Renault F1 est-elle à vendre ?

Officiellement, rien de tout cela n’est vrai… Les dernières déclarations indiquent que ce ne serait peut-être qu’à la fin de la saison prochaine que le Conseil d’Administration pourrait revoir sa position sur l’engagement en F1. En effet, le règlement change pour la saison 2021 et l’écurie est théoriquement engagée jusqu’à la fin 2020.

Sauf que les rumeurs en F1 ont toujours une part de vrai. L’arrivée – temporaire – à la tête de Renault de la Directrice Financière, Clotilde Delbos fait craindre à beaucoup des coupes drastiques dans les dépenses pour rétablir les comptes que certains jugent mauvais.

L’écurie de F1, c’est un budget d’un peu moins de 200 millions d’euros par an. C’est beaucoup et c’est peu à la fois. Rien qu’en publicité, en France, Renault dépense deux fois plus. Mais cela peut aussi être vu comme une dépense somptuaire si les dirigeants décident d’une cure d’austérité. D’autant plus que de 4e en 2018, Renault est passée 5e cette année derrière son écurie cliente McLaren. McLaren qui renonce au moteur Renault fin 2020 pour retourner dans le giron Mercedes. Un signe avant-coureur ?

Surtout, pour 200 millions, il y a de quoi faire entre 10 et 20 programmes FIA mondiaux ! Renault a abandonné la très médiagénique Formule E à son allié, Nissan, pour se concentrer sur la F1. Dommage ?

Le candidat au rachat serait le milliardaire russe Dmitry Mazepin dont le fils Nikita était pilote d’essai de Force India. Mazepin a tenté de racheter l’écurie mais se l’est fait souffler par Lawrence Stroll. Guerre de papas en F1 !

Quel crédit accorder à ces rumeurs ?

Difficile de se prononcer de façon sûre à propos de ces bruits de paddock. Renault est revenu en tant que constructeur en « forçant » plus ou moins la main à Carlos Ghosn. Ce dernier n’a jamais été un grand fan de la discipline. Le plan, progressif, prévoyait de se battre pour les podiums cette année, et la victoire pour l’an prochain. Pour les podiums en 2019, c’est encore trop juste.

L’écurie a recruté Daniel Ricciardo jusqu’à l’année prochaine et a annoncé que le Français Esteban Occon sera là pour l’épauler en 2020. De même, elle a récemment annoncé l’arrivée de Pat Fry, et avant lui Dirk de Beer pour l’aérodynamique. Alors ?

Et quid du département moteur de Viry-Chatillon ? Pour rappel, l’écurie (partie châssis) est en Angleterre, à Enstone, tandis que le Power Unit (groupe moto-propulseur turbo hybride) est développé en France à Viry.

Ce ne serait pas la première fois qu’un constructeur claque la porte d’un championnat, et même de la F1, de la sorte. On peut citer BMW, Toyota, ou même Honda qui a arrêté les frais en 2008 alors que la voiture était prête et sera la Brawn GP de 2009 (puis Mercedes) avec le succès que l’on sait. Dans d’autres championnats on pourra citer, à dessein, Peugeot. Après des années en endurance à pousser à la création d’un championnat du monde FIA, Peugeot claque la porte du tout nouveau WEC alors que la voiture était développée.

En 2021, les nouveaux « accords Concorde » qui régissent le business de la F1 et la redistribution de l’immense manne financière générée, doivent entrer en vigueur. Mais ils doivent d’abord être signés. En s’échappant avant cette échéance, Renault s’éviterait ces discussions interminables, à moins que cela soit un moyen de mettre la pression sur la FIA, Liberty Media (la F1) et sur les concurrents façon « retenez-moi ou je pars » ? La dernière disqualification des jaunes et noirs à Suzuka est-elle une goutte de trop ?

D’ici à voir une prise de participation de Mazepin pour 2020, avant un changement de main total en 2021, il n’y a qu’un pas. Est-ce que vous le franchissez ?

Illustration : Renault F1

(20 commentaires)

    1. Ils ont rate le tournant technologique du V6T, et n’ont jamais pu recuperer.
      C’est pour moi le probleme de cette reglementation a geler les moteurs et donner des tickets pour les modifier : si le moteur est bien ne et a le bon niveau de perf, tout va bien.
      Si comme dans le cas de Renault le moteur est mal ne avec des performances tres en deca de mercedes dans ce cas, il est quasi impossible de se redresser. Ferrari y arrive presque, mais partent de moins loin.
      L’autre vrai probleme, c’est un chassis qui n’a jamais ete a la hauteur…

      1. Renault (motoriste) dominait l’époque des V8.
        La F1 a toujours été faite de périodes de « règnes » avant modification du règlement.

        Le souci de Renault c’est d’être revenu « à la petite semaine ».
        L’écurie d’Enstone met le même budget que Racing Point ou Williams. Aucune des 4 premières écuries ne met moins du double de Renault.
        L’argent ne fait pas tout. Mais cela contribue grandement au top 3.

        Est-ce que le moteur est raté ? Non. Autant 2014 et 2015 étaient mauvaises. Autant depuis le moteur n’est pas à la rue.
        La preuve, Red Bull a gagné 10 fois (de mémoire) avec un berlingot Renault dans le dos.
        Et cette année les Renault n’ont pas été ridicule sur le circuit de moteurs qu’est Monza. 😉

        Y a-t-il eu mauvais choix de personne ? Sans doute. Guerre Vasseur-Abiteboul, Stoll qui part, Pilotes à la rue (Palmer par exemple), etc.
        Le souci c’est que la F1 est désormais trop prévisible pour le top 5/6. A part un accrochage on retrouve les mêmes ou presque dans le top 6….l’ordre change.
        Pourquoi ? Fiabilité…

        Renault doit-il partir ? Difficile de dire…200 millions par an c’est énorme et c’est peu.
        Avec 200 millions, Renault finance un programme hypercar WEC pour 5 à 6 ans.
        Renault finance un programme WRC pour la même durée…
        Ou du WRX pour 20 ans 🙂
        La F1 reste une formidable vitrine mondiale…quand on fait des podiums au moins. :/

  1. La stratégie de Renault en F1 sur la dernière décennie ne ressemble à rien : allers-retours toujours à contre courant, relances coûteuses d’écuries désoeuvrées, budget trop élevé pour être indolore mais trop faible pour jouer la gagne… Une sorte de valse hésitation reflet de dirigeants qui n’y croient pas..

  2. La F1 fait elle toujours rêver l’acheteur lambda de renault comme à l’époque glorieuse du V10 des années 90 ? pas sur….

    1. Quand Renault sort des Megane RS F1 Team ça aide à vendre des Megane. Renault a toujours profité de ses succès en compétitions contrairement à PSA qui n’en fait aucune promo. Sans victoire c’est compliqué de sortir des séries limitée sur ce thème.

      1. Mouais, la Megane RS se vend car il y a la lignée des Meg RS. Qu’elle soit badgée RS importe peu.
        On n’est pas dans une supercar hybride par exemple où là oui selon moi on pourrait penser que l’expérience F1 jouerait.

        La techno F1 s’est éloignée de ce que l’on pouvait trouver sous le capot des voitures de série.
        A part Mercedes avec la One, ou Ferrari, McLaren, quel constructeur a une techno hybride aussi poussée ? (id est avec récupération de l’énergie des gaz d’échappement, cinétique, etc.)

        Budget énorme, retombées plus qu’incertaines sur l’image des voitures de tous les jours,….ça pue non ? 🙂

        1. L’image de Renault Sport (Cars) est je pense plus importante que celle de Renault (Sport) F1 !
          La Mégane RS se vend car c’est une voiture super aboutie avec la patte Renault Sport dans le développement châssis. La F1 n’a effectivement rien à voir avec ça…

          Maintenant Renault a une grosse culture de la monoplace, si ce n’est la plus importante au monde (il me semble). Ne pas être présent en F1 serait écrouler un château de cartes et une grosse renommée en sport auto.
          Je pense tout de même que la F1 influence que l’image de la marque (enfin Renault et Renault Sport).

          Je ne crois en tout cas pas une seule seconde au retrait de Renault en F1 😉

      2. Mouais, tu crois que ceux qui roulent en 3008et 5008 savaient que Loeb en pilotait une, eloignée certes, au dakar ? pas sur 🙂
        on n’est plus comme à l epoque de la 205 Groupe B avec vatanen ou gagner le dimanche permettait de vendre le lundi 🙂

  3. Il y a 10 ans il y a eu des paramètres qui ont changé sans doute un peu les plans de l’équipe ! ? C’était sans doute la meilleure chose à faire…

    1. Ici ce n’est pas sportivement comme il y a 10 ans, mais financièrement (enfin « moralement ») cela semble bloquer désormais.

  4. Aujourd’hui aussi les paramètres bougent :
    Tension au sein du groupe
    Nouveaux dirigeants
    Résultats économiques en berne
    Résultats sportifs … pas mieux
    Technologie F1 qui a de plus en plus de mal à être en corrélation avec la tendance verte du moment et a justifier son utilité sur les véhicules de production d’aujourd’hui et de demain.

  5. Quand je vois le budget comm’ du constructeur, le programme F1 représente rien à côté, et maintenant qu’il va y avoir un budget limité pour 2021, la raison financière semble totalement improbable, surtout que Renault F1 a beaucoup poussé en ce sens et a obtenu ce qu’ils voulaient. Tout s’aligne pour que ça aille mieux pour eux ensuite donc.

    Et moralement, qu’est-ce qui passe mieux, faire de la F1 pour un constructeur historique dans le domaine de la compétition, ou de licencier tout un tas de gens en France et en Angleterre ?

    Non je pense juste que la source de cette rumeur avait tout à gagner à faire parler de lui en tentant un petit buzz basé sur du vent.

    1. Comme disait Di Montezemolo quand on lui parlait de budgets limités : qu’est-ce qui empêchera Ferrari (ou un autre constructeur de voitures de route) de lancer un programme pour une (fausse) supercar et de développer des technos pour la F1 hors budget ? Qui ira dire à ces constructeurs « ah non vous ne pouvez pas étudier une voiture avec exactement le même PU que la F1 » ? ou les suspensions, de l’aéro, etc ?

      Pour que les budgets cessent de grimper en flèche comme ils font (pour rappel, Williams était champion avec moins de 50 millions de dollars par an, Ferrari a poussé le curseur à 75 millions à l’arrivée de Schumacher, désormais on est au-delà des 400 millions.

      A 175 millions (en 2018 de mémoire), Renault fait du bon boulot…4 ou 5e c’est pas mal…
      Et oui, comme je l’indique dans l’article (ou que je répète souvent), ce n’est finalement « rien » par rapport à la com/pub par an (400 millions rien qu’en France).
      Mais, en France, on a tendance à la jouer toujours « petit bras »….

      Peugeot n’est plus dans aucun championnat mondial FIA, DS est en Formule E, Citroën en WRC (mais on se pose des questions sur l’engagement de 2 voitures, etc.), Opel…comme Peugeot.
      Renault est en F1 et à laissé tombé la FE, Alpine finance une livrée en LMP2. Et si Renault se lançait dans le WEC supercar avec Alpine ? Châssis Oreca rebaptisé, moteur Renault…la page de pub est pas mal avec les 24h du Mans et les autres épreuves…et les budgets sont moindre (on parle de 20 à 30 millions €).

      La F1 est trop chère et a désormais l’image d’une Formule où il faut économiser les pneus, le carburant, les moteurs, etc. :/

      1. https://www.largus.fr/actualite-automobile/supercar-mercedes-amg-avec-un-moteur-hybride-de-formule-1-8053389.html
        certains (mauvaise langue ou pas) disaient que la fiabilité et puissance des Mercedes F1 viennent de ce projet….

        …et d’autres en disent de même ici
        https://www.auto-moto.com/nouveautes/ferrari-sf90-stradale-la-supercar-hybride-de-1000-ch-212210.html#item=1

        caser le petit moteur F1 ultra compact dans une grande supercar de route, rien de plus facile, puis aligner des milliers de km avec

        1. C’est aussi ce proto qui tournait avant l’arrivée du moteur F1 :
          https://www.leblogauto.com/2014/01/spyshots-le-mysterieux-mulet-laferrari-de-plus-pres.html

          Comment interdire cela ? Impossible.
          Et rien n’empêche non plus de laisser partir des ingés chez Sauber par exemple. Les laisser travailler sur une techno avec le budget financé par Alfa Romeo.
          Puis de les rapatrier (il y a eu des va-et-vient récemment entre Ferrari et Alfa Romeo…) avec les technos financées par un autre budget.

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