Stellantis affiche une forme insolente au 1er semestre

Avec les ventes de voitures en fort recul, on pourrait penser que les constructeurs verraient leurs bilans financiers reculer d’autant. Mais, c’est sans compter sur l’adaptation de ces constructeurs qui préfèrent vendre certaines catégories de véhicules, à plus forte marge, plutôt que d’autres moins rémunératrices. Le consommateur ne s’y retrouve pas forcément, mais le constructeur oui.

Sur le premier semestre 2022, le nombre de véhicules livrés est de 3,033 millions contre 3,181 l’an dernier sur la même période. C’est un recul de 7%. Pour autant, le chiffre d’affaires net (87,999 milliards d’euros) ressort en hausse de 17% sur le 1er semestre 2022 (S1-22) par rapport à S1-21. C’est le « reflet d’un pricing élevé, d’un mix véhicules favorable et d’effets de change positifs » selon le communiqué.

Le résultat opérationnel courant s’établit à 12,4 milliards d’euros. C’est une hausse de 44% par rapport à S1-21. Plus fort, et symptomatique de la politique de « moins vendre pour mieux vendre », la marge opérationnelle courante ressort à 14,1% ! Elle est même à deux chiffres sur les cinq régions de vente du groupe.

Au final, le bénéfice net est de 8 milliards d’euros rien que pour ce premier semestre 2022. C’est une hausse de 34% par rapport à S1-21. Le flux de trésorerie libre industriel (free cash-flow) est de 5,3 milliards d’euros. C’est en hausse de 6,5 milliards d’euros par rapport à 2021 au moment de la fusion officielle FCA-PSA. Les liquidités disponibles se montent à 59,7 milliards d’euros (en recul de 5% par rapport à décembre 2021).

« Dans un contexte Mondial particulièrement difficile, nous continuons nos efforts pour délivrer des résultats exceptionnels et mettre en œuvre notre stratégie audacieuse d’électrification. Grâce à la résilience, à l’agilité et à l’esprit entrepreneurial de nos collaborateurs, et à la contribution de nos partenaires innovants, nous transformons Stellantis en tech company de mobilité durable prête pour le future. Je tiens à exprimer ma sincère reconnaissance à tous les collaborateurs de Stellantis pour leur engagement et leur contribution aux résultats obtenus. » – Carlos Tavares, CEO

Merci l’électrification et les SUV

Selon Stellantis, ce sont les BEV/VEB (les véhicules électriques à batterie) et les LEV (low emission vehicle ou véhicule à faibles émissions) qui lui permettent d’afficher cette forme insolente. En clair, les 100% électriques et les PHEV ou hybrides rechargeables. Il est vrai que pour les PHEV, ce sont souvent les SUV les plus huppés qui en bénéficient et leur prix de vente est particulièrement élevé, dans les finitions les plus hautes.

Les véhicules électriques connaissent une croissance de 50% chez Stellantis. La rationalisation des motorisations joue aussi à plein avec des VEB qui partagent très souvent la même batterie et la même chaîne de traction. Il en est de même pour les PHEV. 136 000 VEB sur S1-22 pour l’ensemble du groupe sur une gamme de 20 véhicules électriques. Toujours frileux sur le VEB, Carlos Tavares pousse tout de même le groupe Stellantis dans cette voie choisie par les politiques. Il y aura par exemple cinq « gigafactories » (les usines de batteries) via des partenariats avec Automotive Cells Company, Samsung SDI et LG Energy Solution.

En ce qui concerne les différents marchés, Stellantis affiche une rentabilité record en Amérique du Nord soit 18,1% ! La part de marché grimpe à 11,3% et même 11,7% rien qu’aux USA. Merci Jeep. L’Europe élargie est moins rentable avec une marge opérationnelle courante de 10,4%. Mais c’est tout de même beau. La part de marché en volume sur l’UE30 est en baisse à 21,2%. Sur le vieux continent, les différentes marques tirent leur épingle du jeu.

L’Amérique du Sud affiche une marge de 13,9% et une part de marché de 23,5%. Le résultat opérationnel courant est de 1 milliard d’euros soit près du triple des six premiers mois de 2021. En Afrique, la marge explose à 15,5%. Le résultat opérationnel courant est de 472 millions d’euros. Enfin, en Asie-Pacifique, Chine et Inde, si la marge est de 13,4%, le résultat opérationnel courant n’est que de 289 millions d’euros. C’est encore l’une des zones faibles de Stellantis.

Tableau

 (en millions d’euros) H1 2022 H1 2021 H1 2021
Pro Forma
H1 2022
vs. H1 2021
Pro Forma
Net Revenues 87 999 72 610 75 310 +17%
Operating Income 10 320 7 344 7 517 +37%
Net Financial Expenses 431 217 229 +88%
Profit before Taxes 9 889 7 127 7 288 +36%
Tax Expense 1 985 1 729 1 757 +13%
Share of the Profit of Equity Method Investees 56 402 405 -86%
of which Results of Finance Companies 342 329 338 +1%
Net Profit 7 960 5 800 5 936 +34%

Notre avis, par leblogauto.com

Stellantis et Carlos Tavares continuent d’appliquer le plan stratégique « Dare Forward 2030 ». Il permet de résister à la crise des ventes automobiles tout en dégageant des profits record. 100% électrique et PHEV (4xe, Plugin Hybrid 225, 260, etc.) se vendent bien.

Stellantis va devoir faire attention à investir une partie de ces résultats pour les prochaines générations de voitures électriques entre autres. Bien placé dans la course aux batteries, cela ne devrait pas poser trop de soucis.

(11 commentaires)

  1. Vous savez que je le disais déjà il y a plus de 6 mois que Stellantis surperformait grâce à son pricing power, les ventes dans les PHEV et sa place « non négligeable » dans la VE déjà depuis des années maintenant, contrairement à ce que l’on entendait souvent dans les commentaires ici.
    Il suffit de se renseigner grâce à l’avis des traders en bourse qui recommandait Stellantis pour sa gestion de R&D de plateforme commun des VT et VE qui sont des véritables machine à catch.
    Le PER de Stellantis est encore très faible, sachant que la demande de voiture ça devenir énorme dans les années futures pour rattraper les mauvaises années et que les usines de S-C devront bientôt pouvoir fournir à foison, l’Action Stellantis n’est pas chère!

    13,56 € le 28/07/22

  2. Ça performe en Amérique du Nord et moins en Europe mais la conclusion parle de carton sur les modèles européens ?
    Ça cartonne bien aussi chez Mercedes/BMW.
    VAG je ne sais pas…..

    Pouvez vous nous éclairer sur les autres constructeurs également ?

  3. « Carlos Tavares contre la « politisation » de l’automobile en Chine
    Le patron de Stellantis a déploré jeudi une difficulté croissante pour les constructeurs occidentaux à vendre sur place. Il anticipe « des tensions croissantes » qui déboucheront sur « des sanctions croisées », ce qui le pousse à réduire sa présence industrielle en Chine. »

    https://www.lesechos.fr/industrie-services/automobile/la-charge-franche-de-carlos-tavares-contre-la-politisation-de-lautomobile-en-chine-1779348

  4. Des années? Cela fait 10 ans que le groupe existe?
    Aucunes synergies entre deux entités et des marges records?
    Le secret réside dans l’utilisation d’antiques plateformes.
    Merci RAM, Jeep, la plateforme de l’ancienne Mercedes Classe E, de l’ancien Mercedes ML et l’ancienne plateforme du Mistubishi Outlander … que Chrysler/Fiat a certes adapté depuis.
    GM et Ford investissent pour le moment plus que Chrysler sur les nouvelles plateformes d’où le fait qu’ils font moins de marges. Après oui, les bénéfices peuvent servir à investir. Puissent les Agnelli et le Peugeot s’asseoir sur l’argent facile et laisser le groupe investir. Donc on espère qu’ils vont bien investir. Ils ont de l’argent, que l’intelligence soit avec eux. Mais le moment où ils sortiront les ronds, ils feront moins de marges.

  5. Il faudrait sans doute un peu de temps et d’analyse pour comprendre ces résultats car
    1 la marge est supérieure aux USA où à ma connaissance les VE et même PHEV de Stellantis ne sont pas si vendus que cela (je n’ai pas vérifié).
    Les résultats en Europe sont moins bons malgré Alfa par exemple qui ne vend plus rien et où on annonce des profits générés sur les prix indécents des 208e et 3008 PHEV plus quelques C4Xe (on reprochait auparavant les marges des allemands mais c’est acceptable sur des voitures françaises, soit : le pigeon ne connaît pas les frontières).

    Bref, bravo à l’instant X pour ces résultats mais sans en développer les tenants et surtout aboutissants c’est un peu court.

  6. Tavares c’est un véritable capitaine d’industrie, il transforme tout ce qu’il touche en or, y compris les voitures électriques qu’il a tant critiqué

  7. Vivement un investissement en retour pour optimiser la fiabilité des véhicules, loin d’être au top chez les marques du groupe. De vrais véhicules hybrides non rechargeables, le développement de l’hydrogène, et surtout, du SAV à la hauteur, hum ?

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