poussé à occuper le poste de direction de l’entreprise plus tôt que prévu.

Manley, responsable des marques les plus rentables de FCA

Les rôles de Manley à la tête de Jeep et de Ram l’ont placé au sommet des marques les plus importantes et les plus rentables de l’entreprise, régulièrement au centre de la spéculation en tant que candidats possibles à la scission ou à la vente.

Pendant le mandat de Manley, FCA a poursuivi la croissance et le rebond que Marchionne avait amorcés. Manley était en fonction lorsque la société a annoncé son investissement de 4,5 milliards de dollars dans le sud-est du Michigan, en vue de construire la première nouvelle usine d’assemblage de véhicules à Détroit depuis 30 ans.

Un DG de trop …

Alors que les contours de ce qui allait devenir Stellantis prenaient forme dans les mois précédant la fusion, des questions se sont posées sur le rôle de Manley dans la future structure alors que Tavares, qui avait dirigé le groupe PSA, a été choisi comme DG.

Un ancien DG d’entreprise joue rarement un rôle moindre dans une nouvelle entité issue d’une fusion, même dans le cadre de fonctions aussi importantes que celles de responsable des opérations en Amérique du Nord et du Sud Amériques, mais les dirigeants se sont donnés beaucoup de mal pour souligner l’amitié qui existait entre Manley et Tavares, ce dernier ayant pris soin de remercier Manley et son équipe lors des commentaires publics.

Sources : Reuters, Automotive News, Les Echos, Detroit Free Press

(45 commentaires)

    1. Çela ne veut pas dire grand chose. Placer des Français dans l’organigramme pourrait aussi être un moyen de faire diversion. Tavares n’a un mandat que de 5ans et c’est Elkann au dessus de lui.

      1. @Paul BOGHEN, perso, je n’en faisais pas une affaire d’Etat, c’est juste pour dire qu’ici affirment des choses… Et puis on les entend plus comme par enchantement !
        😉 Regardez déjà 5 rageurs.

        1. @SGL.
          Cela ne change rien à l’affaire car Tavares a déjà le pouvoir (qu’il partage justement avec Elkann). La seule différence, c’est que Manley a quitté le groupe et n’est pas remplacé à son poste.

          1. Non mais pour moi, il n’y a pas de soucis, cela ne me dérangerait pas si un Italien le remplace, c’est la réaction des autres qui m’amusent, l’important sont les lieux de développement et de construction, la nationalité des dirigeants m’importe peu … un Chinois, mais pas une taupe du parti.

    2. Si Elkan n’a plus que Tavares, il est de facto sans ex-allié au sein de Stellantis.
      Certes Elkan est assis sur le trésor des Agnellis, comme actionnaire, mas un groupe de cette taille ne se dirige pas uniquement sur un rapport « de qu a la plus grosse part d’actions »…

    3. Il est peut-être temps de penser qu’il n’y a plus qu’un groupe international Stellantis avec des actionnaires franco-américano-italien unis autour d’un pacte actionnarial qui ne regarde qu’eux quelque part.
      Qui a acheté qui ? Qui a le plus de pouvoir ? Problème de riches actionnaires…

      Le PDG est aujourd’hui portugais et non français, plus tard il pourra être français, américain, italien, allemand ou encore d’une autre nationalité comme pour Air France ou d’autres groupes du CAC40 (pour ceux que la nationalité titille).

      Ensuite chaque pays (Etat) se préoccupe des emplois de cette entreprise sur son sol. Là est la vraie question. Enfin chacun voit selon ses critères de jugement…
      Et ce sont les performances (et donc l’efficience) sur ce sol qui guident (devrait guider) les choix des entreprises… pour la R&D comme la production…

      1. @AQW
        +1, enfin des paroles censées.
        On oublie un peu trop vite que Stellantis, peu importe qui gouverne, est une multinationale, de droit néerlandais qui plus est.
        Le plus important, ce n’est pas la nationalité du groupe, mais des marques qui le composent. Si un jour Alfa Romeo devient français, Dodge italien ou Peugeot américain, là on aura une raison d’avoir les yeux pour pleurer.

      1. POURQUOI ?
        Les consensus des analyses et conseils en bourse parlent tous d’un potentiel d’augmentation de l’ordre de +25 à 30 %.
        Qu’elles sont vos analyses pour dire ça ?
        Parce que c’est uniquement pour dire que Stellantis « je n’aime pas » ???

        1. Merci pour les réponses à « POURQUOI ? » Avec des « -1 » … On avance bien dans le débat en apprenant avec vos réponses très argumentées ! 😉

  1. analyse de financiers => rentabilité à court/moyen terme
    analyse d’amateurs de la marque ==> pérennité de la marque et de la qualité des produits proposés
    analyse des salariés ==> pérennité de l’outil de production et de l’emploi
    analyse des distributeurs ==> qualité de l’offre produits, comparaisons face à la concurrence

    alors, quelle analyse choisir ?

    1. @Emmanuel
      Je fais plus confiance aux gens qui manipulent des milliards et qui ont déjà beaucoup gagné depuis 18 mois même s’ils sont totalement impopulaires que des piliers de comptoir jovial même s’ils sont fortement sympathiques !

      1. Les personnes qui ont gagné beaucoup d’argents et que j’ai déjà eu l’occasion de croiser l’ont toujours fait en pensant d’abord à eux, avant les autres, quitte à s’appuyer et à motiver le personnel, mais à l’abandonner ensuite sans aucun remerciement et surtout sans état d’âmes !
        Et s’il était possible de jongler avec les règles, les frontières, et la fiscalité pour payer le moins d’impôts possible alors je n’en ai jamais vu un seul hésiter une minute !

  2. Tavares n’était pas déjà le maître à bord ?

    En fait Manley était sous ses ordres.
    Avec son départ, Stellantis réduit juste un étage : il n’y a plus un chef Amérique qui a sous lui un chef Amérique du Nord et un chef Amérique du Sud. Stellantis réduit juste un poste de DG avec ce rattachement direct (pour une fois que la réduction de poste se passe chez les DG…), ce qui semble aussi logique par ailleurs les zones Amérique du Nord et Amérique du Sud étant des marchés assez différents.
    Et Tavares est tout autant chef qu’avant.

  3. L’argument du on verra dans x ans est probablement le plus utilisé par les anti tout. Ça ne coûte rien de le dire et impossible de démentir. Ça résume à se plaindre d’un bilan positif en suggérant qu’il sera peut être négatif plus tard… Bref. En revanche, je ne pense pas que des bilans financiers soient représentatifs d’une bonne gestion globale. Les échéances sont souvent à court terme. Sauf si vous êtes vous même actionnaire. Et enfin, je pense que l’importance de la nationalité de tel ou tel dirigeant de ce genre de groupe international est quel que peu désuet. L’important c’est l’emploi et ce que ça crée comme valeur en FRANCE non ?

  4. SGL : rien que le fait que Tavares soit Français et hop on voit le french bashing à l’oeuvre. En tant que Français (pourtant pas du tout nationaliste) je suis content de voir que PSA a retrouvé la rentabilité sous Tavares (rappelons nous que PSA a failli etre Chinois, la fermeture de Aulnay sous Bois, la baisse de production en France), a racheté opel et l’a immédiatement rendu rentable (ce qui n’était pas arrivé depuis des décennies), que la gamme PSA-Opel est devenue pas mal, et que désormais Stelllantis soit dirigé par quelqu’un de très compétent. Vaut mieux ça que la faillite, regardons les difficultés de son éternel concurrent Renault pendant ce temps! Les industriels de l’automobile doivent etre forts (je traduits: avoir des sous et une super R&D) parce qu’ils rentrent dans une tempete : ils commencent à vivre une mutation technologique jamais vue dans l’automobile. Il ne reste aucun fabricant de locomotives à vapeur, ça va etre terrible dans l’automobile…

    1. Tavares est Français ??? Mince, moi qui le croyais Portugais et n’ayant pas, contrairement à l’autre Carlos (sur les conseils de Schweitzer) demandé la nationnalité… 😉

    2. « SGL : rien que le fait que Tavares soit Français et hop on voit le french bashing à l’oeuvre. »
      Tavares est portugais.

  5. @SGL, si j’ai bien suivis les différentes interventions de darkargos, ce n’est pas Stellantis qu’il n’aime pas, ce sont les voitures où on ne peut pas écrire « 100% pensée, conçue, fabriquée en France ».
    Il doit être un grand fan de Secma qui pense, conçois et fabrique tous ses véhicules en circuit court. Tout vient des hauts de France.

  6. J’ai des amis, et ma femme, qui ont bossé dans des grands groupes de distribution, leur principe de développement de l’entreprise c’est toujours les actionnaires d’abord, puis leur carrière d’abord, avec des politiques gagnantes à court terme, mais jamais à long terme pour les salariés, et même, parfois, les actionnaires !
    Mais grave pour eux, ils seront partis avant que la boîte aille mal !

    en réfléchissant, idem pour une entreprise dans laquelle j’ai passé quasi 10 ans, passant de 1 (j’étais le premier embauché, et j’ai quitté l’entreprise 1 an et demi avant la vente) à plus de 50 salariés, 4 points de vente, devenant le plus gros revendeur Apple au nord de Paris, et qui n’existe plus après un achat par un groupe d’investisseurs au fondateur de l’entreprise.
    après l’achat, pendant 2 ans ce fut si violent pour les salariés, qu’ils sont partis, ainsi que les clients n’appréciant pas la politique commerciale mise en place par la nouvelle direction.

    Pour moi, ce que veulent « les investisseurs », c’est un rendement maximum, avec un retour sur investissement le plus rapide possible, ce qui est incompatible avec un investissement durable et la mise en place d’une politique industrielle/commerciale avec une vision à long terme.

    1. Oui @Emmanuel
      Le monde des finances comme celle des affaires ne sont pas le monde des Bisounours.
      Mais des cabinets de conseils qui font gagner de l’argent… Ça existe aussi 😉
      Ce n’est pas très populaire et ce n’est pas à la potée de tout le monde.

    2. tout à fait. Sauf lorsque l’actionnaire principal est aussi le CEO, et qu’il a intérêt personnel à conserver la société en bonne santé

  7. Thibaut Emme : je découvre que Tavares n’est pas Français! Ca ne change rien à mon post, il a l’air de déranger les commentateurs ici

    1. @Amiral_sub : il faut dire qu’il parle un français impeccable et sans accent (cela fait longtemps qu’il est en France).
      Mais il pourrait être de n’importe quelle nationalité, le fait même qu’il a pris la tête de l’ex-PSA et maintenant est le DG de Stellantis suffit à ce que certains ne l’aiment pas.
      Vous savez, les mêmes qui vont trouver que c’est dommage pour Opel d’avoir été racheté par PSA, que le moteur de leur Classe A est mieux que celui de la Renault d’à côté ou que cela se voit que le Kangoo est moins bien fini que le Citan (Krrkrrkrr !).
      D’ailleurs ce sont les mêmes qui vont se réjouir du fait qu’une société française a perdu un contrat de 56 M€, ou qu’un pilote FR se plante (ça commence à bien faire ce Ogier là qui gagne tout…il y a pas de concurrence…).
      Perso quand je n’aime pas quelqu’un je ne reste pas à proximité et quand mon précédent boulot m’a saoulé il y a 11 ans, j’ai claqué la porte. Certains restent…à croire qu’ils aiment ça.

  8. Anti-incohérents…parisiens, franciliens, ou provinciaux.
    Un peu comme Marion Cotillard qui donne des leçons d’écologie ou d’anti-capitalisme…ou un Parisien qui trouve normal d’interdire la circulation des « gueux » autour de chez lui, mais ne se prive pas d’aller à « Courche » ou à « Deauville » avec son X5 (« ouais mais c’est pas la même pollution…y a moins de monde »).

  9. « Je fais plus confiance aux gens qui manipulent des milliards et qui ont déjà beaucoup gagné depuis 18 mois….. »

    donc on pouvait faire confiance à George Soros???

      1. Avec Jérôme Kerviel, on a cité les 3 vilains petits canards qui font l’exception sur un monde qui fonctionne sans bruit et avec efficacité.

  10. Vous voulez rire ?
    ces financiers ont deux règles :
    – seul MOI compte
    – ma gueule d’abord
    alors le réchauffement climatique, les guerres, les sans abris, les maladies … ne les intéressent qui par le prisme de « qu’est ce que ça peut me rapporter » ou « quel profit en tirer ».

        1. Oui @Emmanuel, @pat d pau, fait partie de mon fan-club qui me suit régulièrement avec ses réflexions très pertinentes… 😉

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