Russie : les syndicats de Renault s’inquiètent pour les salariés

Alors que Renault vient d’annoncer la suspension de ses activités industrielles en Russie, suite à son invasion de l’Ukraine, les syndicats redoutent que les salariés travaillant sur le site soient lourdement impactés.

Pas si simple de ménager la chèvre et le choux … surtout quand on est un groupe automobile détenu en partie par l’Etat … et qui plus est avant une élection présidentielle.

Renault suspend ses activités industrielles en Russie

Après avoir été qualifié mercredi par le président ukrainien de « sponsor de la machine de guerre russe » pour son activité en Russie, Renault a annoncé le même jour dans la soirée suspendre les activités de son usine de Moscou.

Pour l’heure il s’agit bien « uniquement » d’une suspension décidée par le Conseil dAdministration, le groupe n’ayant pas annoncé de sortie de Russie. Le constructeur commence toutefois à envisager un tel scénario.

La CGT demande que Renault paye intégralement les salaires des travailleurs russes

« Je pense que les travailleurs russes de Renault ont aussi, comme nous, des familles à nourrir », s’est inquiété franceinfo Pascal Le Manach, délégué syndical CGT de l’usine Renault-Cléon. Demandant que Renault « paye intégralement les salaires des travailleurs russes » pendant l’interruption de l’activité. Suspension dont la durée est totalement inconnue …

Le syndicaliste estimant que ce sont les salariés qui payent à chaque fois, alors que « Renault protège les gros actionnaires « . Reste que dans le cas présent, le groupe est lui-même bien mis à mal. La décision est en effet coûteuse pour l’entreprise alors que la Russie représente une part importante de son chiffre d’affaires et que le cours de l’action Renault devrait être lourdement impacté.

« Les conséquences de la guerre sont directes pour les salariés de Renault, pas pour Renault lui-même, a également dénoncé Pascal Le Manach … alors même que les comptes de l’entreprise devraient durement s’en ressentir. Il n’est pas possible de se retirer d’un pays aussi stratégique que la Russie sans que le constructeur ne subisse les conséquences financières de sa décision.

FO souligne une bonne décision mais s’inquiète pour les salariés

Yves Veyrier, secrétaire général de Force ouvrière (FO), a salué, jeudi sur franceinfo « une bonne décision » après l’annonce de Renault. S’inquiétant toutefois que « les salariés concernés n’en fassent pas les frais ».

Pour FO, c’est au gouvernement de donner la conduite à tenir

Le secrétaire général de Force ouvrière, estime pour sa part que « c’est au gouvernement d’agir auprès de ces entreprises et non pas de laisser les entreprises prendre leur décision. »

Pour le secrétaire général de FO, « Il faut absolument que les gouvernements, y compris au niveau européen, coordonnent justement les attitudes que doivent adopter les entreprises européennes vis-à-vis de leurs activités en Russie, en lien avec les sanctions qui sont mises en place ».

S’agissant de Renault, l’Etat actionnaire a très certainement joué un rôle important dans la prise de décision.

Contraindre l’Etat russe mais pas la population

Pour Yves Veyrier, « il y a un vrai problème moral, à partir du moment où les gouvernements ont mis en place des sanctions qui ont pour objectif de contraindre la Russie à cesser la guerre, si, dans le même temps, des entreprises continuent leur activité sur le territoire russe ». Mais le responsable syndical appelle toutefois à « faire attention à une chose » : « Ce ne sont pas les peuples qui sont en guerre, ce sont les dirigeants de l’Etat russe qui ont décidé d’envahir l’Ukraine ».

Notre avis, par leblogauto.com

En suspendant ses activités, sans payer les salaires des employés de Russie, Renault pourrait par ricochet induire de graves problèmes sociaux qui pourraient déstabiliser Vladimir Poutine … si tant est que les Russes puissent s’exprimer. Mais qui dit absence de salaires, dit absence de consommation sur le territoire national russe et des dettes non honorées. De quoi impacter les recettes de l’Etat et des entreprises russes. Lesquelles pourraient alors tenter de faire pression sur le maître du Kremlin pour qu’il revoit sa position.

Sources : France Info, Renault, AFP

(17 commentaires)

  1. C’est quoi l’idée ? C’est que la Russie nationalise Avtovaz? Comme ça Renault va prendre cher?

    1. J’ai lu que Mcdonald venait d’arrêter son activité en Russie, presque immédiatement la Russie a négocié avec une entreprise Turque qui a repris toute la chaine de restaurant …

      Nous sommes en train d’assister impuissant a un véritable suicide de l’occident. Mais c’est surtout l’Europe qui risque, selon moi, un effondrement par ces décisions stupides.

      Alors je me demande, est ce que ce sera une entreprise Indienne ou Chinoise qui va reprendre els usines Renault Russie qui risque d’être nationalisées par la Russie si Renault refuse de continuer a y travailler ?

      1. @versdemain. Donc on assiste à l’inféodation de la Russie à la Chine et l’Inde? Il est loin l’idéal de la fédération de Russie. Quelle autonomie!

        La Russie ne sera jamais parvenu à construire une économie solide. A créer une zone économique prospère (UE, USA et route de la soie y parviennent pourtant) et influente pouvant fédérer d’autres nations autour d’elle. A développer un idéal de société dans lequel d’autres nations se reconnaissent?

        Je crois qu’on peut plaindre la Russie d’avoir rater beaucoup de choses. L’argent détournée de ce riche pays n’aura jamais servi à son développement mais à celui des autres.

        Puisse la Russie s’émanciper et intégrer l’Union Européenne avec un modèle démocratique!!!!

      2. Une Russie riche, démocratique et intégrée à l’Union Européenne … croyez moi que c’est VW, Renault, Toyota, Feu PSA qui y gagneraient à investir ce qui serait le marché automobile le plus important d’Europe!

      3. Poutine c’est du court terme et c’est une impasse.
        L’enjeu sera de savoir si la Russie devient un satellite de la Chine où intègre l’Union Européenne.

      4. De plus une Ukraine intégrée à l’Union Européenne c’est une puissance agricole, industrielle, tournée vers les services qui ferait beaucoup d’ombre à l’Allemagne et la France. Les Ukrainiens l’ont compris. Une Ukraine qui tombe en UE et c’est la Russie et son peuple qui suivront cet exemple. Donc le pays qui va émanciper l’autre n’est pas celui que l’on croit.

  2. Si je comprends bien… En fait la CGT soutient Poutine indirectement !?
    Puisque les conséquences de l’embargo sont de handicaper l’économie russe (déjà que c’est un handicap notre économie par effet collatéral.)

    1. indirectement et sans s’en rendre compte ?
      sachant par ailleurs que les salariés sont loin d’être tous russes
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      MARS 2019
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      Stress liés à l’emploi / Questions-réponses Jean-Louis Theron, directeur d’usine, Renault Moscou

      Chez Renault Moscou, la dotation en personnel est l’un des aspects les plus délicats du travail de Theron, bien que l’ajout d’équipes ne soit pas un problème. « En Europe, c’est plus difficile, il faut négocier avec le syndicat. Ici, c’est 100 % flexible », dit-il. La formation a lieu dans l’un des 10 collèges de l’usine et après un mois d’embauche, le personnel est interviewé pour s’assurer qu’il convient au poste. Mais les garder est plus difficile.

      « Les gens changent beaucoup de travail », explique Theron. « Le chômage à Moscou n’est que de 0,5 % et beaucoup de gens recherchent simplement le meilleur salaire pour économiser et ensuite rentrer chez eux. » La maison peut souvent être aussi loin que l’Ouzbékistan, le Tadjikistan ou le Turkménistan et les logements locatifs locaux peuvent être assez pourris, c’est pourquoi l’entreprise tient une liste d’hôtels bon marché mais propres pour accueillir le personnel entrant.

      La rotation annuelle du personnel est élevée, de l’ordre de 20 % pour les 3 800 ouvriers de l’usine, contre seulement 6,5 % à Togliatti. C’est pourquoi Theron surveille de près le personnel pour s’assurer qu’il est au bon poste. « Gardez un gars pendant six mois, il restera 3-4 ans », dit-il. Mais ce n’est toujours pas facile. « Nous essayons de faire plus. Mon patron me dira peut-être que je dois atteindre 15 % de chiffre d’affaires, mais je n’ai pas de baguette magique.

      Extrait de
      https://www.automotivemanufacturingsolutions.com/assembly/muscovite-foresight/31199.article

      1. Ils ont interrogé des ouvriers de Flin, apparemment, ils comprennent majoritairement cette suspension des activités industrielles en Russie.

    1. Avtovaz est une filiale de Renault. Les syndicats sont dans leur rôle.

      Sauf à considérer qu’il y a de bons employés et de mauvais employés.

      1. Justement non @manu928, Avtovaz est une entité indépendante (néanmoins avec la participation de 69% ) ce n’est pas une fusion !
        Là, on parle de Renault en Russie pas de Lada !
        … Je le sais, j’ai entendu cela hier soir. 😉

        1. @manu928, je pense que tout le monde ici pense que les Russes (le peuple) sont également des victimes de cette situation… Mais à un niveau moindre que les Ukrainiens.
          (j’adore cette chanson, bon vieux temps)

  3. Les sanctions anti-russes, vont détruire l’Europe, pas seulement l’UE, mais l’industrie de ces pays…

  4. L’Ukraine est en train d’être dévastée et sa population décimée. Mais la guerre ne durera qu’un temps. A horizon de 20 ans, l’Ukraine sera membre de l’Union Européenne et aura très vraisemblablement rattrapé la Pologne en terme de niveau de vie.

    La vie en Russie est suspendue. Mais les gens sont conscients qu’ils vont se retrouver au ban de Nations et vivre dans la misère pour des dizaines d’années.

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