Renault – Nissan : le coronavirus, l’arbre qui masque la forêt ?

Les dirigeants de l’Alliance Renault- Nissan tentent de rassurer les marchés sur leurs capacités à faire face à la crise sanitaire – et désormais également économique et financière – engendrée par le coronavirus. Des déclarations qui interviennent alors que moult constructeurs sont confrontés à des problématiques de gestion de trésorerie. Liés à la pandémie …. 

Présentation de plans stratégiques maintenue

Dans un entretien accordé au Wall Street Journal, Jean-Dominique Senard, président du conseil de Renault, et le directeur général de Nissan, Makoto Uchida, ont réaffirmé leur intention de présenter des plans stratégiques à trois ans à mi-mai, et ce, malgré la chute brutale de leurs volumes de ventes.

Si le plan n’est pas bien expliqué et digéré, alors le cours du titre ne va pas remonter et les gens ne croiront pas que Nissan peut se relever”, explique son directeur général dans l’entretien.

Pas de revenus car par de ventes

Jolie récupération du contexte : Jean-Dominique Senard l’affirme : « La situation est assez claire : nous ne dégageons pas de revenus car nous ne vendons pas”.

Ce qui pourrait signifier à demi mots que les problèmes actuels de Renault ne seraient liés qu’au coronavirus. Le Covid-19 aurait-il bon dos pour masquer l’arbre qui cache la forêt de ses difficultés ?

Le coronavirus, prétexte pour justifier de lourdes mesures ?

Face à la propagation du Covid-19 face, Renault et Nissan ont été contraints de fermer une grande partie de leurs sites de production. Ils prévoient désormais de mettre un terme aux activités et aux produits dont la rentabilité n’est pas assurée.

Le Wall Street Journal, citant des sources proches du dossier, affirme que Nissan pourrait fermer des usines en Espagne et que Renault pourrait retirer sa marque de Chine.

Les travaux de recherche et d’ingénierie pourraient être divisés pour éviter les doublons, ajoute le media américain. Qui affirme que les deux  constructeurs prévoient de doubler le nombre de pièces que les deux fabricants partagent pour en porter la proportion à 75-80%.

Renault et Nissan rassurent sur leur trésorerie

Face à la chute de leurs revenus, les deux constructeurs se sont également voulus rassurants sur l’état actuel et le devenir de leur trésorerie.

Renault a ainsi tenu à rappeler qu’il pouvait faire appel à des crédits garantis par l’Etat qu’il n’a pas encore sollicités, et qu’il disposait d’une ligne de crédit de 3,5 milliards d’euros. Nissan peut quant à lui user d’une ligne de crédit représentant environ 12 milliards de dollars.

Le broker JPMorgan a certes abaissé son objectif de cours sur Renault de 30 à 20 euros mais il a maintenu sa recommandation sur la valeur .

“Nous continuons à soutenir notre thèse selon laquelle tous les constructeurs et la plupart des fournisseurs disposent de lignes de crédit et de lignes de secours prêtes pour faire face à la consommation de cash du premier semestre 2020”, indiquent les analystes. Ajoutant que « par conséquent », ils ne voyaient aucune de ces valeurs faire appel à une aide d’Etat exceptionnelle.

Des propos qui vont monter le cours de l’action Renault

Objectif atteint ? L’action Renault grimpait lundi en milieu de matinée, à la Bourse de Paris, après ses déclarations vues comme rassurantes par les investisseurs.

Le titre du groupe automobile français grimpait ainsi de plus de 9 % signant la plus forte hausse du CAC 40. Ce dernier ne progressant parallèlement « que » de 2,7 %. A la Bourse de Tokyo, le titre de Nissan clôturait quant à lui en hausse de 8,21% à 341,4 yens.

Depuis le début de l’année, l’action de Renault a dégringolé de 58% tandis que le titre de Nissan a reculé de 46%.

Notre avis, par leblogauto.com

Un simple entretien suffirait-il à calmer les inquiétudes à long terme, alors que la situation financière de Renault et de Nissan n’était guère brillante avant que n’explose la crise du coronavirus. Pas si sûre …

Sources : Reuters, WSJ

(39 commentaires)

  1. « Jean-Dominique Senard, président du conseil de Renault, et le directeur général de Nissan, Makoto Uchida, ont réaffirmé leur intention de présenter des plans stratégiques à trois ans à mi-mai, et ce, malgré la chute brutale de leurs volumes de ventes ».

    Renault-Nissan toujours en mode usine à gaz, ça serait carrément risible s’il n’y avait aucun emploi en jeu dans cette farce.
    C’est maintenant qu’il faut fusionner, j’ai même envie de dire « c’est maintenant ou jamais ».
    La situation ne s’arrangera jamais entre Nissan et Renault, sauf si l’un des 2 cède, or d’un point de vue capitalistique, c’est à Nissan de rentrer dans le rang.

    C’est aussi à Renault de faire preuve d’autorité et d’initiative cohérente, là on a l’impression que le losange passe son temps à colmater les brèches et à jouer au médiateur ou au diplomate, alors que ce n’est pas son rôle en tant qu’actionnaire principal de Nissan (44%).

      1. En cas de rébellion, un fond de pension américain (ou n’importe quel autre actionnaire principal étranger) mettrait des dirigeants à sa botte à la tête de Nissan, tout simplement parce que c’est la règle et que c’est ainsi que fonctionne le monde.

        Renault lui fonctionne à l’européenne : « gagnant/gagnant », c’est-à-dire « je me tire moi-même une balle dans le pied ».

        1. « fonctionne à l’européenne : « gagnant/gagnant » »
          Oui … en ayant donné gratos toutes les technologies, en échange d’un virus.
          « Européen » et « idiot utile » ou « chèvre » aussi, etc, sont devenus synonyme.

          1. Oui mais après il s’est retourné contre Renault en favorisant Nissan puis Nissan s’est retourné contre lui.
            Ghosn a été une erreur de casting, la faiblesse (structurel) de Renault a été de ne pas le débarquer lorsqu’il commençait à partir en vrille (au minimum en 2015, avec les accords RAMA).

          2. En quoi aurait-il favorise Nissan plus que Renault? 🙂
            J’ aimerais qu’ on m’ explique car je lis souvent cette rengaine, mais uniquement en France et sans reelles explications.

          3. Je doute que Schweitzer l’ ai nomme a ce poste en 1998 si cela etait le cas.
            Je vous invite a relire les articles triomphants pleins de rodomontades de cette epoque, juste temperes par une inquietude sur l’ etat de sante du japonais..

        2. « c’est ainsi que fonctionne le monde » malheureusement… et encore, tant qu’il y a des ressources. Ensuite c’est la guerre.

    1. Oui enfin, pour ce que vaut la bouse (euh, la bourse), maintenant !
      – Une marque annonce le lancement d’un modèle révolutionnaire qui va permettre des embauches -> le cours en bourse chute.
      – La même marque annonce le licenciement de personnels -> l’action fait une hausse spectaculaire.
      La bourse c’est la satisfaction de l’actionnaire avant tout, avec très peu de considération de la valeur industrielle et sociale d’une entreprise.

      Pour le reste, ce qui est décrit ici vaut pour tout le monde, pourquoi se concentrer uniquement sur Renault-Nissan, ce qui laisserait penser que seuls eux sont en difficulté ?

      Et puis, petit PS : léger sentiment de dégout en voyant la photo du coupé Megane. Il ne méritait pas çaaaaaaa

  2. Je parie qu’on va devoir y mettre de l’argent du contribuable pour sauver Renault. Ça semble plus que probable pour Renault… PSA semble cette fois ci en meilleur posture pour faire face à la crise.

    On va sûrement passer une phase de 12mois voir plus ou il va avoir des arrêts partiels d’usines par manque de pièces détachés ou des clusters de Covid19 dans les lignes de montage, ajoutons a ça une plus que probable récession et donc baisse des achats de voitures neuves.. ça promets.

    1. il n’y a pas de renflouement comme au temps de la Régie

      aujourd’hui, s’il y a de l’argent de l’Etat, c’est sous forme de garanti. L’Etat se porte garant à 90% des prêts que feront les banques envers des entreprises, PME, artisans, etc….

      Cela ne coutera aux contribuables que si Renault est en faillite après le prêt, liquidation totale, et est incapable de rembourser le prêt, ce qui n’est pas le cas…

    2. on a bien vu ce que ça a donné en 2008-2012

      suite a ces garanties apportés par l’état a des entreprises en difficulté les taux d’intérêts des dettes d’état ont grimpé de façon exponentielle ( la crise de la dette suite à la crise des subprimes ) car l’état s’est porté garant de entreprises au bord de la faillite

      du coup les notes de la dette de l’état a baissé et les taux d’intérêt ont augmenté de façon exponentielle – on a donc payé des taux d’intérêt bcp plus cher pour tout l’argent que l’état a emprunté sur les marchés pendant des années

      …donc dire que ça ne coute rien aux contribuables… ( les dettes d’aujourd’hui ce sont les impôts de demain, en partie )

      la même chose est en train de se passer déjà sur les marchés

      depuis juillet 2019 France emprunté a 10ans a taux négatifs…. c’est finit.
      les taux des OAT 10 sont passé largement dans la zone positive …

      allez dire a ceux qui souhaitent acheter une maison que les taux d’intérêt vont peut être doubler d’ici la fin de l’année – que apporter des garanties a des entreprises en difficulté ne coute rien au contribuable … c’est juste un exemple parmi d’autres, l’achat d’une voiture a crédit c’est pareille, les taux vont grimper

      pour l’instant c’est assez modérè, on est passé de -0.4% a 10ans a +0.3% – attendez de voir 2 ou 3 grosses boites qui viennent demander de l’aide à l’état et on reparle aprés

      1. tout à fait rikiki

        tu as raison de dire que « les taux d’intérêts des dettes d’état ont grimpé de façon exponentielle ( la crise de la dette suite à la crise des subprimes ) car l’état s’est porté garant de entreprises au bord de la faillite »

        si seulement l’Etat se contentait de porter garant pour des prêts à des entreprises qui n’étaient pas en faillite, ça se serait mieux passé…

        ….et comme je disais plus haut « Cela ne coutera aux contribuables que si Renault est en faillite après le prêt, liquidation totale, et est incapable de rembourser le prêt, ce qui n’est pas le cas… »

        Comme toujours, on ne prête qu’aux riches, ou à ceux capables de rembourser. Là, il n’y aura pas de risque, pas de conséquence à subir, comme un taux plus élevé…

  3. le surlignage en rouge est, comment dire , … insupportable – il va falloir trouver autre chose.

    Sinon, les interprétations des paroles de dirigeants d’entreprise par Elisabeth Studer sont toujours aussi savoureuses :

    Quand JD Senard annonce : Zéro vente = Zéro chiffre d’affaire, il ne dit rien à demi mot, ni ne cherche à camoufler quoi que ce soit.

    Il énonce juste une évidence que beaucoup ont du mal à intégrer : toutes les entreprises ont des charges fixes (dont une part très importante de salaires qui sont toujours versé) et aucun revenus, et que c’est un problème largement supérieur à tous les autres.

    mais il est vrai qu’un éventuel retour à une situation saine sera d’autant plus difficile que la situation de départ était compliquée.

    1. l’année 2020 va être beaucoup plus dure pour Nissan (USA -Chine ) que pour Renault/Lada/Dacia ou les ventes sont bonnes dans certains pays.

    2. tout est dans les mots : Senard n’a pas parlé de Chiffre d’Affaires, mais bien de revenus. La différence est de taille : la rentabilité ! Encore une fois ne pas faire l’amalgame entre revenus et CA, la différence majeure : les couts de production. Et là, justement, cela a une nette importance, car les pbs éventuels de rentabilité de Renault ne sont pas liés au coronavirus. Pbs structurels non conjoncturels.

      1. Mais non, justement
        revenus = chiffre d’affaire (c’est la définition)

        (faire l’amalgame entre revenu et chiffre d’affaire, c’est normal, puisque c’est pareil !)

        ce dont vous parlez, ce sont les bénéfices, ou les profits, qui ne sont pas dans la phrase de JD Senard.

        mais c’est une petite manie que vous avez parfois, d’interpréter les paroles de dirigeants avec un prisme déformant (autrement dit, vous entendez ce que vous avez envie d’entendre), qui vous fait parfois oublier les bases de vos connaissances en économie.

      2. @ Elisabeth : une réponse ?
        Ce serait bien, non, pour éviter de laisser croire que « revenue » (surtout issu d’une traduction d’une interview par un français à un journal US ) pourrait signifier « bénéfice » ?

  4. Et pourquoi PSA serait en meilleure posture? Ils sont déficitaires depuis de nombreuses années et tout à coup ils sont au top? Ils sont surtout purement européens, dans un marché qui tourne entre 0 et 5% du niveau normal des ventes et sans relais en cas de défaillance de l’Europe. Quand à la fusion avec FCA, c’est pas gagné, surtout si Dongfeng ne veut plus vendre ses parts.
    Donc Renault n’est pas à l’agonie et PSA n’est pas le roi du pétrole. Tout le monde est en difficulté à cause de ce virus et nous serions plutôt inspirés de soutenir nos 2 champions, parce que ce sont tous les 2 des champions de l’automobile.

  5. J’avais écrit qu’il fallait déjà aller jusqu’à mi-avril pour voir que la fièvre est toujours évolutive. En France principalement, Pays qui mène l’automobiliste à la baguette, ou à la trique selon le parler régional, Ce Corona importé pas cher de Chine est assez meurtrier si on compare pour un pays concepteur d’automobiles avec l’Allemagne par exemple. C’est dès que le confinement va s’amorcer chez nos voisins d’abord qu’on va immédiatement avoir le pouls , ici même. le Pouls, ce sont les ventes ! .Comment peut-on mesurer, parler de quoi que ce soit dans un pays « à l’arrêt » ?
    Il est un traumatisme encré qui va durer plus loin que la fin de l’été . Alors déjà Paques pose un lapin chez tout le monde.Masquée ou pas: La bourse d’avril, mais c’est subjectif. v’la bon vent , mon ami m’appelle. . .

  6. « …un problème mon garçon ? »
    oula ta phrase miroir est rigolote :))))
    Faut quand même sacrement s’emmerder à toujours spammer les publications de commentaires sans fin ni profondeur disant souvent absolument n’importe quoi, avant d’aller vérifier avant…. https://m.investing.com/equities/renault-advanced-chart ou y a, accessoirement, aucune amélioration de situation, juste du yoyo dérive latérale.
    ….

    1. Mais qu’est-ce qui dit ?
      + 17 % en 48 % ce n’est pas négligeable
      C’est un peu mieux que ton livret A 😉

    1. Ben alors SAM…
      Elle est libre de choisir les sujets de ses articles.
      Si le sujet ne te convient pas, personne ne t’oblige à lire.
      Par contre, tu peux proposer des sujets sur le thème de la finance et de l’automobile.

      1. @koko. Ben oui, je suis d’accord avec vous et j’y souscris! Après on est libre de donner un avis. L’article est détaillé (j’y retrouve ce que j’ai vu par ci, par là) après il y a plein de choses qui ne sont pas mis en avant comme le fait que Renault a mieux négocié la reprise de l’activité avec les syndicats. Nissan reprend sa production en Chine. Qu’un nouveau DG arrive en juillet chez Renault … très inspiré des politiques commerciales agressives de VW ( … ) Que les journaux économiques sont moins alarmistes sur la déclaration de Renault-Nissan. Qu’en est-il des situations de Mercedes, Mazda, Suzuki, Hyundaï? Oui cela fera moins de commentaires et de vues! Et que dire de la photographie sensationnaliste illustrant l’article? L’idée étant bien sûr de faire réagir.

  7. Ben on lui avait demandé de partir à la retraite…il n’a pas voulu et on connait la suite. Certains vous diront il a prolongé pour son bon bénéfice …

  8. Est ce que l augmentation de plus de 1000€ des Alpine dont les ventes continuent de degringoler , est deja un resultat de cette crise à la REie ?

    1. Je doute que 1k€ de + sur une Alpine, qui est bien souvent au-dessus des 55 k€, ai une influence sur les ventes …qui sont des ventes d’une niche commerciale, cela dit en passant, donc forcément faible.

    1. Je suis d’accord. L’alliance a les atouts pour redémarrer avec les bons produits et les bonnes technologies. En plus, elle est présente sur tous les marchés mondiaux.
      Plus généralement, je ne vois pas pourquoi Renault serait plus mal qu’un autre constructeur. Personne ne vend en ce moment, l’argent ne rentre pas : pas moins chez Renault qu’ailleurs.

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