Romain Dumas : Deutschland uber « Alès »

Lors de sa tournée post-24 Heures, le pilote Porsche et Audi nous raconte son week-end :

« Mercredi, la première séance d’essais fut difficile. L’écart entre les moteurs Peugeot et Audi était vraiment impressionnant. Jeudi, c’était déjà moins flagrant. Nous avions progressé et Peugeot jouait beaucoup avec la cartographie. Lors de la seconde séance, il avait beaucoup moins de vitesse de pointe dans les 908.

En début de course, je me suis dit que ça ne pourrait pas aller très loin à ce rythme. Lorsque j’ai vu que les Peugeot s’ouvraient les portes et faisaient une course d’équipe, je me suis dit que c’était encore pire que d’habitude !

Quand nous avons vu la première Peugeot s’arrêter avec un problème de suspension, nous avons eu la confirmation qu’ils tapaient dans la voiture, escaladaient trop les vibreurs pour faire des temps. Mais, à ce moment là, personne ne croyait en la victoire chez Audi. Dans le fond du stand, on pensait au débriefing en grimaçant…

Il fallait faire notre course. Ullrich nous avait demandé de faire comme en 2008. Nous n’étions pas aussi performants que les Peugeot. Il fallait faire aucune erreur pour les mettre sous pression au maximum.

Ensuite, la n°1 a un problème électronique, je passe troisième dans la nuit. Un peu plus tard, Oreca a un souci de transmission, on se retrouve deuxième. On n’imagine pas encore gagner, nous étions trop loin. Il fallait faire notre course, faire de notre mieux. Lorsque Montagny a eu un problème, rien n’était plus pareil.

Avec Timo, on connait parfaitement ce genre de course. Quand nous roulions en ALMS avec Porsche, nous étions moins rapides que nos concurrents mais on ne faisait jamais d’erreur. Dans ces conditions, on peut espérer gagner en profitant des circonstances.

Durant les 24 heures, nous ne sommes restés que 20 minutes dans les stands pour changer les pneus et ajouter du carburant. On ne perd que 45 secondes pour remettre en rétro après avoir heurté un caméraman dans les stands.

J’ai repris le volant entre 8h00 et 11h00 alors que la n°1 remontait. L’état d’esprit a totalement changé durant ce relais. Je suis parti avec des gommes medium pour essayer d’économiser un arrêt mais les pneus ne montaient pas en température et la voiture était très difficile à piloter. Le stand m’indiquait qu’on ne pouvait perdre plus de trois secondes au tour sur Davidson qui avait quasiment deux tours de retard. On pouvait rouler en 3’25’’ car il roulait en 3’22’’. Et au fil des minutes, on me demande de rouler en 3’22’’ car Davidson était en 3’19’’… Nous n’avions jamais roulé en 3’22’’ depuis le départ de la course ! Lorsque je rentre aux stands, je vais voir l’équipe pour leur dire que je ne pouvais pas faire mieux que les 3’22’’2 et 3’22’’4… Et ils m’apprennent que Davidson a perdu tout le temps repris en ratant son entrée aux stands.

A ce moment là, je senti qu’on avait une vraie chance. Je me suis isolé, j’ai mis des boules-quiès  et je suis parti me reposer. J’avais vraiment peur de rester sur le muret à essayer d’écouter le moindre bruit. C’était horrible de ne plus rien pouvoir faire… Tout en ayant une énorme confiance en mes équipiers. Et puis ce fut la victoire, le podium, la fête chez Audi le soir et toutes ces sollicitations. »

Romain Dumas est le premier pilote français à remporter les 24 Heures du Mans depuis Yannick Dalmas en 1999.

Pour revivre les 24 Heures du Mans, retrouvez notre page spéciale !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *