Moribond au sortir de la seconde guerre mondiale, après que son usine de Portello ait été détruite lors du bombardement de Milan d’octobre 1944, Alfa Romeo ouvre véritablement le nouveau chapitre de son aventure automobile avec la 1900 présentée en 1950, qui fut la première voiture de la marque a être produite en série à la chaîne. C’est elle aussi qui initia le fameux « scudetto » triangulaire caractéristique de la calandre.
Mais avec la Giulietta, Alfa prend une autre dimension et va symboliser les années du « miracle économique » italien, en séduisant une classe moyenne-supérieure émergente et en incarnant à sa façon la « dolce vita » et l’élégance du design italien.
Un projet novateur à plus d’un titre
Le projet industriel fut lancé en 1951 , sous le nom de projet « Type 750 », qui faisait penser à une petite voiture , dans le but d’induire les journalistes en erreur et de maintenir la confidentialité la plus absolue. La construction du moteur a été confiée au groupe dirigé par Giuseppe Busso , tandis que le groupe d’Orazio Satta Puliga a étudié le reste de la partie mécanique et du châssis.
À la fin de 1953, le chef de projet Rudolf Hruska, qui avait longtemps travaillé pour Ferdinand Porsche, fit un intense lobbying auprès du directoire pour présenter en premier le modèle coupé, en le faisant construire par des carrossiers extérieurs. La raison ? La conception rencontrait des difficultés pour restreindre les bruits dans l’habitacle, et l’ingénieur allemand pensait qu’une insonorisation insuffisante, difficilement acceptable pour une berline de confort, serait plus facilement tolérée voire apprécié par les clients d’un coupé sportif. La sortie du coupé donnerait aussi le temps de peaufiner et d’améliorer l’insonorisation pour la berline.
Avec ce nom, un hommage est rendu à l’héroïne de la tragédie de Shakespeare, un jeu de mots est réalisé avec le nom de la marque et une réponse est donnée aux critiques qui avaient été formulées quelques années plus tôt par Madame De Cousandier, épouse du poète Leonardo Sinisgalli, qui a observé que parmi les dirigeants de la marque à cette époque, il y avait « beaucoup de Roméo, mais pas de Juliette ». Si les jeunes descendants des Montague et des Capulet ont connu un amour passionné dans la Vérone médiévale, les passionnés d’automobile ont ressenti un véritable coup de cœur lorsqu’ils ont découvert l’Alfa Romeo Giulietta Sprint au Salon de Turin 1954. Ses lignes arrondies, élégantes, sensuelles même et aérodynamiques ont séduit les participants, qui a passé 700 commandes lors de l’événement.
Une réussite totale pour un véhicule initialement conçu comme un « showcar »
Outre l’esthétique, l’Alfa Romeo Giulietta Sprint brise également les codes de sa stratégie commerciale. Pour la première fois, la marque italienne a lancé une famille de voitures à partir de la version sportive et non de la berline qui aurait dû être, a priori, la version la plus vendue. Le développement de la carrosserie définitive fut confié au carrossier Bertone, où Franco Scaglione, qui avait déjà impressionné précédemment avec la BAT 5 basée sur l’Alfa Romeo 1900, peaufina le style, mais c’est la maison Ghia qui se chargera de la peinture et de la finition.
Le résultat était une spectaculaire voiture de sport 2+2 avec une ligne compacte, épurée et polyvalente, capable de combiner l’aérodynamisme et la sensation sportive qui ont toujours caractérisé Alfa Romeo avec des aspects plus pratiques, comme l’espace intérieur. Les sièges arrière étaient de « vrais » et pouvaient accueillir confortablement deux adultes. L’intérieur, conçu par Ghia, était luxueux et présentait des détails très dynamiques, comme le tableau de bord dans lequel les trois indicateurs ronds formaient un triangle frappant sous la visière du tableau de bord.
La légende est aussi sous le capot, puisque c’est la Giulietta Sprint qui va étrenner le fameux « Bialbero » tout en aluminium. Le moteur 4 cylindres en ligne de 1 290 cm3 développait initialement 65 ch, puis suivront la version 80 ch, capable d’atteindre 166 km/h et la Sprint Veloce de 90CV. Ce fut le premier moteur à intégrer, de série, un double arbre à cames (d’où son nom) en aluminium. Ce matériau a également été utilisé dans le bloc moteur et la culasse dans le but d’optimiser le poids total du véhicule à environ 850 kg. Une vraie ballerine taillée pour les esses des circuits et les routes alpines !
La première apparition publique de la Sprint se fait au palais du Valentino, le 21 avril 1954. Cet exemplaire de préserie est évidemment rouge ! Avec plus de 34 000 unités vendues dans ses différentes variantes, l’Alfa Romeo Giulietta Srprint fut un succès. Elle fut aussi une bête de course, dans la version Sprint ou dans la version Ti de la berline. Elle s’imposa sur circuit mais aussi et surtout en rallye, une discipline où Le Biscione s’est forgé à cette époque un palmarès impressionnant. Le rallye est bel et bien dans l’ADN d’ Alfa Romeo, et pas uniquement la F1, le Tourisme ou l’Endurance. A bon entendeur ! Outre plusieurs titres circuit en SCCA Américain, elle fut championne de France des rallyes catégorie tourisme en 1958 (aux mains de Bernard Consten), 1959 (Henri Oreiller) et 1960 (Roger de Lageneste), mais aussi championne d’Europe des rallyes 1959 avec Paul Coltelloni.
On vous recommande aussi de relire l’essai « rétro » qui avait été publié dans nos colonnes.
Imaginez ce qu’était BMW à l’époque, la marque qui en esprit et en ingénierie se rapproche le plus d’Alfa Romeo. Mais que c’est-il passé à la fin des années 70 ?
Réponse : (…)
Henri Oreiller a débuté comme skieur. 2 médailles d’or et 1 de bronze aux JO 1948.
Il décèdera, en 62, à Linas-Montlhéry au volant d’une Ferrari 250 GTO, il avait 36 ans.
Putaing qu’c’est beau !
Et aujourd’hui une des voitures les plus jolie est une Nio EL5 touring ou la splendide et déjà vieille Lexus LC500h.
Heureusement que la Giulia vit encore ses dernières heures et qu’elle fera l’objet d’une page LBA dans 70 ans en compagnie de ces asiatiques.
Je mens un peu, j’attends la Polestar 4 qui est d’une beauté inhabituelle.
Immortalisée au cinéma avec Piccoli au volant mais qui fini mal…