En 1965, le département 75 se limite désormais aux 20 arrondissements parisiens. La circulation et le stationnement y sont, comme toujours, problématiques. Le boulevard périphérique, en construction, doit permettre de fluidifier le trafic autour de la capitale. Mais intra-muros, se garer est un vrai casse-tête. La nouvelle préfecture de Paris envisage de limiter l’accès de certaines zones à des véhicules de taille réduite. Et va lancer un appel à projet auprès des constructeurs nationaux. Seul Motobécane va y répondre.
Pour la marque de Pantin, c’est une aubaine. Le cyclomoteur et la Mobylette se portent bien, Motobécane multipliant par deux sa production entre 1958 et 1966. Mais du côté de la moto, c’est la Bérézina. Dans l’hexagone, on est passé d’une production supérieure à 320 000 motocycles de plus de 50 cm3 en 1955 à …zéro en 1964 ! L’incontournable D45, 125 cm3 utilitaire de la firme de Pantin n’est plus qu’un –bon- souvenir. Dans la perspective d’une diversification, la demande de la préfecture arrive à point nommé, d’autant que Motobécane s’est déjà aventuré sur des projets de voiturettes à moteur 125 cm3 avec la Mobyquatre.
Une équipe de 4 personnes va travailler sur le projet KM2V. Cette auto miniature n’est en rien une voiture au rabais. Sous le capot on trouve un petit quatre cylindres de 300 cm3, à arbre à cames en tête. Ce moteur super carré (48×41), monté transversalement, délivre 20 chevaux à 9000 tours/min, un régime de 2 roues. Cette puissance suffisante permet à la citadine de dépasser les 115 km/h. Après tout, une 2cv Azam ou une Fiat 500F ne délivrent que 18 chevaux.
Compacte, elle mesure 2.50 mètres de long, la petite Motobécane peut accueillir deux adultes et deux enfants. Elle dispose, en outre, d’un espace arrière modulable, accessible depuis un large hayon. Le châssis n’est pas oublié avec des suspensions avant de type Mac Pherson et des bras tirés à l’arrière. Maîtrise des coûts oblige, on reconnait des optiques de phares de coupé 504, des feux arrières de R6, ou un ensemble compteur, volant et colonne de direction de Fiat 850. Des portes coulissantes constituent un point fort de la citadine et permettent un accès facile à l’intérieur.
Le prototype très avancé, va être régulièrement essayé, mais il restera sans suite. Les cyclomoteurs se vendent mieux que jamais. La diversification n’est plus d’actualité. Eric Jaulmes, incontournable directeur technique maison, rentré chez Motobécane en 1927, verrait bien le 300 cm3 de la KM2V dans une moto et fait travailler les ingénieurs maison en ce sens. Mais l’équipe préfère s’investir sur le 3 cylindres 2 temps qui équipera la 350, dernière moto de la firme de Pantin, présentée en 1972.
Quand aux autres constructeurs français, ils envisagent des autos plus importantes . Chez Renault, c’est la R2. Une petite voiture de 3 mètres, équipée du 747cm3 de 25cv. L’heure est à la Mini, ou à la voiturette. Moins contraints par la réglementation, ces véhicules vont avoir un succès fulgurant, dans le sillage des Mini-comtesse, Teihol et autres Arola. Adieu Microcars.
Nota: L’unique KM2V a été mise aux enchères en septembre 2018 aux parc des expositions de Toulouse
Photos B Fournol/ Leblogauto et Motobécane
Très intéressant, je ne connaissais pas ce morceau d’histoire de la marque Motobécane.
Petite urbaine et périe-urbaine, pratique mais trop en avance sur son temps et le 3 cylindres deux temps……trop en retard, les japonais sont là!!
Toute l’histoire de la KM2V est expliquée dans un de mes livres 3Les quatre temps MOTOBECANE » par Patrick Barrabès (Editions ETAI) Actuellement épuisé, une nouvelle édition sort le 18 septembre
Merci
…merci pour l’histoire de ce proto non commercialisé !
il a une boite de vitesse ou un variateur comme la daf ? des cardans à l’avant ou un pont arrière ?
C’est une boite manuelle à 4 rapports, placée sous le moteur, la commande se fait par l’intermédiaire d’un levier de changement sur la colonne de direction, à la manière des 204 ou R16. L’auto est une traction avant
merci pour les précisions intéressantes qui démontrent que le véhicule était abouti. (moteur transversal, comme la mini )
Très nostalgique cet article, je ne connaissais pas ce prototype par contre je me souviens de la Motobécane 350cm3 sortie en 1972 qui ressemblait énormément à la Kawazaki de même cylindrée, ensuite il y a eut un prototype Motobécane identique à la 350 mais en 500cm3.
https://www.motobecane-passion.fr/injection_electronique.htm
Merci pour votre article très intéressant.
Assez aboutie esthétiquement pour l’époque par rapport aux voiturettes (sans permis) qui sortiront après !
2 portes coulissantes, la 1007 n’avait rien inventé…
Merci pour ce pan de l’histoire automobile oublié ou ignoré certainement plus. Quel dommage que les constructeurs français aient raté le coche. Trop en avance ? Non il fallait oser créer le besoin.
Voilà un achat qui s’impose en septembre. Tant pis pour le livre de maths et de français.
Une mini qui aurait forniqué avec une r16 et TADA !