La marque au losange a également mis lundi la plupart de ses salariés tertiaires d’Ile-de-France en chômage partiel. Argument invoqué : s’adapter à la baisse d’activité générée par la pandémie.
Les sites industriels de Renault à l’arrêt sauf Chine et Corée du Sud
Toutes les usines du constructeur à travers la France sont désormais à l’arrêt. Les salariés des sites ont quant à eux été déclarés en chômage complet.
Le constructeur automobile prévoit de relancer les activités de production dans les différents pays concernés dès que les conditions le permettront. Il affirme par ailleurs qu’il mettra en oeuvre toutes les mesures nécessaires pour répondre efficacement à la demande commerciale.
16 000 salariés franciliens au chômage partiel
Renault a par ailleurs indiqué lundi que la plupart de ses salariés du secteur tertiaire (comprenez cols blancs) d’Ile-de-France avaient été mis en chômage partiel pour s’adapter à la baisse d’activité. Utilisant ainsi le dispositif mis en place par l’Etat.
« Après deux semaines d’arrêt de l’activité industrielle et commerciale, il faut adapter le temps de travail des collaborateurs », a déclaré une porte-parole du groupe.
A compter de ce jour et jusqu’à nouvel ordre, les salariés du tertiaire seront en télé-travail le matin, et en chômage partiel l’après-midi, à l’exception d’un petit nombre de personnes maintenues à plein temps pour assurer des fonctions essentielles de l’entreprise (sécurité, maintenance, communication …). Selon les syndicats, cette mesure concerne environ 1.500 à 2.000 personnes.
Financement d’une partie des salaires par l’Etat
Les ordonnances mises en place par le gouvernement dans le contexte actuel lié au coronavirus prévoient le financement par l’Etat de 84% du salaire net des salariés en chômage partiel.
En ce qui concerne les salariés au forfait jour, notamment les cadres, en vertu d’un accord du secteur de la métallurgie, Renault versera un complément en vue d’atteindre 100% du salaire net.
Au final, donc, le constructeur devra prendre sur ses deniers propres pour verser à ses salariés du secteur tertiaire un peu plus de la moitié de leurs salaires, correspondant aux heures de télé-travail du matin et au complément du salaire sur les heures de l’après-midi déclarées en chômage partiel.
Vers une mise en application du contrat social de crise ?
Renault mène par ailleurs depuis vendredi des discussions avec les représentants syndicaux de l’entreprise en vue de réinstaurer, sur le modèle du « contrat social de crise » de 2008-2009, un système permettant d’utiliser des jours de congés (ou plus précisément des RTT) des salariés les mieux lotis pour financer le maintien du salaire des autres.
Redémarrage des sites Renault de Chine et Corée du Sud
Renault a par ailleurs indiqué lundi que son usine située en Chine et celle implantée en Corée du Sud avaient repris leur activité ou étaient en cours de reprise, tous ses autres sites étant quant à eux à l’arrêt en raison de la pandémie du Covid-19.
La production a été interrompue à la fin du mois de janvier sur le site de Wuhan, ville chinoise où ont émergé les premiers cas de la maladie. L’usine a une capacité actuelle de production de 150 000 voitures, cette dernière pouvant être doublée si l’on en croit le site internet du constructeur.
Les activités de l’’usine de Busan, qui fabrique annuellement 216 000 véhicules, ont été arrêtées interrompues le 7 février dernier.
Notre avis, par leblogauto.com
La politique de Renault de mise à l’arrêt de ces sites – qui lui permet notamment de préserver la santé de ses salariés et de leurs proches … mais aussi de ses finances – tranche fortement avec celle de PSA, le constructeur sochalien choisissant lui au contraire de faire redémarrer ses sites européens en faisant appel à de la main d’œuvre volontaire.
Si l’Etat français est actionnaire de Renault à hauteur de 15 %, tout comme Nissan (dont Renault est actionnaire à hauteur de 43,4 %), en mars 2017, l’Agence des participations de l’Etat a vendu 12,7 % de ses titres PSA pour 1,92 milliard d’euros à la banque publique BPI France. Désormais, BPI France détient 12,2 % de Peugeot … tout comme le chinois Dongfeng.
Une structure d’actionnariat de nature à changer la donne ?
En tout état de cause, le gouvernement français ne peut se payer le luxe à l’heure qu’il est d’un éventuel scandale que pourrait causer l’émergence de graves problèmes sanitaires dus au maintien d’activité dans les usines de Renault.
Autre élément à prendre en compte : PSA n’est pas dans la même situation financière que son compatriote et néanmoins concurrent. Si la crise due à la propagation du coronavirus affecte certes l’ensemble des constructeurs, elle tombe particulièrement mal pour Renault, dont les comptes sont passés dans le rouge pour la première fois en 2019. En février dernier, le groupe automobile a annoncé un plan d’économies, sans pouvoir exclure des fermetures d’usines. Les ventes de Renault ont reculé de 3,4% à 3,75 millions d’unités l’année dernière.
Or, le fait de recourir au chômage partiel a un coût … notamment pour l’Etat, et a pour but de soulager les comptes des entreprises en difficulté … ou risquant de l’être. La politique RH de Renault peut aussi être comparée à celle de Chanel, qui, après Danone, a indiqué qu’il n’aurait pas recours aux deniers publics pour financer le versement des salaires de ses employés. Le géant du luxe a annoncé qu’il maintiendra à 100 % les salaires de ses 8 500 employés en France pendant 40 jours ouvrables. « Cette décision relève de notre plan de solidarité responsable. Car l’Etat français va avoir d’autres priorités. Il lui faudra venir au secours d’entreprises en difficultés », a expliqué Bruno Pavlovsky, président de Chanel. Renoncer au recours au chômage partiel pour une durée de deux mois porte sur un montant de « plusieurs dizaines de millions d’euros », a estimé le dirigeant.
Pour faire face à « cette situation historique », l’entreprise, qui emploie 27 000 personnes dans le monde, puisera dans sa trésorerie. Une solution que ne peut se permettre Renault, déjà fragilisé avant que n’émerge la crise sanitaire du coronavirus.
Via le financement des mesures de chômage partiel, l’Etat pourra quant à lui espérer pouvoir maintenir le cours de l’action de Renault – déjà fortement malmené avec une chute de plus de 50 % depuis le 1er janvier – en évitant de trop fortes sorties de cash, préservant ainsi la valorisation de son capital investi dans le constructeur. Espérons que ce jeu d’équilibre … ne soit pas un jeu d’équilibristes …
Sources : AFP, AWP, Reuters, Renault
Oulà … alors vous y allez par des raccourcis … PSA est autant dans la me..e que Renault.
Alors renseignez-vous car comme PSA, Renault négocie pour rouvrir ses usines en Europe.
84% des non cadre et 100% des salaires des cadres et bien ça va faire des remous. En quoi certains seraient privilégiez ?
Par contre bravo Channel.
Exactement, l’argent de nos impôts doit servir à maintenir le niveau de vie des privilègiés. Une honte…
Hop là, un petit raccourci.
Si on peut voir dans l’article une injustice avec la différence d’indemnisation, là vous insinuez qu’on est ‘privilégié’ du moment qu’on est au forfait jours notamment cadre ?
Non pas de raccourci. Mais privilégiez tel ou tel je vois pas pourquoi. Un cadre n’est pas forcément ruche au passage, mais pourquoi donc cette différence ? Qu’est ce qui le justifie?
les ingénieurs c est gros priviligie et support du patronat… j adore cette vision archaique.
Allez plutot vous plaindre du dividende donnees aux actionnaires plutot que sur les salaries qui se sacrifier pour leur entreprise
Luc:
« Exactement, l’argent de nos impôts doit servir à maintenir le niveau de vie des privilègiés. Une honte… »
Une honte ? De ne pas lire correctement l’article peut être…
L’article dit :
« Les ordonnances mises en place par le gouvernement dans le contexte actuel lié au coronavirus prévoient le financement par l’Etat de 84% du salaire net des salariés en chômage partiel.
En ce qui concerne les salariés au forfait jour, notamment les cadres, en vertu d’un accord du secteur de la métallurgie, Renault versera un complément en vue d’atteindre 100% du salaire net. »
C’est donc l’entreprise (du secteur de la métallurgie) qui paie la différence, les 16% manquant, pour atteindre 100% du salaires des cadres.
Certes, il y a dans ce cas une différence entre les cadres et les TAM/Ouvriers mais les impôts n’ont aucun rapport avec cette différence.
Le texte n’est pas clair, mais il y a maintien des salaires pour les cadres ET les non cadres grâce à un dispositif de solidarité :
« un système permettant d’utiliser des jours de congés des salariés les mieux lotis pour financer le maintien du salaire des autres. »
Pour etre précis, les cadres « tertiaires » (technocentre, informatique, marketing, ..) de RENAULT utilisent en ce moment des jours de RTT .. ils sont donc en chomage partiel à 40%, en congé obligatoire à 10%, et en travail normal et payé par l’entreprise à 50%
Les usines sont en chomage partiel à 100%
Le système est en cours d’ajustement. Avant de crier à la honte par réflexe, il convient de se renseigner. Cela dit, la situation de Renault est plus confortable que celle des petites entreprises : versement d’une aide de 1500 euros par entreprise (< 10 pers) il me semble .. pour une entreprise de 2 pers avec petit salaire, cela peut faire 40% .. pour une entreprise avec 6, cela fait beaucoup moins ..
Quand à ceux qui ne travaillent pas et ne sont pas éligibles aux allocations chomage ou ne savent pas demander des allocations minimales de ressources, comment vivent-ils ?
Ils ne recevront pas d'aide de 1500 euros ou de 84% .. bizarre, personne n'en parle ?
Sur le sujet :
https://www.leblogauto.com/2009/02/renault-vers-un-contrat-social-pour-indemniser-a-100-le-chomage-partiel.html
faudra juste demander à Renault combien il ont économisé de cash en passant au chômage partiel (avec les deniers de l’état) et combien ils vont verser aux actionnaires (tout en expliquant aux salariés qu’il faut se serrer la ceinture) ?
@Bernardo. Normalement pas de dividendes versés aux actionnaires cette année pour les entreprises où l’état est actionnaire donc PSA et Renault normalement …. Après les sites de PSA, VW et FCA sont tous fermées en Europe?!? En quoi est-ce différent pour l’un ou pour l’autre?
« faudra juste demander à Renault combien il ont économisé de cash en passant au chômage partiel (avec les deniers de l’état) » : c’est tout à fait cela … merci Bernardo
Comme les millions d’entreprises qui ont demandées à en bénéficier. En quoi utiliser un dispositif légal devrait-il être un problème?
le chomage partiel a provoqué un arrêt des usines. Donc Renault gagne 0€ mais pendant ce temps continue à payer les frais : peut etre pas salaires, mais loyers, maintenance, credits, etc et pour rappel Renault a de gros gros problèmes financiers qui datent d’avant la crise du virus
Tout ca va être reporté les crédits , les loyers …. Il me semble avoir lu un article là dessus sur la tribune.
En tout cas pour les PME TPE
www. the moscow times.com
21 mars
– Le plus grand constructeur automobile russe Avtovaz, qui emploie environ 35 000 travailleurs, a signalé les deux premiers cas de coronavirus parmi ses travailleurs et mis en quarantaine 29 employés. — Le constructeur a déclaré qu’il ne prévoyait pas d’arrêter la production. —
— Donc chez Avtovaz on travaille…….c’est bon pour Renault.
Ils auront l’air fins chez Poutine si le nombre de cas augmente exponentiellement 🙄
Depuis que la planche a billet est en mode open bar, plus de probleme de cash. On peut imprimer du fric sans limite, mais on ne peut pas imprimer des ouvriers, des employés, des agriculteurs, de la bouffe, des voitures. L’argent ne sert plus a grand chose depuis 15 jours…
À bon? Disiez vous la même façon en 2008?
En 2008 on avait pas des pays entiers à l’arret, la crise etait une crise de la dette, mais l’economie reelle etait toujours la, les camions passaient les frontieres, les gens etaient mobilisables, les entrerpises navaient besoin pour le coup que de cash. Aujourd’hui mettez tout le pognong que vous voudrez, les machinistes sont a la maison, la main d’ouvre risque de faire default dans le secteur primaire. Alors imprimez les billets ne fera pas acheter du pain s’il n’y en a pas, ou des voitures si les usines sont fermée. Exact inverse de 2008.
si l’argent ne vous sert plus, vous pouvez vous en débarrasser, je suis preneur
@Chris : je n’ai jamais dit que c’était un pb, c’est juste une stratégie financière. 😉
Et pour les autres, non ? Méchant Renault opportuniste.
Stratégie financière ou de survie ? préférez-vous que Renault licencie 20-30% de son effectif industriel en France fin 1er semestre faute de production et de perspective ?
A moins qu’il vaille mieux que l’état finance des hôpitaux et des stocks de médicaments, plutôt que des primes électriques et de possibles primes au marché dans quelques mois ?
Cessons de regarder par les prismes actuels .. si l’état avait financé des masques et des installations sanitaires de haut niveaux plutôt que d’alléger la taxation des bénéfices ou celle des héritages, moins de personnes auraient perdu la vie ..
Pour autant, l’impact immédiat sur la réponse vaccinale à un problème qui n’était pas connu n’aurait pas changé : pas de remède.
L’analyse des dysfonctionnements du système est complexe. Mais les réductions d’impôts d’hier et de demain sont autant de ressources médicales ou de recherche en moins …
Chanel, c’est du luxe avec de grosses marges et moins de 5000 employés au total en France. Je ne pense pas qu’on puisse comparer les deux entreprises.