La nouvelle est tombée cette semaine: la Volkswagen Golf est élue voiture de l’année 2013. Elle est la cinquantième lauréate du prix. L’occasion de revenir sur cette récompense prestigieuse.Le journalisme automobile anglo-saxon a longtemps mené la danse. C’est aux Etats-Unis que naît l’idée du concept de « voiture de l’année ». Walt Woron, fondateur de Motor Trend, est typique du début des années 50. Intransigeant avec les constructeurs, il pratique la technique de la carotte et du bâton. En 1950, il remet à Chrysler un prix « d’ingénierie de l’année » pour son V8. L’année suivante, c’est à une voiture, la gamme Cadillac millésime 1950 que Motor Trend décerne le titre qui prend au passage le nom de « voiture de l’année ». La tradition se poursuit jusqu’à aujourd’hui, bien que Motor Trend n’ait plus d’édition papier.
Dix ans plus tard, l’Europe voit la conjonction de plusieurs phénomènes. C’est l’époque de la construction européenne; on commence à discuter entre voisins. De plus, avec la libéralisation des échanges, les constructeurs exportent leurs modèles dans tout le continent. Enfin, il y a une professionnalisation du journalisme auto. Terminés, les essais réalisés sur un tour de pâté de maison ou les voitures empruntées à des concessionnaires ! En 1963, le Néerlandais Fred van der Vlugt, d’Auto Visie, convainc 26 collègues de 9 pays européens de cerner un prix commun de voiture de l’année.
La première gagnante est la Rover P6. Elle triomphe de la Mercedes 600 et de l’Hillman Imp. En 1965, la BMC 1800/2000 gagne face à l’Autobianchi Primula et la Ford Mustang. En 1966, pour la première fois, le titre est remis à une française, la Renault 16. Du coup, la récompense commence à intéresser les automobilistes français ! En 1967, la Fiat 124 (fabriquée sous licence aux quatre coins du monde) décroche la palme. Pour le constructeur turinois, ce sera le premier titre d’une longue série. A ce jour, neuf Fiat ont été élues Voiture de l’Année, auxquelles on peut ajouter la Lancia Delta et l’Alfa Romeo 147. Fiat occupe la première place du palmarès, loin devant Renault (6 titres) et Ford (5 titres.)
Mis à part Fiat, aucun constructeur et aucun pays ne dominent vraiment. On ne peut pas dire : « Les constructeurs de tel pays sont les plus forts sur telle période. » Une voiture est désignée sur le rapport qualité/prix. On trouve donc essentiellement des citadines et des compactes. En 1978, c’est pourtant la Porsche 928 qui est élue. En 1988, la Peugeot 405 décroche le meilleur score à ce jour: 464 points. En 1993, shocking: pour la première fois, c’est une japonaise qui s’impose (en l’occurrence, la Nissan Micra.) Ce sera un symbole fort: les Japonais sont désormais rentrés dans le rang. Pour autant, à ce jour, les victoires de voitures non-européennes sont très rares. Aucune coréenne n’a à ce jour accédé à la finale. Depuis 2005, avec la Toyota Prius, le jury a tendance à tomber dans le politiquement correct, quitte a décerner un prix à une voiture pas encore arrivée en concession (cf. la Nissan Leaf en 2011.)
Le principe du jury de la voiture de l’année, c’est de n’avoir qu’un seul magazine par pays (avec éventuellement plusieurs journalistes de ce magazine.) Quid des autres titres? Doivent-ils faire la promotion d’un prix co-décerné par un concurrent? D’où l’apparition d’autres prix. Depuis 1986, le Festival de l’Automobile de Chamonix remet le prix de « plus belle voiture de l’année ». Divers journaux s’allient en 2005 pour élire le « Prix Mondial de la Voiture de l’Année » (World Car of the Year.) A défaut, chaque magazine remet son propre prix. Cette situation fait le bonheur des constructeurs: dans le lot, il y a forcément un qui récompense leur nouveau modèle ! Mais forcément, le titre de « voiture de l’année » perd de son hégémonie; il est noyé dans la multitude. On est dans une situation similaire au marché du livre, vis-à-vis des prix littéraires.
Crédits photos: Volkswagen (photo en une et photos 20 et 34), Renault (photos 1, 13, 19 et 31), Fiat (photos 2, 5, 7, 15, 17, 23, 24, 29 et 33), Audi (photos 3, 8 et 14), Peugeot (photos 4, 16 et 28), Citroën (photos 6, 9 et 18), Porsche (photo 10), Lancia (photo 11), Ford (photos 12, 25 et 32), Nissan (photos 21 et 35), BTCC (photo 22), Toyota (photos 26 et 30) et Alfa (photo 27)
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