Renault va quitter son siège de Boulogne-Billancourt

Selon l’agence Reuters qui cite un porte-parole du constructeur Français, ce départ devrait se faire d’ici l’été 2022. Renault ne quitte pas « son fief » puisque le siège devrait trouver refuge dans un nouveau site, toujours à Boulogne-Billancourt. Mais, cela devrait permettre une réduction des coûts de la structure.

Ce futur site n’existe pas encore. Renault (enfin, le promoteur) doit en effet encore obtenir le permis de construire et bâtir le nouveau siège. Renault ne serait que locataire de ce bâtiment. En attendant, il faudra répartir les équipes dans différents site de la ville. C’est l’une des briques de la profonde restructuration des différents sites tertiaires (i.e. pas de production) d’Ile-de-France (IdF). D’ici 2025, cette restructuration doit apporter au minimum 60 millions d’euros d’économies annuelles.

Cela peut évidemment paraître peu face aux dizaines de milliards de chiffre d’affaires ou aux milliards (en bénéfice ou perte) que réalise chaque année le groupe Renault. Mais, l’analyse du parc immobilier du constructeur a montré qu’environ 20% des postes de travail étaient inoccupés en IdF, et c’est sans doute encore plus depuis la pandémie à la Covid-19 et le télétravail forcé. Cela montre également que tout le monde va devoir faire des efforts, cols bleus comme cols blancs.

De plus, le siège actuel, sur les quais de Seine (Alphonse le Gallo) est un symbole encombrant : celui des années Ghosn. Ce n’est pas lui qui a décidé de quitter l’île Seguin pour les quais et ce bâtiment (installation en 2000), mais avec sa façade miroir arrondie, bien visible de loin (voir ici), ce fut l’image d’illustration souvent choisie pour illustrer les informations sur Renault du temps de l’ère Ghosn.

Tourner une autre page de l’ère Ghosn

S’en séparer permettra là aussi de tourner la page Ghosn, et d’aller sans doute vers un bâtiment plus modeste. En attendant, le personnel du siège sera réparti dans différents immeubles du groupe, à Boulogne-Billancourt.

L’histoire de Renault commence à Billancourt (alors distincte de Boulogne-sur-Seine) dans la cabane du jardin de la résidence secondaire familiale. Cette histoire commune va se poursuivre très longtemps puisque Louis Renault investit des terrains dans le sud de la ville pour ses ateliers. Ce sera « le Trapèze » à cause de la forme globale des terrains Renault sur cette rive droite de la Seine.

Puis, en 1919, il rachète l’Ile Seguin et y installe l’usine automobile la plus folle.  De 1929 à 1992 sortent de cette usine flottante des millions de voitures qui doivent emprunter l’une des deux passerelles. Celle de la rive droite (vers Billancourt) permettait aussi l’accès aux 30 000 ouvriers de l’usine. L’autre, rive gauche (Meudon) était pourvu d’une voie ferrée reliée au réseau de la SNCF. L’usine pouvait aussi sortir les voitures par bateau. Comme souvent à cette époque, elle possédait une piste d’essais interne, en sous-sol (contrairement au Lingotto de la FIAT qui l’avait sur le toit NDLA).

La dernière voiture Renault sort des chaînes de l’île en 1992 (une Renault Supercinq) et l’usine est désindustrialisée. Le siège s’installera pour plus de 20 ans sur le quai le Gallo. En quittant son siège, c’est plus un mouvement symbolique que historique. Ce n’est pas 50 ou 100 ans d’histoire qui se termineront mais deux décénies. L’immeuble a été construit à la fin des années 80, sous le coup de crayon de l’architecte Pierre Vigneron.

L’histoire pas si tranquille des sièges sociaux

Renault n’est pas le seul constructeur à changer de siège social. Fut un temps, c’était pour prendre plus grand, plus pratique, plus prestigieux. Puis est venu le temps de l’austérité et des économies. Peugeot a par exemple cédé son siège historique de l’Avenue de la Grande Armée à Paris pour s’installer à Rueil-Malmaison en proche banlieue.

En revanche, d’autres constructeurs ont conservé leur siège historique et l’on soit développé soit le mettent en avant dans la communication. En Europe, on peut citer le groupe VW qui a conservé l’ancienne usine de Wolfsburg, emblématique avec sa brique et ses quatre cheminées anachroniques.

Du côté Français, Citroën a abandonné l’usine du quai de Javel à partir de 1975 et sa démolition fut lancée 10 ans après. Les usines franciliennes ou parisiennes ont été rasées peu à peu sous la pression immobilière et les abandons de production. Et il n’y a pas que les automobiles. Les usines Blériot Aéronautique de Suresnes par exemple ne subsistent que sur photos et au travers d’une partie de la mosaïque posée devant l’immeuble d’EADS. La façade monumentale était pourtant classée aux Monuments Historiques.

Heureusement, certains résistent comme Bugatti qui a réinvesti le château de Molsheim après son aventure italienne. Outre Atlantique, le siège social de Ford est dans la « Glass House » depuis le milieu du XXe siècle entre autres exemples.

Illustration : Renault

(33 commentaires)

  1. Un retour à l’Île Seguin aurait « de la gueule. »
    Cela rappellerait peut-être que Renault n’a pas toujours été le constructeur bas de gamme, mal finie, peu fiable.
    Vendre pas cher en gagnant de l’argent, Dacia le fait merveilleusement bien, la marque Renault éponyme au groupe galère commercialement depuis les années 80.
    Avant 80, on pouvait encore comparer une Renault avec une Audi… Maintenant, cela ressemble à une grosse blague tant que l’image de Renault est mauvaise.
    Renault a grosso-modo la même compétence technique que Tesla qui cartonne avec sa Model 3, on n’imagine pas Renault marquer à la culotte Tesla sur son Terrain tellement que les images de marque des sociétés sont à l’opposer.
    Renault dispose des noms d’Alpine, Reinastella, prestigieux dans ses cartons… Avec l’Île Seguin comme QG ça aura du prestige.
    Car seul le premium (en dehors de Dacia) a des bonnes marges pour l’avenir.

    1. Quelle drôle mais surtout réductrice image de Renault vous avez !!! Je ne pense pas que l’image soit aussi mauvaise que vous le suggérer et son capital technique est énorme (sans doute mal utilisé). Bref, je ne vais pas faire un bilan du groupe Renault mais il serait largement meilleur que vous l’estimez.
      Quand à la comparaison avec le « Audi » des années 70/80, soit vous n’étiez pas né, soit vous habitiez sur une autre planète car son image n’était pas celle d’aujourd’hui (oh la belle Audi 50 …).
      Un peu d’objectivité ne ferait pas de mal, surtout pour vous qui êtes prompt à nous rappeler régulièrement l’intérêt des productions françaises (à juste titre)

      1. Qui aime bien châtie bien @Scal.

        Je parle avant tout du ressenti des gens… Pas trop de mon opinion, bien que la situation de Renault n’est pas vraiment bonne actuellement… Mais avec un immense potentiel d’amélioration pour l’avenir avec De Meo notamment

        J’ai souvent entendu, petit, ados, adulte, autour de moi des réflexions désobligeantes sur la marque Renault… Beaucoup plus que les autres marques françaises.

        Notamment cela là : un patron d’une boîte qui cherchait une nouvelle voiture, et réputé pour être intelligent, disait qu’il trouvait vraiment bien un modèle de chez Renault… Mais il disait aussi « quel dommage que cela soit une Renault »… Et il a acheté une Audi !!! … Pourquoi ? Et j’ai tendance à dire que ce n’est pas un acte isolé… Au contraire, c’est largement la norme chez nous. (français)

        Je connais l’image d’Audi des années 70, même si je me suis vraiment intéressé que bien plus tard. (trop petit à l’époque)

        Ben justement historiquement, je compare les évolutions… Renault à merdé trop souvent.

        Raymond Lévy n’avait pas dit en public que sa Renault 25 de fonction doit passer au garage tous les mois ?

        Renault depuis, apparemment 50 ans, c’est le yo-yo, la R21 ce n’est pas bien en fiabilité et en qualité la R19, c’est le top !

        La laguna 1 c’est bien, la Laguna 2 c’est catastrophique, la laguna 3 c’est bien, mais c’est trop tard… Le mal est fait.
        L’Espace 5 à failli être bien, manque de bol, c’est la re-catastrophe au niveau fiabilité.
        La Zoe est en avance sur son temps, mais trop cher et mal finie. (plus maintenant)

        C’est constamment inconstant, une étude chez les clients disait qu’un client qui disait du mal de Renault avait l’équivalent du poids de 20 personnes qui auraient du bien … 20 x plus !!!

        C’est le gros souci de Renault… Savoir soigner son image à la façon VW qui se remet super bien d’un scandale comme le Dieselgate.

        1. Ma famille et mes cousins me demandent toujours si j’ai achete une 5eme Megane II identique, tellement je la fais durer. Ils crachent sur Renault pourtant ils ont change leurs toyotas, 5008 etc. depuis longtemps. Seule une Xantia et une Picasso I sont plus fiables dans la famille.

    2. Manifestement, je vois qu’apparemment les gens ne sont globalement vraiment pas d’accord avec moi sur mon 1er poste… ?
      Ok, personne n’a la parole divine.
      Mais sur quoi exactement ?
      – Sur un retour à l’Île Seguin aurait « de la gueule » ?
      – Sur la mauvaise image de marque de Renault ?
      – Sur la bonne compétence technique de Renault que j’estime presque au niveau de Tesla
      – Sur les remarquables marges de Dacia
      ????
      OK, j’ai tort… Mais sur quoi au juste ?

  2. « En Europe, on peut citer le groupe VW qui a conservé l’ancienne usine de Wolfsburg, emblématique avec sa brique et ses quatre cheminées anachroniques. »
    En fait, ce n’ est pas une usine, mais une centrale electrique pour alimenter les usines. Et la seule raison pour laquelle VW la conserve, c’ est parce que le batiment a ete classe. Sinon il aurait ete demoli depuis longtemps.

  3. On mélange le siège et l’usine du Trapèze et de l’ïle Seguin ici. Il y a d’une part le siège historique sur le site du Trapèze en effet, autour de la « cour d’honneur » qui correspond à l’emplacement historique de l’atelier de Louis Renault. Mais entre temps, il ya eu quelques années au 34 Quai du point du Jour, dans le bâtiment inauguré en 1974. Une adresse historique puisque l’on trouvait de longues années auparavant à cet endroit l’atelier des frères Voisin…

    1. Enfin quelqu’un qui se rapelle du Quai du Point du Jour !
      Le Siège c’est où le Président et le DG ont leur bureau ! Déjà en 1968 ils n’étaient pas à l’Ile SEGUIN ….

  4. Ça ressemble fortement au plan de PSA il y a qqs années. On vend les bureaux historiques (grande armée, St ouen) mais rassurez vous on reste pas loin (Rueil pour PSA en étant locataire) et à la fin du 1er bail de 3ans…. Cassos, direction…. Poissy et surtout télétravail…. Mais ne vous inquiétez pas, ça ne change rien ….

      1. La suite–> va voir chez Opel, ils prennent tout dans la figure ce que Tavares n’ ose pas (encore) faire en France et en Italie :delocalisation de postes en r&d au Maroc et employes « invites » a chercher un autre emploi malgre un accord de maintien jusqu’ en 2025, usines en cours « d’ externalisation »….. L’ ambiance est devenue a ce point mauvaise que les employes regrettent GM, malgre toutes les couleuvres que les americains leur ont fait avaler.
        Sauf que bon comme aucun actionnaire n’ est allemand, Tavares fait ce qu’ il veut. Dommage que ce genre de sujets soient totalement ignores sur ce blog et plus generalement chez les medias tricolores.

        1. sans parler du recourt à tout va au chomage partiel, du non paiement a 100% des ETAM…
          la course aux beaux resultats et aux profits records tout en profitant d’aides publiques est juste deplorable

    1. C’est sur que le télétravail pour Tavares dans sa propriété de Rambouillet ça doit bien se passer.

      En 2019, Carlos Tavares, président du directoire de PSA, a reçu une rémunération totale de 7,6 M€, contre 7,64 M€ en 2018, dont un salaire fixe de 1,5 M€. Les trois autres membres du directoire, Olivier Bourges (directeur programmes et stratégie), Michael Lohscheller (directeur marques Opel et Vauxhall) et Maxime Picat (directeur opérationnel Europe), ont quant à eux reçu respectivement 1,68 M€, 1,89 M€ et 2,6 M€ en 2019.

      Ces mecs n’ont que faire du devenir des ouvriers ou des ingénieurs, ils sont là pour e goinfrer et après eux le déluge.

    2. dans un article sur Renault, ce darkargos a quand même mis son commentaire habituel sur PSA, sur Tavares

      au fait, puisque tu sembles choqué sur le salaire de Tavares, on aimerait connaitre ton avis sur celui de Ghosn…

      1. wizz la question est global les objectifs des pdg ne sont plus de faire durer une entreprise mais de la presser comme un citron pour en tirer les dernieres gouttes sans ce soucier ce que ca donnera d ici 5/10ans

  5. Ils veulent déménager l’été prochain alors qu’ils n’ont pas encore le permis de construire? Il va être si petit que ça leur siège pour être construit en si peu de temps?

    1. Non, ils quitteraient le siège actuel du quai le gallo pour emménager (plus tard) une fois le nouveau siège construit.
      Entre temps, il faudra trouver de quoi répartir les équipes dans les différents immeubles.

  6. Je crois relire le même article sur Peugeot il y a quelques années.
    Si ça permet de relancer Renault (comme a su le faire Peugeot) tant mieux alors.

    1. Peugeot était propriétaire de son siège et a donc dégagé du cash instantanément. Ici, Renault, sauf erreur, est locataire. Il y aura un gain, mais moindre que pour la vente de la Grande Armée.

      1. Oui sûrement mais c’était pas trop la question en fait.
        Je trouve que Renault a besoin d’un renouveau, une renaulution comme ils disent. J’espère que ça sera salvateur

        1. Déjà, personnellement, je trouve très bien de regarder derrière (le concept Renault 5 par exemple) tout en réinterprétant ce passé.
          Et pour une fois, on a un dirigeant de Renault qui veut faire qqch d’Alpine (d’ailleurs chapeau aux médias qui ont parlé de Renault Alpine pour la Gendarmerie haha).

  7. C’est surtout une diminution importante de surface des locaux qui est prévue. Et vive le télétravail, mais rien ne dit qu’il se fera en France, vous verrez.

  8. Luca Di Meo fait dans le Tavares désormais. Il faut savoir que les employés du siège de la Grande Armée et des bureaux Citroën dans le 17eme ont été déménagés à Rueil puis entre Vélizy et Poissy et que désormais c’est le site de Vélizy qui est en stand by pour emmener quasi tout le monde un ou deux jours par semaine à Poissy le reste en télétravail sans bourse délier. Et comme d’autres ont mentionné ici, l’ingénierie Opel a été dépecé entièrement, les gens invités à aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. Pas sûr qu’elle soit plus verte au Maroc à Kénitra ou PSA étend ses capacités de production et son campus de R&D. Pour un ingénieur allemand j’imagine qu’on en a 5 marocains. Sont-ils bons? C’est une autre histoire. Bref Tavares est le fossoyeur de l’automobile made in France où Italy pour le plus grand bénéfice des familles actionnaires expatriées fiscales en Suisse. Citroën marque centenaire n’a plus qu’un modèle de voiture produit en France, la C5 Aircross, C3 en République tchèque, C3 Aircross en Espagne, C4 à Madrid, C5X en Chine, Ami au Maroc…

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