Rodin Cars dévoile son projet F1 recalé par la FIA

Un club très select et très fermé

Depuis de longs mois, la FIA étudie les candidatures pour accueillir de nouvelles écuries de Formule 1, non sans frictions avec la FOM (Formula One Management) et les autres équipes. C’est la candidature Andretti qui a le plus fait parler depuis, à la fois car il s’agit d’un projet solide – en partenariat avec Cadillac – d’un nom emblématique mais aussi parce que les écuries déjà installées sont assez hostiles à son arrivée. Maintenant que la F1 est très rentable, pour tout le monde et y compris pour ceux qui roulent en queue de peloton, partager le gâteau n’est pas de mise, ou alors il va falloir banquer sévère ! Au départ, le deal « anti-dilution » prévoyait qu’une nouvelle équipe entrante s’acquitte de 200 millions de frais d’entrée, qui seraient reversés aux 10 autres équipes en guise de compensation financière, puisque tout nouvel entrant entrainera, de facto, une réduction de la part de gâteau de chacun. Sauf que maintenant, la somme évoquée serait plutôt de 600 millions ! De quoi en refroidir plus d’un ?

Plusieurs projets plus ou moins obscurs

Bien que rien d’officiel n’ait été encore déclaré (mais Rodin a vendu la mèche), on sait que la FIA va retenir à priori uniquement la candidature Andretti comme viable, mais d’autres projets étaient dans les cartons. On avait parlé de Panthera Racing Asia, un projet qui traine déjà depuis quelques années, et qui semblait relancé récemment sous l’impulsion de l’investisseur Hongkongais Calvin Lo, pour qui visiblement les 600 millions ne seraient pas un souci. Un autre projet asiatique a récemment déboulé, baptisé LKY SUN, mais pour le coup très opaque. On aussi parlé de Formula Equal, un projet porté par Craig Pollock et qui proposait un team 100% paritaire hommes/femmes. Les projets ambitieux et sortis de nulle part ont été légion dans l’histoire de la F1, et la prudence est logiquement de mise. On ne voit pas revoir des Van Rossem ou des Sassetti (pour ceux qui ont la ref)

Rodin, un projet bien sculpté ?

Par contre, on n’avait pas trop entendu parler du projet néo-zélandais Rodin F1. Visiblement recalé, Rodin a donc révélé sur son site web son business-plan, sans pour autant chercher à contester le verdict. « Malheureusement, notre candidature n’a pas été retenue » déclare le constructeur qui développe ensuite les points clefs de son projet. « Nous tenons à souligner que notre objectif ici n’est pas de critiquer la FIA ou de demander un réexamen de cette décision. Nous respectons et acceptions pleinement le résultat »

Rodin Cars est une société basée en Nouvelle-Zélande, dont nous avons parlé récemment avec leur projet d’hypercar FZERO. Constructeur de voitures orientées track day, Rodin a développé une monoplace FZED dérivée de la Lotus T125 qui était elle-même une F1 de « track day » pour gentlemen-drivers fortunés (on vous conseille le test par Top Gear UK avec Jean Alesi en guest). Surtout, ils ont repris en début d’année l’écurie de formules de promotion Carlin et sponsorisent un certain Liam Lawson, qui vient de réaliser de brillants débuts en F1 avec Alpha Tauri.

Ayant visiblement de solides garanties financières – mais sans en dire plus – Rodin prévoyait de baser son écurie de Formule 1 dans l’usine Carlin à Farnham (Angleterre), mais de construire ses F1 en Nouvelle-Zélande, ce qui aurait détoné alors que toutes les équipes, exception faite de Ferrari, d’Alpha Tauri dans une moindre mesure et du pôle moteur de Renault à Viry-Châtillon, sont basées en Angleterre. On sait à quel point la séparation des entités peut poser souci. Alpine expérimente les failles du binôme Viry/Enstone, et Jean Todt en son temps avait mis fin à la délocalisation de la conception des monoplaces de Ferrari à Guilford chez John Barnard, rapatriant tout à Maranello. Rodin a mis en avant ses capacités de constructeur, y compris pour les moteurs, ainsi que ses infrastructures comprenant une piste d’essais.

Une pilote femme, l’arlsésienne

Rodin prévoyait d’aligner Liam Lawson et la féminine Jamie Chadwick, qui a remporté à plusieurs reprises les W Series et qui évolue cette année en Indy Lights. Un partenariat avec Ferrari était aussi dans les tuyaux, mais là encore sans que nous puissions avoir plus de détails. Rodin affirme que Jamie Chadwick avait réalisé des chronos intéressants dans la FZED, « Nous avons testé Liam Lawson, Jamie Chadwick et Louis Charp sur notre site en Nouvelle-Zélande, à la fois dans une F3 et dans notre propre voiture, la Rodin FZED, qui est une voiture légèrement plus rapide qu’une GP2/F2. Les performances de Jamie ont été exceptionnelles, et si elle était disponible, nous n’hésiterions pas à la mettre dans un baquet », Néanmoins se posait pour Chadwick le problème de la superlicence, à laquelle elle n’est pas éligible. Bref, on sent que Rodin Cars a voulu cocher des cases attrayantes, mais avec un optimisme peut-être trop béat et certains points sans doute pas assez solides. Mais le coup de pub est réussi, sans nul doute. Le dernier élargissement de la F1 en 2011, avec HRT, Virgin et Lotus, avait vite fait pschiiit…

En tous cas, Rodin a coupé l’herbe sous le pied de la FIA en conclusion, en vendant la mèche : Nous apprécions l’opportunité d’avoir participé au processus de la FIA et adressons nos meilleurs vœux à Andretti pour le succès de sa candidature ». La suite du feuilleton Andretti au prochain épisode ! Quelque chose nous dit que la FIA va devoir rapidement communiquer…

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