Stellantis : résultats record pour l’année 2022

Non, Stellantis ne s’est pas reconverti dans le gaz ou le pétrole. Pourtant, l’année 2022 est une année record pour le groupe né de la fusion de PSA et FCA. Le géant mondial a visiblement très vite trouvé des économies d’échelle pour augmenter les marges. Le chiffre d’affaires net est de 179,6 milliards d’euros. C’est en hausse de 18%. Selon le groupe, c’est le « fruit d’une dynamique de prix nets solide, d’un mix véhicules favorable et d’effets de change positifs ».

Le bénéfice net ressort alors à 16,8 milliards d’euros, soit une hausse de 26% par rapport à 2021. Le résultat opérationnel courant atteint 23,3 milliards d’euros (M€), en hausse de 29%. Cela représente une marge de 13% ! C’est au-dessus des 12% visés pour 2030. Sur ce point, Stellantis est en avance sur le plan « Dare Forward 2030 ».

Dans les autres chiffres plutôt impressionnants, le flux de trésorerie disponible (alias free cash flow) industriel est de 10,8 M€ en hausse de 78%. Le plan Dare Forward 2030 vise 20 M€ de free cash flow. Il reste donc un peu de chemin de ce côté-ci. En revanche, l’argent net économisé grâce aux synergies (*) atteint 7,1 M€ alors que Stellantis prévoyait 5 M€ en 2025. La liquidité industrielle disponible atteint, quant à elle, 61,3 M€. Cela permet de sereinement pouvoir financer la R&D sans faire appel au marché ou aux organismes prêteurs par exemple.

Aux actionnaires les mains pleines

Résultat, Stellantis va distribuer 4,2 milliards d’euros de dividendes ordinaires (sous réserve de l’approbation des actionnaires). Cela correspond à 1,34 € par action. L’action est passée de 12,2 € environ en octobre 2022 à 16,15 € à date. Le plus haut a été de près de 19 €, au début janvier 2022. Mais on est toujours bien plus haut que l’introduction le 18 janvier 2021 sur EuroNext (entre autres) à 12,570 € par action. 1,34 € à 16,15 € l’action c’est un rendement instantané de 8,3%, et même plus si on prend la moyenne de valeur de l’action sur 2022. Un très bon rendement donc.

Mais, comme Stellantis a les moyens, le groupe va actionner un autre levier pour récompenser les investisseurs : le rachat d’actions. Le principe consiste à utiliser le cash généré pour racheter des actions. Cela permet aux investisseurs de prendre leurs bénéfices, et pour le groupe d’avoir des actions sous le coude au cas où. Si en plus le groupe continue de voir l’action grimper, cela peut permettre de faire des plus-values.

Pour 2023, le conseil d’administration a approuvé un programme de rachat d’actions jusqu’à 1,5 milliard d’euros. Au prix du jour, cela représente 92 879 256 actions sur un nombre d’actions en circulation de 3 213 372 229 soit un rachat de 2,9% des actions disponibles.

Aux salariés les mains pleines aussi

Evidemment, le groupe ne peut pas récompenser les actionnaires sans le faire aussi avec les salariés. Ainsi, 2 M€ vont être redistribués aux salariés. Cela représente 200 millions d’euros de plus qu’en 2022. Stellantis reste ainsi fidèle à l’approche « Tavaresque » de rémunération à la performance. Il y une rémunération variable et des participations aux bénéfices. On pourra tout de même noter que l’enveloppe de la redistribution aux salariés augmente de 11,11% quand le bénéfice net grimpe de 26%.

« Afin de partager les fruits de notre performance, les salariés français percevront un minimum de 4 300€, correspondant à 2,4 mois de salaire pour les premiers niveaux de rémunération au titre de l’accord sur la participation / intéressement signé par 80% des organisations syndicales représentatives de Stellantis » – Carlos Tavares, CEO de Stellantis

Et de préciser que ces 4300€ viennent en complément d’une prime de 1000€ ainsi que d’une augmentation de salaire de 5,3%.

Vive les PHEV et VEB

Selon Stellantis, ces résultats viennent par exemple de l’électrification des gammes en Europe. Cela permet de vendre plus cher les véhicules, quitte à en vendre moins. Les hybrides rechargeables sont la grosse source de marge pour Stellantis. Pas de surprise donc de les voir s’étendre à toutes les marques du groupe, sur tous les marchés importants. Les véhicules 100% électriques aussi, et même si Carlos Tavares se montre toujours aussi « prudent » envers le 100% électrique en 2035 en Europe.

Ram lancera d’ailleurs son premier BEV (battery electric vehicle) cette année avec le Ram Promaster. Ce fourgon ne nous est pas inconnu puisque c’est le Fiat Ducato, alias Citroën Jumper et Peugeot Boxer. Stellantis et sa galaxie de marques propose déjà 23 modèles électriques. Ils seront rejoints par 9 véhicules électriques supplémentaires en 2023.

Il y aura aussi chez RAM le pickup RAM 1500 BEV qui arrivera en 2024 et rejoindra d’autres véhicules comme les Jeep Recon et Wagoneer « S » 100 % électriques spécifiquement conçus pour l’Amérique du Nord.

Perspectives 2023 pour Stellantis

Stellantis va poursuivre le plan Dare Forward 2030 avec encore plus l’accent mis sur les PHEV et VEB. La stratégie des véhicules connectés (avec la vente de services associés) se poursuit. A date il y a 13 millions de véhicules connectés « monétisables » et l’objectif est de 34 millions (sur cinq années glissantes NDLA) de véhicules d’ici 2030. On va donc vendre du connecté en 2023.

Mais, comme il n’y a pas que le véhicule neuf qui génère des marges, Stellantis poussera aussi, en Europe du moins, sur l’occasion avec Aramis Group. Aramis continue dans la croissance externe en rachetant des réseaux dans différents pays. Il y a aussi l’économie circulaire qui doit être encore plus développée. Comme Renault, Stellantis est en train de créer un écosystème complet du réemploi de pièces, mais aussi de rétrofit électrique de véhicules utilitaires légers.

En Italie, un « hub » d’économie circulaire a été inauguré. Enfin, Stellantis va pousser sa croissance sur toutes ses régions de présence. Europe, Amérique du Nord et « Moyen-Orient, Afrique, Amérique du Sud, et Chine, Inde et Asie-Pacifique » ont tous été en croissance en 2022 par rapport à 2021.

Tableau récapitulatif

Notes

Synergies : ensemble des économies d’échelles, mais également des gains créés par une coopération entre plusieurs entités

PHEV : plugin hybrid electric vehicle, hybride rechargeable

BEV/VEB : véhicule électrique à batterie

(25 commentaires)

  1. On peut se réjouir des résultats mais ce sont encore Dogde, RAM et Jeep (et leurs antiques plateforme supra amorties) qui tirent les bénéfices donc en France parler d’électrique et hybride on y sera sensible mais faut voir quel label est le plus rentable (Peugeot l’est aussi) …

    L’important c’est que ce trésor de guerre leur permettent de financer leur développement à venir.

    1. J’ai ajouté le tableau (quand il daignera apparaître) des résultats par région.

      Au pire l’image est là : https://medias.leblogauto.com/20/2023/02/photos/107536/hd-bilan-financier-2022-stellantis.jpg

      On voit effectivement que l’Am du Nord est un très gros pourvoyeur en marge avec une marge brut à 16,4%.
      En Europe élargie, la marge n’est « que » de 9,9% mais c’est énorme justement avec des PF modernes à amortir.

      Moyen Orient et Afrique ont explosé les marges avec 16,7% contre 10,5% l’an passé. Mais en absolu, cela reste bien plus faible que Am du Nord et Eu.

      L’Am du Sud remonte à 13,1% en marge AOI avec un montant absolu à 2 M€ (avec ajustement).

      C’est clair que les véhicules US sont plus « faciles » à marger qu’en Eu.
      C’est pour cela que sur l’Europe, l’accent va être mis sur les PHEV et les « nouvelles » (ouh là le vilain mot car d’autres l’ont fait avant) hybrides 48V vendus avec plus de marge.

      1. Maserati… Malgré sa taille (petite), semble bien marcher… j’espère qu’Alfa va suivre sur leurs traces rapidement.

  2. Je ne suis pas certain que ces résultats reflètent la performance réelle du groupe. C’est plutôt l’exploitation du contexte économique qui favorise leurs résultats. Dans quelques années, Tavares va peut-être pleurer dans les girons du gouvernement pour dénoncer les parts de marché prises par les Chinois et les Coréens. Quand tu compares l’offre des Coréens en VEB ou PHEV, celle de Stellantis est pauvre: un même moteur pas extraordinaire qu’on met dans différentes carrosseries.

  3. ça reste l’ex-FCA qui tire le groupe vers le haut. En Europe, c’est la stratégie PSA du clonage massif qui va étendu aux marques déficitaires FCA, Alfa, Lancia.
    Tavares va encore plus loin que VW dans le partage de plateforme.
    Il a inventé une sorte de rebadgage évolué pour maximiser les profits.

    1. Est-ce que l’on confond les marques comme VW, Seat, Audi, Skoda !?
      … Pour la petite histoire, c’est Piëch qui c’est inspirer des méthodes de PSA dans le début des années 90.

      Que les voitures partagent 70 % des éléments … Ne me dérangent pas, du moment que leur personnalité est en raccord avec la marque.

      1. J’ai vu furtivement un discours de Tavares … Il parlait du futur avec beaucoup de PHEV et VE… il parlait de comparaison avec Tesla…
        J’ai cru comprendre que Tesla était dans son collimateur pour l’attaquer commercialement !?
        …il prend Tesla comme une référence à abattre …. Beau challenge.
        J’espère avoir bien compris le fond.

  4. Certes, il s’agit du résultat financier. Aucune information sur le nombre de véhicules produits. Aucune traduction possible sur le montant du bénéfice net par véhicule. Aucune traduction en % des 288 000 voitures électriques.

  5. Quand on voit la technologie embarquée dépassée (moteur,…) dans leur voiture, on peut se demander ou passe l’argent.

  6. Personne n’oblige Stellantis à verser une prime à ses salariés, et pourtant ils le font.
    Beaucoup devraient en prendre de la graine.

  7. C’était prévisible… Les traders (qui ne sont pas tous fans de voiture) en parlaient depuis plus de 6 mois des bons signes avant-coureurs.
    Ils vendent moins, mais mieux, cela fait des mois que je le dis !
    … Même DS et OPEL sont en meilleure forme !
    … Et Citroën n’est peut-être pas aussi mal que l’on le dit !?

  8. « Les hybrides rechargeables sont la grosse source de marge pour Stellantis »
    Traduction: A plus de 45000 euros, on s’en met plein les fouilles, avec une technologie rentabilisée sur une large gamme.
    J’adore les publicités Peugeot avec des jeunes, public qui ne peut plus s’en payer car trop chères. Déconnexion totale 🙂

  9. Mort de rire..les PHEV sont des trucs qui devraient disparaitre et mourir !
    Une aberration de lourdeur à trimbaler…
    Des automobilistes trompés, qui payent cher et qui en redemandent !!
    Toyota le gros coupable en premier de cette aberration !!
    Je vais rempiler et acheter la nouvelle Prius PHEV qui sors en fin d’année !!

  10. @SGL
    Regardez sur la Centrale…des ouvriers peuvent se payer une Bentley…il y en a à partir de 15000 euros !! Mort de rire !!
    Vous fatiguez pas les gars …l’industrie auto n’a rien à faire de nos petites opinions domestiques et des miennes aussi …et en plus j’ai travaillé dedans plus de trente cinq ans !!
    Regardez la fièvre et la démesure de fabrication à tire larigot de VE rien qu’aux US.
    Certains pick-up s’ils sont vendus en l’état en Europe il va falloir un permis spécial à cause de plus de 3,5 T !!

  11. Ce qui me fait le plus marrer c’est les gars qui courent à mettre des pouces vers le bas quand je fais de l’humour !
    Détendez-vous les gars !! Il y a qui sont plus forts que moi et disent déjà qu’il y a des marques qui vont disparaitre ! Rigolez…vous aurez le temps de voir cela !
    Doucement les agonies sont lentes dans cette industrie !!
    Rouler pour un constructeur aujourd’hui c’est d’être au niveau du gars devant la télé avec une bière à la main à compter des points !!

  12. Cest le retour du moteur rotatif sans les problèmes de segmentation. La planche à billet, la canne à papa Tavares et voilà le beau bébé. Vite le retour de l’autre Carlos. Le Grand, le seul vrai.

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