Souvenirs, souvenirs: la Miata m’a tuer

Cette semaine, nous avons essayé une Mazda MX-5 « NA » (alias Miata.) En près de 25 ans de carrière, ce mignon petit roadster a été un vrai tueur pour ses concurrents… Et même pour des voitures qui ne la concurrençaient pas directement!D’après les critères objectifs de leurs époques respectives, la Ford T, la Coccinelle, la Mini, le Range Rover ou la Toyota Prius auraient du être des flops. Non seulement elles se sont bien vendues, mais elles ont créé de nouveaux segments. La Mazda MX-5 avait d’autant moins de chances de marcher qu’il s’agissait non pas de créer un segment, mais d’en ressusciter un.

A la fin des années 80, les experts des grands constructeurs sont unanimes. Il y a une demande pour un petit roadster. Néanmoins, c’est un marché de niche. Pour l’attaquer, il faut un produit exclusif (cf. les BMW Z1 et MG R-V8.) Sinon, pour élargir la cible, il faut un véhicule moins radical, donc à traction avant (cf. les Mercury Capri et Lotus Elan.) Les experts ont eu tort. Grâce à sa bonne bouille, sa fiabilité japonaise et son rapport prix/performance très attractif, la Mazda MX-5 fait un malheur. Notamment aux USA. C’est un monstre qui balaye tout sur son passage, bien au-delà de son segment. Le flop de l’Elan coute cher à GM. Excédé, il revend Lotus. Quant à BMW et MG, ils prétendront que de toutes façons, leurs roadsters étaient des séries limitées. La « Miata » a aussi sa part de responsabilité dans la disparition d’artisans britanniques (Marcos, Reliant, TVR…) Pourquoi acheter une création artisanale lorsque l’on peut disposer d’un produit abouti, pour moins cher?

Au milieu des années 90, certains constructeurs préfèrent éviter toute concurrence frontale. D’où des roadsters plus gros (Audi TT, BMW Z3, Mercedes SLK, Porsche Boxster…) Honda essaye de proposer des alternatives plus « technologiques ». La CRX et la S2000 sont de belles voitures d’ingénieurs. Il leur manque un aspect attachant. Fiat n’hésite pas à cloner la MX-5, avec la Barchetta. MG aura plus de mal. La F est étouffée par BMW, qui a peur qu’elle cannibalise la Z3. La TF est victime du naufrage de MG-Rover. Quant à la TF « NAC », terminée à la truelle, elle réussit à fâcher MG avec ses plus gros fans.

Vers 2000, les constructeurs ont l’idée d’un nouveau concept, entre roadster et cabriolet. Cela donnera des produits bâtards (la Ford Streetka et l’Opel Tigra Twintop), qui ne savent pas trop ce qu’ils sont et qui ils visent. Ca n’empêche pas Renault de vouloir s’y lancer bien plus tard, avec la Wind. En 2005, GM revient à la charge avec la paire Pontiac Solstice/Saturn Sky (rejointes ensuite par leur cousine européenne, l’Opel GT.) Pour la première fois, la MX-5 n’est plus la meilleure vente de la catégorie. Hélas, c’est un feu de paille. La récession économique a raison du roadster américain.

Qui pourra vaincre la MX-5? La prochaine à monter sur le ring est la version cabriolet de la « Toyobaru ». Elle est présente au salon de Genève, sous forme de concept. Kia préparerait son propre roadster. Quant à Fiat, il préfère pactiser avec l’ennemi : la future Alfa Spider dérivera de la quatrième génération de MX-5.

Reste les regrets et les « coulda, shoulda, woulda »: Dodge Demon, Lancia Fulvia, Chery M14, Li Nian Roadster… Autant de voitures qui n’ont pas dépassés le stade du concept-car, mais qui aurait sans doute connu le succès.

Crédits photos: Mazda (photo en une et photo 5), BMW (photo 1), Lotus (photo 2), MG (photos 3, 6 et 18), Ford (photos 4 et 12), Honda (photos 7 et 14), Kia (photo 8), Fiat (photo 9), Lancia (photo 10), Chrysler (photo 11 et 16), GM (photos 13, 15 et 17) et Renault (photo 19)

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