Renault : mourir pour des voitures à vivre ?

Si dans des temps plus anciens, le travail permettait avant tout de gagner sa vie, tel ne semble plus être le cas de nos jours ou l’emploi rime parfois avec pression, stress, malaise voire même angoisse …autant d’éléments qui peuvent parfois conduire jusqu’au suicide.

Alors que le constructeur Renault qualifiait encore récemment l’Espace de voiture à vivre, ironie du sort, poids de la fatalité, vous l’appellerez comme vous le voulez, le Technocentre de Guyancourt doit faire face au suicide d’un 3ème salarié depuis 4 mois.

Devant ce nouvel évènement, provoquant un véritable choc parmi les salariés déjà très fortement secoués par le récent suicide d’un des leurs, le responsable des relations sociales du site, interviewé Mardi soir sur France 3 reconnaît – enfin – que des problèmes existent au Technocentre sans vouloir toutefois endosser l’entière responsabilité des actes désespérés de ses employés.

Alors que dans les « cas » précédents, les salariés s’étaient suicidés sur leur lieu de travail, l’employé du Technocentre – dont la famille demande expressément aux média de ne pas citer le nom – qui a mis fin à ses jours vendredi à son domicile a quant à elle rédigé une lettre spécifiant qu’elle était confrontée à des difficultés au sein même de son travail.

Ce courrier aura été – oserai-je dire : enfin – la goutte d’eau qui aura fait « déborder le vase » du Parquet de Versailles, lequel a ouvert une enquête préliminaire après ce troisième suicide en peu de temps mais – chiffres macabres – aussi le cinquième suicide en deux ans et demi sur le site, ce que peu de media relèvent, le politiquement correct agissant toujours autant. Pour rappel, seul l’Humanité, en tant que presse nationale, relevait l’information lors des tristes évènements du début du mois.

« Au vu du mot qu’il a laissé et pour faire la transparence totale sur cette affaire, le parquet a diligenté une enquête pénale pour vérifier les conditions de travail de ce monsieur », a précisé une source judiciaire. L’enquête pénale n’a pas pour but de donner les circonstances du décès qui sont « clairement établies », puisqu’il s’agit d’un suicide, mais de rechercher d’éventuelles infractions (comme le harcèlement moral par exemple) qui pourrait être en lien avec la mort du salarié.

Deux salariés se sont suicidés en octobre et janvier derniers sur le site même de Guyancourt. Pour ces deux décès, le parquet de Versailles, qui travaille avec l’Inspection du travail, a souligné qu’ « aucun élément ni infraction » de l’employeur – soit Renault – n’avaient été retenus qui auraient pu être liés à la mort de ces deux personnes ». Le 20 octobre 2006, un technicien en informatique s’était jeté du cinquième étage du bâtiment principal du Technocentre qui compte 12.500 salariés et un second s’est noyé le 22 janvier. Le commissariat de Guyancourt chargé de l’enquête avait conclu à des suicides.

Les élus CGT du site, interrogés par France 3 mentionnent même qu’ils reçoivent des appels des femmes des salariés s’alarmant et craignant que leur époux ne commette l’irréparable.

Interrogés par les journalistes de la chaîne, en dehors du bâtiment, et de manière totalement anonyme, les salariés mettent en avant la pression exercée sur eux, par notamment des cadres quelque peu « carriéristes » soucieux de gagner quelques « bons points » en prouvant leur aptitude – et par conséquent celle de leur équipe – à satisfaire les objectifs fixés par Carlos Goshn, dont un volet implique notamment la conception de 26 nouveaux modèles de véhicules dans les prochaines années.

On ne peut que remercier France 3 et Marie Drücker de relayer une telle information et de creuser le dossier, pas toujours politiquement très correct en cette période électorale.

Mais si les salariés d’EDF, atteints par l’amiante parfois jusqu’à la mort osent s’exprimer en ces termes leur désarroi « perdre sa vie en la gagnant« , cette situation devrait nous faire réfléchir, car c’est tout un équilibre économique lié au « concept » du travail qui est ainsi mis à mal.

Sources : AFP, France 3, Syndicats CGT/SUD Renault

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