Sauf qu’il restera dans les annalles comme le « méchant » du documentaire Roger et moi.
Les années 80 furent terrible pour GM. Depuis la crise de 1929, les « trois grands » régnait sans partage sur le marché US. Or, à l’aube des années 80, les Japonais grignotent des parts de marché à une vitesse incroyable. Le problème se situe tant sur les produits (les Américains n’ont pas su laisser tomber les « full size » au profit des « compactes ») que sur leur qualité de fabrication (chez Ford, 40% des voitures sorties de chaînes doivent passer par la « retoucherie » avant d’aller en concession.)
La stratégie de Roger Smith consiste à augmenter la présence de GM dans le secteur du mil-aero. Les Etats-Unis et l’URSS se livrent à une course à l’armement (au sens propre) et il y a donc de juteux contrats à ramasser.
Par ailleurs, il se plaint de dépenser trop pour la couverture sociale de ses ouvriers, protégés par les syndicats. Solution: fermer les usines syndiquées et s’installer là où il n’y a pas de syndicat ouvrier puissant, comme le Mexique, le Canada et la Californie (où il fonde une co-entreprise avec Toyota.)
Parmi les usines sacrifiées figurent celles de Flint, dans le Michigan, où GM est le principal employeur. Michael Moore, un journaliste de Flint parti en Californie, revient à Flint pour filmer la vie après la fermeture des usines. Il montre des chômeurs desorientés et une bourgeoisie locale totalement déconnectée des problèmes de leurs concitoyens. Cela donnera Roger et moi.
Le fil rouge du film est une tentative vaine d’aller interviewer Roger Smith. Qui passe pour un méchant cynique, qui n’a rien à faire du sort de ses ex-employés. Après coup, certains diront que Michael Moore n’avait pas vraiment essayé de le rencontrer, se contentant d’arriver les mains dans les poches au siège de la GM.
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