C’est un fait constaté depuis plusieurs années : le WRC est en perte de vitesse, avec seulement trois constructeurs engagés, un plateau de Rally 1 famélique qui dépasse rarement la dizaine de voitures, et une côte auprès du public en chute libre, surtout auprès des jeunes générations qui sont moins attirées par la catégorie, au contraire de la F1 ou du Moto GP.
Au revoir l’hybride, transition vers des Rally 2 boostées ?
La principale mesure, de taille, concerne l’abandon de l’hybride en 2025 et l’introduction d’un nouvel ensemble de règles pour le Rally1 à compter de 2026.
L’avènement des Rally1 hybrides en 2022 a sans nul doute été l’une des principales causes de ce déclin, avec un coût des voitures qui a explosé, dépassant le million d’euros, avec comme dommages collatéraux, à la fois, la difficulté pour attirer de nouveaux constructeurs, mais aussi la réduction des plateaux. Alors qu’au temps du Groupe A et du WRC, il était fréquent de voir des écuries privées et des pilotes privés engager des WRC supplémentaires pour garnir les troupes et venir se frotter aux « usines », cela a disparu avec ces voitures complexes et coûteuses.
Néanmoins, la FIA étant la FIA, les évolutions annoncées cherchent à satisfaire tout le monde, y compris les constructeurs déjà engagés dans le Rally 1 hybride et qui ont consenti à des investissements massifs. Pas question de les froisser, tout en cherchant à en faire venir de nouveau. A tombe bien, un retour de Lancia est à l’étude avec la nouvelle Yspilon !
De 1 million à 400.000 euros
Le Rally1 va demeurer au sommet de la pyramide Rallye, mais avec la suppression de l’unité de contrôle hybride, une réduction de l’aérodynamique et des modifications sur les brides des turbos afin de réduire les coûts. La FIA explique aussi que la réduction du poids compensera en termes de performance le recul de puissance induit par le retrait de l’hybride. La question économique est cruciale car les voitures hybrides introduites en 2022 sont bien trop chères, avec un coût de 1 million d’euro évoqué. La puissance visée est de 330 chevaux, les performances du moteur étant contrôlées par une courbe de référence pour le couple. Le coût du moteur et de la transmission sera plafonné et la technologie sera limitée à une équivalence Rally2. Il y aura donc un pas de plus vers de la standardisation de certains éléments, ce qui est déjà à l’oeuvre en F1 ou même en LMDh. L’idée est de plafonner les coûts à 400 000 euros.
La réduction de l’aéro est aussi salutaire, car les Rally 1 sont de véritables F1 de route, collées au sol, mais on préfère voir des voitures de rallye glisser plutôt que d’aller sur des rails, quand bien même leurs vitesses de passage sont spectaculaires ! Et puis, visuellement, c’est assez moche. Une Impreza ou une 206 WRC, c’es quand même plus joli que les Yaris, i20 et autres Puma boursouflées !
Des « super » Rally 2 en plus ?
Les Rally2 continueront dans leur forme actuelle pour les compétitions nationales et internationales. Cependant, les Rally2 participant aux épreuves de WRC à partir de 2025 auront la possibilité de rouler avec un kit WRC composé d’un plus grand restricteur, d’un plus gros échappement, d’une boîte de vitesses à palettes en option et d’un aileron arrière, l’objectif étant de réduire l’écart de performance entre les Rally1 et les Rally2. De quoi voir des « super » Fabia et « super » C3 ?
Bref, est-ce à dire que les Rally 2 seront à termes les nouvelles reines du rallye, à l’instar des GT3 qui ont remplacé les LMGTE au Mans ? En attendant, on va se retrouver en 2025 avec trois classes possibles : les Rally 1 « déshybridisées », les « super Rally 2 » kitées qui se rapprochent des Rally1, et les Rally 2 classiques. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ! Mais comme on l’a dit, les constructeurs actuels engagés dans les Rally 1 hybrides n’auraient sans doute pas apprécié un passage direct au Rally 2.
La FIA stipule aussi que la nouvelle règlementation permettra aux constructeurs de développer des voitures avec leur propre carrosserie basée sur des modèles de production, notamment de classe B, classe C, SUV compact ou concept car. Voilà qui est intéressant et qui laisse la porte ouverte à une plus grande diversité de modèles, espérons-le !
Un format plus « libre » !
La commission rallye a aussi planché sur le « cadre » global des rallyes. Là aussi, la réduction des parcours et des assistances et le formatage global des épreuves WRC a suscité de nombreuses critiques, participant à cette aseptisation.
Globalement, le règlement va surtout évoluer au niveau des parcs d’assistances avec des structures moins imposantes pour accueillir logiquement plus de monde au rallye Monte-Carlo, seule épreuve du calendrier où une limite des engagés est fixée. Des assistances “mobiles” seront également possibles afin de réduire les distances en liaisons et ainsi limiter les longues pauses de la mi-journée.
Les organisateurs bénéficieront d’une plus grande liberté lors de l’élaboration du parcours de leur rallye, la seule contrainte restant d’organiser un dimanche avec la Power Stage. Le calendrier mondial peut inclure un petit nombre d’épreuves de style sprint plus courtes (ah, la F1 va faire école ?) et d’épreuves d’endurance plus longues en plus des rallyes qui suivent le format existant. Néanmoins, le total des kilomètres chronométrés au cours d’une saison restera globalement inchangé avec des épreuves toujours organisées sur un mélange d’asphalte, de terre et de neige. Bref, si c’est pour avoir des rallyes de quelques dizaines de kilomètres, bof, bof…pourquoi pas aller sur des pistes de WRX aussi ?
Notre avis
De bonnes intentions, surtout sur la réduction des coûts, le retour aussi à des Rally1 plus proches de vraies voitures de rallye plutôt que des protos de circuit, et une plus grande souplesse dans l’organisation des courses. Mais on sent que la FIA se cherche et fait peut-être feu de tous bois, avec l’introduction de Rally 2 « plus »: est-ce une catégorie à part, le nouveau standard du WRC 2 ou juste des « sous Rally 1 » qui feraient le nombre ? Les constructeurs présents en Rally 2, notamment Skoda et Citroën, seraient-ils séduits sachant que ces kits induiraient des coûts sur des Rally 2 qui marchent très bien et sont rentabilisées. Le meilleur choix, c’est simplement des Rally 2 boostées, mais rien n’est figé. Cepdendant, 2026, c’est déjà demain pour un constructeur qui se projette. Lancia et Subaru ont été dans les rumeurs ces derniers temps…à voir.
Se pose aussi la question de la médiatisation et sur l’attraction de nouveaux fans. Mais pour ça, il faut des histoires à raconter, de la matière et du monde dans le championnat !
il faudrait mettre en place un systeme de budget maximum, comme en F1. ce que les constructeurs veulent, c’est avoir les finances sous controle.
Est ce que revenir aux modèles de série comme base ne permettrait pas de faire des économies? ça permettrait de vendre des dérivés civilisés, et ça ferait le lien avec ce que vendent les constructeurs. Toyota le fait, mais Hyundai arrête les i20N de série et Ford n’a jamais fait de Puma sportif. C’est dommage de ne pas l’avoir fait avec les hybrides, c’était l’occasion de faire le lien entre l’électrification de leur gamme et la compétition avec des voitures qu’on peut acheter contrairement aux protos du WEC par exemple.
Je me rends compte que absolument tout les championnats ont connu des hauts et des bas, sauf la F1. En y repensant, c’est incroyable que le WRC n’attire plus personne. Il y’a pléthore de constructeurs et pourtant peu trouvent un intérêt à capitaliser sur des succès en rallye pour vendre les modèles de séries. J’ai du mal à me rappeler quand ce desamour a commencé. Est ce dû à la crise que beaucoup de constructeurs ont connu vers à fin des années 2000 ?
Si Ferrari s’est servi de la course auto pour vendre des voitures, j’ai l’impression qu’aujourd’hui il ne pâtirait pas de ne plus être en F1. C’est admirable d’ailleurs de leur part d’être en F1 sans discontinuer.
Le retour du groupe B , il n’y a que ça de vrai. Puissance et budget illimité avec des kamikazes au volant , le blason du rallye devrait être redoré.
Le problème du WRC c’est surtout la diffusion. Impossible de voir des résumés vidéo gratuits post-course comme en F1, ce qui permettrait d’accrocher plus de gens.